BALLE 61 (c)

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61.

Miho faisait tourner entre ses doigts le mégot éteint mais encore fumant, la nuit était fraîche sur l'île et la vue imprenable sur la mer paisible où se reflétaioent les éclats de la lune.

Contrairement à sa supérieure, il s'était toujours demandé ce que ca faisait de vivre une vie lambda. Est-ce qu'il aurait pu avoir l'insouciance d'un bonheur simple ? Ou son enfance n'avait elle rien à voir avec ses dérives et il était juste une âme destinée à provoquer malheur. Il était connu pour être un sadique, ce qu'il était. Il attendait d'être apprécié par une seule personne, trouvant le reste du monde nuisible ou les traitants comme des jouets éphémères. Parce qu'il n'avait jamais été aimé par quiconque.

- Mee Na ?

- Hum ?

- Si je te dis que je t'aime, qu'est-ce tu me répondrais ?

Elle se déchaussa afin de laisser ses pieds s'enfoncer dans le sable de la plage. Faisant quelques pas pour rejoindre l'eau étincelante :

- Personne n'aime. Tout le monde se contente de posséder. Pourquoi crois tu qu'ils disent " tu es à moi ". Ce n'est pas de l'amour.

- Je suis à toi.

- L'inverse ne marchera jamais Miho.

- Je ne te l'ai jamais demandé.

Elle eut un petit rictus, dos à lui, s'avançant vers l'endroit où s'échouaient quelques vaguelettes.

- Non mais tu l'espères. Et ça me dégoûte.

- Tu sais que tu es détestable noona ?

Elle grimaça à l'énoncé de cet honorifique. Elle l'avait laissé trop longtemps l'utiliser et voilà que maintenant quand elle lui demandait d'arrêter, il continuait.

Mee Na inspira profondément avant de se retourner, au lieu de montrer le visage froid et impénétrable habituel qu'elle abordait en tant que cheffe de la mafia, elle avait l'air presque tendre et douce à cette instant. Elle semblait le regarder comme s'il était un petit frère fragile qu'il fallait protéger.

Elle eut un sourire compatissant presque rassurant. Et il aurait pu se faire avoir mais il la connaissait trop bien pour savoir que ceci était un masque.

Il croisa ses bras contre son torse alors que maintenant elle lui faisait face.

- Je suis désolée mon cher Miho. Tu sais très bien que je n'ai que toi. C'est pour ça que tu es à moi, c'est pour ça que tu dois le rester. Si posséder c'est aimer alors je suis folle de toi.

Il aurait aimé entendre ces mots dans un autre contexte, il aurait aimé que ce soit sincère. Mais il savait que c'était de la comédie et qu'elle se moquait allègrement de lui. Après tout, ce n'était qu'une question d'habitude.

Il avait ce poids qui venait s'appuyer contre sa gorge, et son bpm ralentissait dans cette zone de confort qu'était la solitude.

- Moque toi de moi.

Elle haussa ses épaules et avança à reculons, rapidement ses pieds touchèrent l'eau froide et atteignit ses mollets.

Miho fronça les sourcils en voyant qu'elle ne semblait pas s'arrêter. Elle était immergée jusqu'au genou et semblait se moquer du fait que maintenant sa robe commençait à la coller.

- Si tu ne peux pas m'avoir, personne d'autre ne le peut ? N'est-ce pas la mentalité des gens qui se disent amoureux ? Alors qu'attends tu ? Viens me noyer.

Cela était inattendu de la part de la jeune femme, Miho était l'insolent sarcastique qui aimait la provocation, pas elle.

Mais surtout actuellement, il se demandait si elle était réellement capable de finir entièrement à l'eau.

- Arrête tes conneries.

Elle se pencha un peu, ses mains dans son dos et se mit à sourire :

- Oh, ça ne marche pas ? Moi qui pensais que tu étais un sociopathe avec une légère tendance obsessionnelle pour moi. Je suis un peu déçue. Devrais je tenter autre chose ?

- Allez sors de là.

A croire que les rôles s'étaient inversés, que la personne la plus rationnelle et calculatrice était devenue l'immature provocatrice. Et inversement.

Miho s'était rapproché du bord et lui tendait la main afin qu'elle la prenne pour sortir de là. Il se demandait comment elle faisait pour ne pas être en hypothermie.

Désormais, elle était immergée jusqu'aux genoux, le vent balayait ses cheveux et elle aurait pu paraître insouciante et candide. Mais elle était en train de jouer avec son second de manière malsaine.

Il était naturel, presque inscrit dans ses gènes qu'il devait toujours avoir comme priorité la santé et la sécurité de Kim Mee Na.

- C'est ça que tu veux entendre ? Sauve moi, sauve moi. Sois l'homme qui me protégera et me possédera !

Elle surjouait la comédie, mimant un affolement exagéré. Presque prête à pleurer des larmes aussi fausses que son identité.

- Arrête !

Une vague vint mouiller le cuir de ses souliers et il sentit le froid saisir ses orteils.

- Aime moi ! Je ne suis rien sans toi ! S'il te plaît. Sinon je mourrais.

Elle s'éloigna encore un peu plus mais il fut plus rapide. Il l'avait rejoint dans l'eau pour saisir son poignet et la tirer vers le rivage.

Ils étaient maintenant tous les deux trempés, se défiant du regard, chacun campant sur ses positions.

Elle esquissa un rictus mauvais et se laissa tirer contre lui alors qu'elle avait jusqu'alors émis une résistance. Mee Na fut attirée dans ses bras et elle vint murmurer contre l'oreille du tatoué :

- Je n'aurais pas dû te sauver.

Miho la repoussa violement en la saisissant par la gorge, elle trébucha et l'entraîna dans sa chute. Dans de grandes éclaboussures et des insultes proférées par une seule des parties.

Elle se débattait seulement pour ne pas se faire réellement noyer. Elle le laissait prendre l'ascendant alors que la rage avait pris possession de tout son être. Il tentait de la maintenir sous l'eau ou de l'étranger toujours plus.

Ses gestes étaient chaotiques, aveuglé par sa colère sourde, il donnait des coups sans viser précisément. Puis quelque chose traversa son esprit embrumé puisqu'il arrêta de mal mener sa patronne.

Finalement, il la relâcha et assis tous les deux au milieu du remous qu'ils avaient créé, tremblant de froid et peut être un peu d'émotions, ils se fixèrent sans un mot.

Elle plaqua ses cheveux en arrière, haletante. La jeune femme laissa sa tête partir en arrière, observant la lune seule témointe de cette scène sans sens.

Elle se mit à rire comme une enfant, parce que malgré qu'elle ait poussé Miho dans ses retranchements, il n'avait pas réussi à la tuer, en tout cas pas à provoquer suffisamment d'envie que d'atteindre à sa vue.

Mee Na se releva la première et lui tendit la main :

- Allez ça suffit, tu vas finir par être malade. Et tu dois encore me servir.

Il attrapa sa paume et se redressa. Venait-elle de simplement le tester ?

Il frissonna en se demandant jusqu'où elle ira.

DIE TO BORN [Édition Séoul] - TERMINÉEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant