BALLE 59 (c)

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59.

Mee Na tendit un mini banana milk à son second qui fut surpris par l'acte de sa supérieure. Elle ne se préoccupait jamais de Miho, elle se contentait de donner des ordres.

- L'équipage en distribuait gratuitement. Je ne voulais pas m'encombrer de ça.

Il eut un petit sourire en coin et accepta le présent alors qu'elle se contentait d'observer l'étendu bleu à perte de vue. Elle remonta légèrement sa paire de solaire du bout des doigts.

- Je croyais que tu n'avais pas le temps d'aller à Jeju.

- Je n'ai pas le temps pour des vacances. N'y vois rien de personnel. Le clan a des affaires à régler là bas. C'est pour ça.

Il hocha la tête, tentant de cacher son amusement et sa joie. Le tatoué connaissait très bien le schéma de pensées de la jeune femme et il se sentait reconnaissant de la main tendue qu'elle lui offrait. Enfin plutôt de la "caresse" qu'elle lui prodiguait.

Il prit appuie sur la barrière de sécurité pour regarder l'eau s'écraser contre la coque du bateau. Il profitait de ce moment loin de la capitale, loin de l'air pollué et de son bruit incessant. Loin des lumières factices, loin de son rôle de "Hadès". Loin de tout, pour n'être qu'avec elle.

Mee Na s'éclipsa à l'intérieur afin d'échapper au soleil aveuglant alors qu'au contraire Miho se délectait de la douce chaleur que cela prodiguait.

Deux équipiers de bord profitaient d'un temps de pause pour discuter sur le ponton sans avoir remarqué la présence du mafieux, puisqu'ils tinrent une telle discussion :

- Je n'arrive pas à croire que la fameuse Perséphone soit à bord.

- Je préfère m'en tenir éloigner. Elle est effrayante.

- Roh, allez ! Avoue qu'elle est le type de femme parfaite. Je me demande ce que ça ferait de la voir réaliser un aegyo.

- Tais toi, imagine qu'un de ses hommes de main nous entende ! Tu veux mourir ?

- C'est bon, on peut rigoler. Au pire qu'est ce que je risque ? Qu'elle envoie son toutou ? Elle l'emmène en balade à Jeju, c'est bon.

Le "toutou" en question entendait toute la conversation et serrait entre ses doigts la rambarde de sécurité, se contenant de venir se moquer de ces matelots d'eau douce. Il pourrait sûrement leur arracher la langue et leur faire avaler. Après tout, il savait très bien faire, il maîtrisait la technique. Mais contrairement à son habitude de réagir au quart de tour lié à son impulsivité, il était assez calme. Laissant présager une tempête lors de sa prochaine réaction.

- Tu ne devrais pas craindre qu'elle envoie son chien enragé. Mais plutôt qu'elle se déplace elle même.

- T'as pas d'humour.

- Non, il a juste un instinct de survie contrairement à toi. Crétin.

Miho était entré dans le champ de vision du personnel de la flotte, il abordait ce sourire de fou qu'il abordait juste avant d'égorger les agneaux.

Ils se figèrent et alors qu'un faisait ses prières en silence dans l'horreur de la peur que d'avoir compris qu'ils avaient été écoutés tout le long. L'autre n'avait aucune pensée, comme si son âme était déjà partie.

- Vous devriez me craindre aussi.

Le tatoué dégaina une arme à feu et commença à chantonner :

- Plouf, plouf, qui se pendra une balle au bout de 3.

Les deux tombèrent à genoux, frottant leurs mains au dessus de leur tête tout en suppliant dans un chaos des plus total.

Miho se mit à rire en voyant cette scène ridicule, il décida de s'amuser avec la terreur qui émanait des matelots.

- Je vous laisse le choix. Soit vous sauter à l'eau soit je vous tire une balle dans la bouche. A ce qu'il paraît y a certains types qui survivent à un coup de feu dans la tête.

En réalité c'était la noyade ou être abattu.

Un des deux hommes se leva et déglutissa péniblement en regardant la mer pourtant calme. Mais désormais, ils étaient plutôt loin de la cote.

- Ça serait plus amusant de te foutre dans une cuve pour que je te regarde te noyer.

Sans prévenir, il tendit le bras et d'un mouvement fluide, par une sinistre habitude, appuya sur la détente. Une balle se logea dans le thorax du matelot qui allait sauter, son corps tomba en arrière sur le ponton, aux pieds de son ami. Ce dernier se mit à trembler et à pleurer.

Alors, même le choix n'en était pas un. Miho ne les laisserait pas prendre la voie qu'ils désiraient pour partir.

Le tatoué attrapa le survivant comme on saisit un sac poubelle. Le soulevant du sol, il le propulsa par dessus la ferraille censée éviter les accidents.

Dans un hurlement pur de terreur, il fut avalé par les tréfonds de la mer.

- Craignez le chien enragé. C'est ça que tu veux envoyer comme message Miho ?

L'homme se retourna alors qu'il essayait ses mains contre son jean, rencontrant le regard désabusé de sa supérieure.

Elle croisa ses bras contre son ventre et soupira :

- Je vais devoir augmenter la prime du capitaine. Tu commences à me coûter cher.

- Noona, je leur ai juste appris à se taire.

Mme Na eut un petit sourire, regardant le petit soldat qu'elle avait entraîné durement pour toujours obéir. Même si l'ordre initial de son père était : " Kim Miho, tu appartiens à Mee Na, tu dois la protéger peu importe les sacrifices. "

Or elle détestait l'idée qu'elle devait être protégée. C'était plutôt au reste du monde de se méfier d'elle.

- Tu devrais commencer à utiliser les bons honorifiques avec moi.

- Quoi ?

Il se rapprocha d'elle, et pourtant malgré les épreuves passées et les crasses qu'il avait endurées, il ne s'était jamais senti aussi loin d'elle.

Le vent souffla légèrement, emportant des mots cruels à ses oreilles.

- Je ne suis pas ton amie. N'oublie pas que tu n'es que mon chien, mon épée mais en aucun cas quelqu'un qui m'est indispensable alors montre ton respect.

Dans son poitrail, entre ses cotes, il eut l'impression que ces dernières venaient de s'écraser sous ce poids invisible pour venir mal mener son cœur.

Il s'inclina face à elle :

- Oui Madame Kim.

Finalement, la situation était telle quelle. Elle lui avait toujours dit qu'elle ne ferait jamais rien par sentimentalisme. Alors pourquoi avoir cru pendant un moment qu'elle aurait pu doucement s'attendrir dans de petites attentions cachées derrière son masque.

Peut être parce que ce n'était en rien façade. Elle ne ressentait ni amour, ni haine ou fascination. C'était bien trop lui demander, mais au fond de lui, pour cet enfant qui n'avait jamais été aimé, il avait espère qu'elle tienne un minimum à lui.

Mais elle est comme une divinité insensible à la peine humaine, la vie et la mort étaient négligeables.

Elle tourna les talons sans jamais croiser le regard de son second. De toute manière, ce dernier était resté penché en avant, fixant le sol.

Et une goutte d'eau salée s'écrasa à ses pieds.

DIE TO BORN [Édition Séoul] - TERMINÉEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant