BALLE 51 (c)

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51.

Était-ce grâce à ce moment de faiblesse ? Était-ce grâce à un infime filet de reconnaissance ? Ou alors est-ce que Mee Na se relâchait après ces semaines sous tensions, ces semaines de pression. Où elle avait dû gérer l'élaboration d'un nouveau code pour les clans, la trahison des membres du Cercle, et d'autres problèmes plus insignifiants. Et elle semblait savoir tout ce qui se passait derrière son dos, comme si elle possédait un troisième oeil, comme si elle était omnisciente et au delà de ça, comme si elle se prenait pour une divinité. Car tout se déroulait comme elle le voulait de manière beaucoup trop simple.

Joonie avait débarqué en pleine nuit dans la niche de Seo et l'avait réveillé. L'appartement en plein centre de la capitale coréenne était vide de sa propriétaire ainsi que de ses hommes. Seul le blond était présent, il avait donc fait sauter les chaînes qui restreignaient les mouvements de l'agent. Lui annonçant que le système de vidéo surveillance était désactivé pour les 2 prochaines minutes.

Il faut dire qu'en plein milieu de son sommeil, alors que son cou sentait pour la première fois depuis longtemps, l'air frais, il avait simplement obéi aux directives de l'homme qui l'aidait à fuir cet endroit. En passant par le salon, il fut surpris de voir les meubles renversés. Mais le temps pressait, il put enfin poser sa main sur la poignée de la porte qui allait le mener vers une vie plus décente. Mais où aller ? Se rendre au N.I.S alors que ses supérieurs n'avaient pas cherché à récupérer un de leurs agents, exposé, humilié, comme une blague sordide.

Alors Park Seo se précipita vers le seul endroit qu'il considérait comme un lieu sûr, un lieu où quelqu'un pouvait bien souhaiter son retour.

Il tapa d'une main tremblante sur le digicode de l'appartement de son mentor et ami. De son autre main, telle une sensation fantôme, il se massait la gorge comme si son collier émeraude luxueux était encore là et même allant jusqu'à se resserrer.

Il entra rapidement et au moment où la porte claqua derrière lui, dans la semi-pénombre du lieu, il se déchaussa et aligna ses claquettes avant de franchir le seuil du couloir. Comme un semblant de normalité, loin de son écuelle en fer, de la bouillie immonde qu'on lui servait, loin des tapotements sur la tête ponctués d'un "bon chien".

Han Jin devait dormir vu l'heure tardive, mais la joie, l'adrénaline qui parcourait toute son échine, le poussait à aller réveiller le plus vieux. En avançant, Seo se mit à parler :

- Hyung ! C'est moi !

A tâtons, il gagna le salon, il connaissait par coeur les lieux à force de rendre visite à celui qui l'avait éduqué. Il trouva l'interrupteur et alluma.

Se tournant vers l'endroit, il s'attendait à trouver un chaos habituel, des livres et feuilles partout, une organisation douteuse, il devait être bordélique.

Mais son sang se glaça et il ne put même par hurler.

Suspendu dans le vide, le corps sans vie de Han Jin était suspendu par un crochet de boucher qui avait été vissé au plafond. Sa trachée complétement perforée, le sang gouttait encore comme une eau que l'on chercherait à distiller, créant des petits ruisseaux jusqu'à ses pieds. Même les porcs étaient abattus avec plus de respect.

Han Jin, le dernier héritier Han, l'informateur du N.I.S avait été mis en scène dans sa mort sanglante.

Les jambes du vivant cédèrent sous son poids, cherchant à se rattraper, il fit tomber tous les bibelots présents sur la commode derrière lui. Ses pieds se mirent à battre dans l'air pour tenter de reculer face à cette vision d'horreur. La scène était violente.

Seo se mit à hoqueter frénétiquement et ses ongles se mirent à rayer le sol alors que la panique envahissait tous les nerfs de son cerveau, le noyant dans l'anarchie l'empêchant d'agir de manière cohérente.

Pourtant, il devait se ressaisir, il aurait seulement pleuré et ressenti une haine profonde s'il avait trouvé le corps de son mentor avec une balle dans la tête. Mais le pauvre homme n'avait pas dû avoir une mort paisible, au contraire. Vu comment il était ridiculisé, la souffrance avait dû être longue.

Des applaudissements lents se firent entendre et la carrure imposante de l'Enfer en personne se présenta :

- Tu croyais quoi ?

Complétement paralysé par le désespoir de cette vision, il fut incapable d'entendre, de percevoir la voix du mafieux. Miho jeta une valise a moitié pleine sur le sol devant l'être hébété :

- Ton cher maître allait partir sans toi, il était en train de plier ses affaires.

Il sortit de la poche arrière de son jean noir, deux billets d'avions :

- Ce qui est très touchant, c'est qu'il en avait réservé un pour toi. Il voulait partir avec toi avant ton kidnapping. Je pense qu'il a vite abandonné l'idée de te récupérer.

Il poussa le cadavre comme un simple jambon au plafond pour se positionner face à Seo, il s'accroupit et agita les papiers devant le nez de l'agent. 

- Eh ! Je te parle.

Encore couvert de sang, puant la sueur et le fer, il était le visage incarné du mal. Il attrapa violement le menton de l'agent et claqua sa joue avec les feuilles au code barre qui auraient dû leur offrir la liberté.

Comme ramené à un endroit plus sain de ses pensées, ses pupilles dilatées se posèrent sur le bourreau, il chercha à se débattre en hurlant des propos incompréhensibles. Mais la main tatouée qui le maintenait, descendit et serra d'un coup la gorge nue.

- Je crois qu'elle n'a pas assez tiré sur ta laisse sale cabot de merde.

- Qu'est ce que tu lui as fait ?! Hyung ! Hyung !

Seo fut secoué par des tremblements provoqués par des pleurs spasmodiques. Son corps étant balloté par ses réactions pures de tristesse, de choc, et par la force exercée par Miho.

- Il s'est tellement débattu, à croire qu'il aimait vivre. C'était si amusant, tu l'aurais vu tenter de me tuer pour ne pas mourir. Il hurlait et après il m'a supplié. Et j'ai même goutté ses larmes. Salé.

- Hyung, s'il te plaît.

- Arrête d'implorer un cadavre, c'est pitoyable ! Tu as voulu prendre ce qui doit me revenir, ce qu'elle doit me donner. Alors je te prends ce qui t'es le plus cher.

DIE TO BORN [Édition Séoul] - TERMINÉEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant