BALLE 55 (c)

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55.

Ce fut une humidité étrange qui dérangea Min Giyu pendant son sommeil, d'abord trop plongé dans les limbes de l'inconscience, il voulu ignorer cette gêne. Cependant une autre apparue rapidement, comme de légers chatouillements un peu partout sur son corps.

Il se força donc à émerger pour comprendre la raison de ce qui l'avait tiré de son repos. La matinée était entamée ce qui permettait au soleil de pénétrer dans la chambre du loft en plein centre de la capitale.

Il repoussa ses draps et il ne comprit qu'avec un certain temps de latence, ce qui se trouvait dans son lit. Il se mit à hurler, battant les jambes dans le vide. Son coeur monta en flèche, créant un pic d'adrénaline provoqué par la peur.

Il était horrifié par ce qui lui avait été laissé.

L'humidité avait été provoquée par le sang, et le chatouillement par des scorpions vivants et grouillants dans l'espace privé.

Mais le pire était cette tête décapitée qui trônait au milieu. Les yeux encore révulsées et la chaleur dégagée par ce visage indiquait une mort récente.

Des hommes entrèrent précipitamment dans la chambre de l'héritier et furent estomaqués par le spectacle.

- PUTAIN ! RETIREZ MOI TOUT CA !

Le clan Min fut en émoi, la menace ne pouvait pas être plus claire, car le bout de cadavre qui avait été largué au sein du domicile principal, n'était autre que feu Lee Joonie.

Ce fut donc le chaos dans le domicile, personne ne comprenait comment ce cadeau empoisonné avait pu être délivré sans que qui que ce soit ne remarque un intru se baladant avec un morceau de macchabé. Tout cela était dégoutant et révoltant.

Le message était des plus simples, le dernier membre du Cercle n'était autre que Min Giyu, ayant survécu grâce à sa position d'héritier de clan. Mais cela signifiait que de manière inexorable, il serait le prochain à perdre sa tête. Après tout, il ne devait pas l'avoir sur ses épaules pour avoir pensé trahir Perséphone.

Malgré la peur et la colère qui se mélangeaient afin de faire augmenter le rythme cardiaque et la pression sanguine chez lui, il se posa une question : Où pouvait bien être le reste du corps ?

Une partie de la réponse se trouvait dans les locaux du N.I.S. Il fallait dire que Mee Na avait un certain sens de la mise en scène. Puisque sur le bureau du directeur, avait été déposé un écrin émeraude. D'environ 12 centimètres de hauteur, et le double en longueur, à l'intérieur, se reposaient deux coeurs humains ensanglantés. Arrachés avec précision de l'abdomen de leur détenteur. Une carte noire avait été laissé avec, d'une fine écriture, une seule question : L'un appartient à votre indic Lee Joonie et l'autre à votre informateur Han Jin, sauriez vous les reconnaître ?

Ces deux hommes étaient les pires traîtres possibles, leur loyauté avait failli. Il était donc poétique que de leur prendre leur organe vital. Lee Joonie et Han Jin étaient des mafieux et pourtant, ils ont préféré choisir le camp ennemi.

L'alerte maximum fut donnée et tout le bâtiment se trouva verrouillé. Au grand damne des employés de bureaux qui n'avaient pas connaissance du pourquoi du comment.

En même temps, le coup de pression envoyé par l'Organisation n'était pas négligeable. Quoi qu'à chaque fois qu'elle avait besoin de faire passer une missive, elle savait le faire avec une forte ironie. Dans l'horreur de l'acte entaché de sang, le choix en était presque beau par sa finesse.

Car le directeur savait qu'il venait de perdre les deux indics les plus importants qu'il avait pu avoir sous sa directive. 

Mais surtout, Kim Mee Na avait l'ascendant. Elle venait de rétablir un semblant de paix dans les rues de Séoul. Les petits gangs qui avaient proliféré pendant le gel des activités de la pègre et du N.I.S, avaient été beaucoup plus compliqués à gérer qu'initialement prévu.

Et maintenant ? Était-ce un étendard noir qui flottait ou les accords pouvaient ils subsister ?

Des questions qui n'étaient pas là priorité de l'agent Park Seo. Celui qui était prometteur, celui qui voyait ses seules valeurs comme seules vérités.

Et maintenant ?

Relégué au rang misérable d'un canidé prisonnier, dont sa laisse le strangulait pour forcer l'obéissance. Quoi qu'actuellement, son cerveau semblait être complètement baigné dans un état de choc le rendant amorphe.

Il ne savait plus distinguer le mensonge dans toute cette farce de mauvais goût.

- J'ai eu si peur Seo, qu'il t'arrive quelque chose. Ne t'inquiète pas. Plus personne ne te fera de mal.

Cette douce voix qui murmurait au creux de son oreille, était envoûtante.

Il entendait, mais écoutait-il vraiment ?

Face à lui, ce n'était pas la méchante mafieuse prête à lâcher les flammes dévastatrices de son royaume sur la ville. Mais plutôt cette gentille secrétaire pour laquelle il avait eu une attirance.

Cette dualité floue qui le ferait presque douter sur la limite entre le bien et le mal.

Mais ne dit on pas que l'Enfer est pavé de bonnes intentions ?

Mee Na était quelqu'un d'honnête, malgré son masque, elle admettait ne jamais avoir été quelqu'un de bien. C'était un concept ridicule selon elle.

Car d'un côté, un homme était rempli de morale, au sens de la justice étriqué par sa propre vision des choses. De l'autre, une femme qui estimait que chacun avait ses propres codes, ses propres lois, et que tout ce concept de bonne conduite de la société n'était que pitoyablement humain. Tout était une question de point de vue.

Elle lui offrit un verre d'eau et l'aida même à boire comme le ferait une amie, une amante.

- Tu voudrais te venger de Miho ? Tu peux m'aider à le punir. Il n'a jamais eu cet ordre. Je suis tellement désolée Seo-ssi. Je ne voudrais jamais te faire du mal. Je te protégerai.

S'il avait eu toute sa tête, il lui aurait sûrement rit au nez.  Le tenir éloigner d'elle serait la meilleure solution pour le sauvegarder. Cependant, il releva ses pupilles vides d'âme vers elle.

Celle qui semblait rayonner d'une chaleur bienveillante, presque apaisante, appelant à la confiance.

Quel mensonge.

- Tu aimes ça dans le fonds.

Cette phrase sembla déclencher quelque chose dans le cœur malade de chagrin de l'agent.

En un instant, il avait été tiré de sa torpeur. D'un mouvement vif, il s'était jeté sur elle.

Ses mains autour de son cou, il l'étranglait. Son corps au dessus du sien, afin de la bloquer.

Elle se mit à rire tout en toussant sous la pression de la pression.

Cette scène avait un air de déjà vu.

Quel ingrat, elle le sauvait, il l'attaquait, elle prenait soin de lui, il l'attaquait.

Il se mit à hurler des propos incohérents. Et alors qu'il n'était qu'à quelques petits centimètres de son visage, elle captura ses lèvres entre les siennes.

Surpris, il se recula et prit le temps de voir l'air amusé de la patronne de la pègre.

Un frisson de dégoût le traversa et la haine sourde se mit à lui vriller les tympans. Il avait horriblement chaud et se sentait perdre tout contrôle.

Il lui cracha à la figure, mais elle continuait de se moquer de lui. Ne faisant qu'accroître son état qui allait l'emmener à la folie.

Elle plia son genou et toucha le bassin de celui qui la dominait :

- Avoue ça t'excite.

Il allait la frapper, elle le retourna comme s'il n'était rien.

Parce qu'il n'était rien.

Un simple pantin, elle avait raison. Car il bandait, ce qui ne faisait qu'alimenter son dégoût.

DIE TO BORN [Édition Séoul] - TERMINÉEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant