BALLE 33 (c)

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33.

Seo se massait la gorge, ne réalisant pas qu'il venait d'échapper à la faucheuse et son outil bien aiguisé. Il avait encore la sensation de la lame froide contre sa glotte, il devait avouer qu'il ne comprenait pas pourquoi elle avait fait preuve de miséricorde envers sa vie. Il y avait forcément un intérêt dans tout ça, elle attendait quelque chose de lui.

Elle avait réussi à pénétrer dans son domicile, sans faire de bruit, sans se faire repérer, alors depuis combien de temps s'était-elle tenue dans la pénombre ? Était-elle présente avant qu'il ne rentre ? Ou elle était arrivée après lui ?

Elle avait donc dévoilé sa carte qui cachait son identité, elle était simplement venue se moquer de lui ? L'avertir ? Elle avait joué un rôle, il avait fait semblant d'y croire. Et le comble ? Elle avait feint le fait de se laisser avoir dans la crédulité de l'agent. Cela faisait quand même beaucoup de tromperies. Un cercle infernal dont elle s'était lassée à priori.

Comme un fantôme, elle avait disparu sans laisser de trace, ce moment semblait avoir été rêvé.

L'agent tourna un moment dans son appartement, il voulait s'assurer qu'aucune mauvaise surprise n'avait été laissée. Que ce soit un micro, une caméra ou pourquoi pas un cadavre, un bout de cadavre, peut être directement seulement des ossements.

Il se laissa tomber dans son canapé, il se retenait fortement de hurler de rage mais il fallait éviter, ses voisins risqueraient de penser qu'il était bon à interner.

Son sang froid était mis à rude épreuve, il avait l'impression que tout le monde se moquait de lui, qu'il était pris dans une toile d'araignée venimeuse où il finirait par souffrir lentement jusqu'à supplier que quelqu'un, n'importe qui, l'achève.

- Oh merde. Je vais devenir fou. Elle est la pire espèce.

Il avait l'impression de sentir encore son parfum discret dans la pièce, et il revoyait l'image qu'elle avait créée. Et dans ce concept tordu, il n'avouera jamais que ça lui plaisait de mélanger l'écœurement et la fascination qui s'étaient développés.

Il laissa sa tête retomber en arrière contre les coussins et ses yeux se fermèrent à demi, sa main glissa doucement vers le bas de son ventre.

Elle avait les lèvres du péché. D'un rosé presque rouge,  il se demandait quel goût ça avait. L'imagination s'emballait et son sang se dirigeait dans une autre destination que celle de son cerveau.

Le bruit d'une sangle contre le parquet se fit entendre, ainsi qu'une respiration plus lourde et profonde.

Une main pour se cacher la vue, comme s'il ne pouvait pas voir ce qu'il était en train de faire, comme si observer sa propre action de satisfaction était de trop. L'autre était occupée à effectuer un mouvement de va et vient autour de son membre dressé.

Son poignet s'active et le plaisir traverse tout son être, si seulement il la faisait ployer, s'il pouvait l'avoir à genoux, entre ses jambes. Sa bouche autour de son gland, enfonçant doucement son érection pour le sucer.

Que ce serait galvanisant d'avoir la patronne de la mafia sous sa domination.

Elle serait pratiquement nue, le suppliant de la prendre n'importe où, rapidement. Et s'il le fallait à même le sol.

Dans un ensemble de lingeries de dentelle. Son fantasme imprégné dans son esprit, sous ses paupières closes, il voulait sentir la chaleur du corps de son ennemi sous le sien. Il voulait agripper son cou et le serrer alors qu'il donnerait quelques coups de reins.

Cette image eut raison de lui, il relâcha la pression autour de son sexe alors qu'une sensation de pur bonheur éphémère venait d'éclater dans ses nerfs. Laissant comme preuve de son passage quelques taches humides d'un blanc presque crémeux sur ses cuisses et le bas de son ventre scicellé.

- Merde, quelle putain de ...

Il inspira profondément et décida d'aller prendre une douche pour refroidir ses ardeurs et en passant pour tenter d'éteindre le brassier ardent qu'était le cocktail de sentiments, d'émotions contraires.

Seo vivait dans ces quartiers riches de Séoul, là où les rues étaient parfaitement éclairées, là où les halls d'immeubles auraient pu contenir plusieurs logements.

Mais il avait aussi une autre image de la capitale.

Un endroit où les femmes ne se baladent pas, un endroit que les enfants fuient, un endroit que l'on évite le soir, car ce quartier était connu pour sa population dangereuse.

Ce soir-là, un homme s'approcha du bureau de son supérieur, ricanant grassement, en se vantant de sa dernière mission. Ce qui fit soupirer une femme assise aux côtés de l'homme derrière la table.

- Eh Boss, faîtes fermer sa bouche, à votre Puta.

L'homme à la chemise à demi déboutonnée arqua un sourcil alors que la brune suspendit le nettoyage du revolver entre ses mains.

- Tu as raison Pretto, une Puta devrait fermer sa bouche.

La phrase fit sens dans l'esprit des deux autres personnes présentes, mais malheureusement pas dans le même sens sous-entendu. Car au dernier mot prononcé, un coup de feu venait de retentir.

Le bras tendu et le regard fixé, sur le cadavre qui semblait tomber au ralenti. Avant d'émettre un bruit sec sur le sol.

- Je pensais que tu l'aurais torturé avant Jug-Eun Noona.

- Ai-je l'air d'être patiente ?

- Pardon Patronne.

Quand la mafia est tenue par une femme, le sang qui coule est noir.

Et Kim Mee Na n'aura aucun scrupule à marcher au milieu d'une hécatombe. Elle posa l'arme doucement sur le bureau et sans regarder son second, elle lui révéla ce qu'elle avait vu :

- Petro était là lors de la mort du gosse. Il s'est enfui avant que tu arrives.

Une décharge électrique parcourra tous les muscles du tatoué, qui d'un mouvement simple passa par dessus le meuble de travail. Il se jeta sur le corps encore à température ambiante et se mit à hurler des insultes sans sens.

Il venait de perdre toute raison et s'acharnait sur un pauvre bout de viande abattu.

La patronne de l'Organisation observait les actes purement bestiaux, Miho labourait la chaire et se mit à  mutiler le corps comme un fou. Ce qu'il était probablement.

Ce qui l'a surpris c'est quand il sortit une lame et se mit à le transpercer de part et d'autres, faisant gicler du sang de manière désordonnée.

Elle trouvait ça tellement inutile mais Hadès était un chien enragé, il aurait pu presque dévorer sa victime.

Le corps était en lambeaux, le visage était presque arraché, des os étaient visibles à plusieurs endroits.

Il se releva, telle une vision d'horreur, son corps imposant était couvert de carmin, le souffle saccadé et les yeux furibonds, la lame fermement serrée dans son poing. Elle ne pouvait pas dire s'il s'était blessé lui même dans cette folie.

DIE TO BORN [Édition Séoul] - TERMINÉEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant