BALLE 44 (c)

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44.

Il ouvrit péniblement les yeux, sentant un tiraillement dans les muscles de ses bras. Il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre qu'il était attaché à une chaise. Gardant son calme, il tentait de se rappeler des derniers moments dont il pouvait se souvenir.

A priori, il était en caleçon chez lui, en train de regarder son repas se réchauffer dans le micro-onde. Il avait eu le temps d'apercevoir un mouvement suspect dans le reflet de la porte vitrée teintée de l'appareil électroménager et puis plus rien.

Il s'était donc fait kidnapper si facilement ? C'était indigne de lui.

L'agent inspira profondément, ce qu'il regretta au vue de l'odeur lourde de moisissures et d'iode. Effectivement, sa chaise était placée au beau milieu d'eau qui lui arrivait au mollet. Il n'arrivait pas à discerner les limites de la pièce, car elle était plongée dans la pénombre. Seule une ampoule au dessus de sa tête l'éclairait lui.

- Je t'avais demandé de le traiter en invité d'honneur. Bon on va le déplacer. Emmène le à la résidence.

Il essaya de trouver l'origine du son sans succès, le voilà pris au piège comme une pauvre bête. Il aurait voulu pouvoir insulter la responsable de tout ça mais ce n'était pas la meilleure tactique à aborder pour le moment. Quelqu'un se déplaçait dans l'eau, créant de légers remous.

- Mes chaussures vont êtes complétement abîmées.

Un visage qu'il n'avait vu qu'en photo apparu devant lui, un blond au visage froid. Il ne put l'observer bien longtemps puisque quelques secondes plus tard, une vive douleur traversa son crâne jusqu'à ce que son corps perde connaissance.

C'est avec ce même inconfort, qu'il reprit connaissance plus tard. Contrairement à la première fois, aucun lien ne le gênait, et il était bien au sec. C'était même anormalement confortable.

Il eut le reflexe se tenir la tête face à la gêne qu'il ressentait, essayant d'assimiler le lieu où il était.

Dans une chambre moderne aux tons gris et beige, une épaisse couette le recouvrait et seule la lampe de chevet lui permettait de voir ce qui l'entourait. Les lourds rideaux noirs étaient tirés mais il ne serait pas étonné de trouver un mur derrière. Ou si par miracle une fenêtre était belle et bien présente, elle était probablement verrouillée au mieux et au pire, il y aurait des barreaux.

Il fallait maintenant savoir si la porte de la pièce lui permettrait de sortir.

Avec hésitation, il réussit à se lever sans trop d'encombre. A part le grand lit, la petite commode et un miroir face aux deux places couchées, l'endroit avait été épuré de tout autre meuble.

Il aperçut, de l'autre côté des draps, des vêtements pliés avec soin. Sans être devin, il était assez évident qu'il était attendu de lui qu'il les porte.

Seo restait fixement devant la chemise noire et le pantalon pince assorti. Il se retourna pour, de nouveau observer les lieux. Et il se passa nerveusement la main devant les yeux avant d'avoir un rire nerveux légèrement enroué.

- Bordel ? Je suis quoi ? La jeune fille d'une mauvaise darkromance ? Kidnappé et séquestré ? Je dois jouer la poupée pour que la méchante mafieuse tombe sous mon charme et tue tout le monde parce que je suis trop pur et innocent mais le seul à lui tenir tête ?

La porte s'ouvrit et Mee Na se tenait contre le battant. Vêtue d'une robe noir satinée dont le col en V laissait voir ses clavicules, la naissance de sa poitrine, elle était échancrée à l'indécence. Un blazer émeraude reposait sur ses épaules, laissant les manches vides pendre dans le vide.

- Sois un gentil garçon et porte ça.

- T'es vraiment une bâtarde !

Elle s'approcha et profita de l'esprit encore un peu brumeux de l'agent pour l'attraper par la gorge, serrant sa prise. Elle planta ses pupilles dans les siennes :

- Tu n'as pas compris qui commande ici. Alors mets ces fringues et rejoins moi.

- Je suis pas ton larbin.

- On est dans ma demeure, et tu dois connaître le dicton : mon toit, mes lois.

Elle le relâcha et s'en alla pour le laisser se changer. Elle avait décidé de s'amuser un peu avec l'agent.

- Mademoiselle Kim, pourquoi ne pas simplement négocier avec le N.I.S ?

- Parce que la vie est fade. Que c'est banal de kidnapper ou de jouer avec les vies des autres. Alors j'ai envie de m'amuser un peu.

Joonie n'était pas forcément d'accord avec cette vision de chose mais il fallait dire qu'il n'avait pas son mot à dire dans tout ça. De toute manière, le temps était maintenant compté.

Quelque chose d'autre interpella l'homme de main, ce genre de réponse était inattendue venant de Mee Na. Elle était plutôt du genre antipathique à tout, à croire qu'elle avait déjà tout expérimenté dans sa vie jusqu'à s'en lasser. Contrairement à Kim Miho qui semblait être un perpétuel enfant découvrant le monde, dans la folie et dans le mépris de toute règle ou morale.

Le blond tira la chaise pour permettre à la patronne de la mafia de s'installer à la grande table de la salle de réception pour dîner.

- Messieurs. Mon nouvel animal devrait bientôt arriver .

Des hommes du milieu de la pègre étaient déjà assis. Ils avaient tous rivé leurs regards pleins de doutes et de méfiance sur cette femme.

- Je suppose que vous vous connaissez tous. Nous sommes aujourd'hui les chefs de clan encore actifs suite aux différentes interventions.

Quelques-uns hochèrent la tête, d'autres confirmèrent par une légère onomatopée.

- Nous ne nous sommes pas revus depuis le Sommet et je suppose que tout le monde se serait passé de ma convocation.

Après tout quand l'Impératrice des Enfers appelait, il valait mieux venir. Là était le paradoxe, ses propres alliés allaient la trahir sans que personne ne s'en doute mais ses ennemies étaient en train d'apprendre à la respecter.

Min Giyu se mordit l'intérieur de la joue, malgré sa confiance en lui et le fait que Hadès soit prêt à se venger de Perséphone, il n'était pas serein. Peut être qu'elle savait tout. Peut être qu'elle était là pour régler ses comptes et faire de lui un exemple.

Des bruits de pas attirèrent l'attention, Seo venait d'arriver et il blêmit en voyant les visages des portraits les plus recherchés de la Corée du Sud. Ceux dont on prononçait les noms avec dédain dans les bureaux, ou autour de la machine à café après une arrestation de petits poissons qui n'allaient jamais vendre les requins.

Il était tombé dans une trappe où le col allait finir par tellement se serrer qu'il allait se faire décapiter.

- Messieurs. Voici mon nouveau chien. Encore un peu sauvage, je dois l'éduquer. Mais vous le connaissez sûrement. Park Seo, le prochain directeur du N.I.S. mais aussi celui qui est la cause de tous vos malheurs.

Il n'allait peut être pas mourir par strangulation ou décapitation, mais plutôt dévoré vivant.

DIE TO BORN [Édition Séoul] - TERMINÉEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant