82.
Miho ne prenait pas au sérieux Yura, quoi que cet homme n'ait pas l'air de savoir l'être. Il se fichait royalement de ce qu'elle pouvait dire si ça ne concernait pas directement une mission. Mais surtout, depuis cette soirée catastrophique, Yura avait perdu le soutien des hommes qu'elle avait réussi à rassembler en sa faveur. Ou du moins l'espoir et la confiance avaient été ébréchés.
Le tatoué l'avait bien remarqué, puisqu'en ce moment même il la menaçait :
- Je ne continue pas si tu n'es même pas capable de garder un minimum de ta cour Princesse.
Il s'approcha pour attraper son menton entre son index et son pouce, la forçant à le regarder droit dans les yeux. Or les pupilles de l'homme étaient les mêmes que celles qui abritaient la folie d'une barbarie non dissimulée. Elle eut un frisson et ne put contenir le réflexe de son corps. Elle chercha à reculer son visage pour échapper à sa prise mais ce fut sans succès puisqu'il alla jusqu'à raffermir sa poigne pour empêcher le moindre mouvement de sa part.
- Je t'ai prévenu, je ne serai pas ton chevalier servant, je suis plutôt le dragon.
Elle déglutissa péniblement, cherchant à reprendre contenance comme elle le peut, elle ne devait pas paniquer sinon il la dévorerait sans pitié. Elle chassa sa main et lui donnant une tape dessus :
- Un contre temps rien de plus. Je ne pensais pas que le N.I.S interviendrait. Quelqu'un leur a donné les coordonnées, nous avons été trahis.
- Tu as été trahie. Il n'y a pas nous.
- Si tu veux, ça ne change pas que cette soirée aurait dû affirmer ma position et au lieu de ça, la fragile ascension que j'avais, vient de se casser la gueule.
- Tu n'auras pas le soutien des tiens si un héritier ou un chef de clan ne te reconnaît pas. Mais tu n'auras aucun parrainage si tu n'es pas capable de fédérer ton propre camp.
- Merci d'être d'une aide si précieuse Miho. La situation avance tellement avec toi, ironisa-t-elle.
- Bien, puisque tu n'as pas besoin de mon aide, je vais y aller.
Il allait quitter le petit pavillon japonais réservé à la jeune femme mais elle le retint par le poignet :
- Tu n'as pas le droit de partir.
- Selon qui ?
Il se dégagea de sa prise, la regardant avec mépris, il se mit à aborder ce sourire particulier, dévoilant une canine :
- Ne me dis pas que tu te prends pour elle ?
- Quoi ?
- En plus du fait que tu ne seras jamais à sa hauteur, tu ne pourras jamais être comme elle. Elle a tout ce que tu n'as pas, et ce n'est pas en l'imitant que tu arriveras à quoi que ce soit. C'est même pitoyable.
- Je ne suis en rien une pâle copie d'elle.
- C'est vrai, tu ne peux pas y prétendre. Tu n'es rien Yura. Vous êtes parties toutes les deux du même statut et pourtant une à su en faire un avenir prospère, sans dépendre de personne alors qu'une autre n'a même pas la force de faire ployer un seul genou à ses hommes. L'une est une Impératrice, l'autre une Princesse sans royaume.
Elle serrait les dents en entendant les paroles blessantes de cet homme qui était la personnification du mafieux sans âme. Il était le plus à même de savoir qui pouvait survivre ou non dans ce milieu.
Il pouffa en voyant la colère habiter sa collaboratrice, elle était encore trop faible pour prétendre se hisser à la cheville de Mee Na mais il fallait avouer qu'elle avait du potentiel. Il suffisait de l'y pousser, un peu comme les oisillons qui sont jetés du nid pour apprendre à voler. C'est soit la réussite, soit la mort.
- Et ce n'est pas en te mettant une couronne sur la tête que ça fera de toi une souveraine. Ceci dit, tu sais attirer l'attention et envoyer des messages. Je vais t'aider encore un peu. Mais si tu échoues, c'est moi même qui me chargerais de transformer ton avenir en enfer. Après tout, ça me connaît bien, j'en viens.
Avait-elle bien fait de recueillir ce chien enragé ? Elle n'en aura jamais raison et à tout moment, il pouvait la mordre selon ses envies. C'était un pari risqué mais elle se devait de le prendre.
- Qu'est ce que je dois faire maintenant ?
- Pour commencer, tu n'es pas censée demander ce genre de chose aux autres. A moins que tu ne sois trop sotte pour réfléchir par toi même. Tu sais qui ne demande jamais rien aux autres ? Elle ordonne, elle impose et si tu n'es pas d'accord ? Alors tu le seras quand même.
- Je dois gagner en influence.
- Sauf que ton seul atout c'est moi. Sauf que je ne suis pas fiable.
Elle se mordit la lèvre inférieure, elle devait réagir vite pour montrer qu'elle ne laissait pas paralyser par la peur ou par une incompétence fatale qui la ferait chuter.
- Le mieux serait d'être approuvée par ma mère mais ça je peux toujours rêver.
- Ou tuer ton frère.
- Je ne compte pas reproduire le schéma des Min. Si on réfléchit, depuis que Mee Na a pris le pouvoir, elle a décimé ses propres rangs. D'abord le Cercle, puis des clans alliés ... Finalement elle cherche à recentraliser le pouvoir.
- Parce qu'elle aime le contrôle.
- Je ne peux pas attaquer sur cet aspect là. Elle a une trop grande influence actuellement. Mais si sur les affaires légales, je peux lui prendre des parts.
Miho était ravie de voir qu'elle n'avait pas le cerveau plein d'eau, il finirait bien par se débarrasser d'elle quand il aura fini de s'amuser avec car même s'il voyait en elle du potentiel, il serait le seul à provoquer la déchéance de son ancienne employeuse. Puisqu'il n'avait été que son toutou, presque son paillasson, il ferait en sorte de s'élever plus haut qu'elle. Parce que c'est ce qu'elle avait fait sans jamais le remercier, sans jamais l'aimer. Elle avait atteint le sommet avec son aide, sans se retourner quand elle l'a congédié.
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DIE TO BORN [Édition Séoul] - TERMINÉE
Roman d'amourUn endroit où les femmes ne se baladent pas, un endroit que les enfants fuient, un endroit que l'on évite le soir, car ce quartier était connu pour sa population dangereuse. Ce soir-là, un homme s'approcha du bureau de son supérieur, ricanant grass...