DIE TO BORN [Édition Séoul] - TERMINÉE

BALLE 91 (c)

91. 

Personne ne comprenait ce qu'il se passait, et surtout les principaux concernés. De ce fait, Kim Mee Na avait convoqué d'urgence les membres du Cercle. 

- Vous allez me dire que l'on retrouve des briquets en or où est gravé un scorpion aux yeux émeraudes dans toute la capitale et personne ne sait rien ? 

Les mafieux étaient assez dérangés de devoir répondre par l'affirmative : aucune piste n'avait été trouvée. 

Cet objet fonctionnant au gaz avait été répandu au musée national de Corée, sur les marches de plusieurs entrées de métro, mais aussi devant la Maison Bleue, dans les boîtes aux lettres de plusieurs agents du N.I.S, dans des bibliothèques, et le plus insolent, un carton entier avait été livré au domicile du Président. 

Les journaux avaient sauté sur la nouvelle, était-ce une déclaration de guerre ? La pègre était-elle en train de passer à un niveau supérieur ? Qu'est-ce qui allait se passer ? Or, aucun membre de l'Organisation n'avait connaissance d'un projet d'une telle ampleur. 

Mee Na foudroyait du regard quiconque osait croiser ses prunelles. Seo attendait les consignes de la patronne, se moquant intérieurement des airs de chiens battus que l'assemblée abordée. C'était donc ça les redoutables mafieux ? 

- Bougez vos gros culs gras pour me trouver le responsable de tout ce bordel. 

- C'est sûrement l'un des anciens clans qui étaient sous votre protection qui cherche à se venger. 

- C'est une supposition ou une affirmation ? Je n'ai pas le temps pour les hésitations. Celui qui me ramène le fauteur de trouble aura une belle prime. 

Quand il s'agissait de récompense, Mee Na n'était pas avare, au contraire, elle savait matérialiser sa reconnaissance. Et il serait idiot de ne pas saisir une occasion qu'elle donnait. Surtout que si ces livraisons étaient effectuées par un amateur, il serait facile pour eux de remonter jusqu'à son identité. 

Ils furent renvoyer d'où ils venaient et Mee Na souffla d'agacement devant les incompétents qui l'entouraient: 

- Je ne sais même pas pourquoi je leur demande ça alors qu'il ne verrait pas un éléphant même s'il était devant eux. 

-Vous désirez que je m'en occupe Madame Kim ? 

- Que c'est mignon Seo, tu te sens impliqué dans ta mission maintenant ? 

- Est-ce que ça ira ? 

- J'ai un cadeau pour toi, à moins que tu ne veuilles que le N.I.S pense réellement que tu leur tourne le dos. 

- Tu vas faire quoi Mee Na ? 

- Ne dit-on pas que l'on naît pour mourir ? Je préfère dire que l'on meurt pour naître. Après tout il faut se sentir mourir, perdre tout, pour comprendre ce qu'être en vie. Enfin quand on est suffisamment fort pour s'en remettre. 

La réflexion était vite élaborée du côté de l'agent, il souffla :

- Miho a perdu son seul repère, ce pourquoi il vivait, toi. Il est mort intérieurement où je l'ai remplacé. Et toi ? 

Elle fit une petite moue, sa lèvre inférieure ressortait et elle se balança doucement sur sa chaise. Elle semblait plus détendue que d'habitude, ce qui aurait presque pu lui donner un air enfantin. Une illusion d'innocence et d'insouciance. 

- Je dirais que je n'ai jamais vécu. Je suis morte née. 

Il fut sceptique quant à cette réponse des plus uniques, mais était-ce en lien avec son frère cadet ? Celui qui n'avait jamais eu de réalité ? L'ombre de Mee Na et en même temps sa lumière, celui qui existait pour être son masque, sa couverture. 

Elle leva les yeux vers le haut, mettant une action visible sur le fait qu'elle réfléchissait :

- Yuri par exemple, n'a pas réussi à naître. 

- Pardon ? 

- Tu n'es pas au courant ? Par manque de soins ou je ne sais quoi, il s'est suicidé. Tout seul, dans l'ancienne propriété des Cha, à l'écart de Séoul, à l'écart de sa famille, à l'écart des yeux et des oreilles. Il a été enterré il y a déjà 2 semaines. Pas de cérémonie, pas d'au revoir. Et le pire, c'est que Yura n'est même pas au courant. Ironie du sort, tu sais avec quoi il doit reposer en paix éternellement ? 

Il attendait qu'elle finisse son petit speech, digne d'une tirade de vilain dans un film. 

- Le bouquet de narcisses que je lui avais offert. 

- Ce sont des fleurs qui symbolisent les nouveaux départs et le bonheur. 

- Dommage, il n'en a pas eu. Peut être que sa soeur y accédera quand elle apprendra la nouvelle. 

- Mee Na, est-ce que tu as quelque chose à voir avec son suicide ? 

Elle pencha la tête sur le côté, comme si elle ne comprenait pas le sens de cette question, alors elle se contenta de hausser les épaules avec un air détaché. 

Seo voyait les choses dégénérer et accélérer, sans rien pouvoir faire. Il ne pouvait pas agir comme il le souhaitait et les nuits d'idylles qu'il passait avec elle n'étaient que des fantasmes prenant fin au petit matin quand elle enfilait son tailleur sur-mesure. 

- Selon ma réponse, tu décideras de me laisser une chance de m'échapper avant la grande descente du N.I.S ? 

- Tu connais déjà ma réponse.

- Dommage j'aurais essayé. Moi qui croyais que coucher avec toi me donnerait une immunité. 

Il eut un rire sans joie en entendant cette phrase, il savait qu'elle ne l'aurait pas laissé échapper si elle le pensait vraiment. Quoi que ... 

Pouvait-il vraiment affirmer quoi que ce soit sur elle ? 

Car elle savait pourquoi Seo l'intéressait, pourquoi elle l'avait choisi même si à ses yeux, il lui paraissait fade. 

- Pourtant moi c'est ce que j'ai fait en te nommant mon second. Je t'ai offert la plus belle des immunités. 

- Quoi ? 

- Je te l'ai dit, je ne ferai pas de toi une victime mon doux Seo. 

- Tu te moques de moi ? 

- A croire que je ne suis pas quelqu'un de parole. 

Il essaya de se souvenir d'une seule fois où Mee Na avait bien pu clairement dire " je te/vous le promets", mais de ce qu'il pouvait ressasser, il n'y en avait aucun. Elle sous-entendait les choses, elle laissait les gens arriver à leur propre conclusion, s'imaginant une certaine contrepartie. Et quand elle en donnait une d'avance, clairement dite, le co-contractant n'arrivait jamais à son objectif. 

En réalité, Mee Na ne faisait pas de promesse. Par conséquence, elle n'en a jamais brisé. 

- Je sais que ta parole vaut de l'or mais tu n'es pas quelqu'un de confiance. 

- Oh mais ce que j'en serais presque blessée.