99.
Seo avait pris la décision cruelle que de rester sur ses convictions, il se devait ce choix. Il ne pouvait pas avoir tant travaillé, tant souffert pour rien. Malgré les nuits dans ses bras, malgré l'envie de la sauver, malgré ses sentiments, il ne pouvait pas tout sacrifier pour une seule personne. Et surtout pas pour cette femme. Il ne devait pas oublier qu'elle était l'ennemi. Elle n'était en aucun cas une victime ou une civile à sauver.
Il finirait sa mission et puisque personne ne semblait voir la mélasse noire dans laquelle nageait le N.I.S, il se chargerait de faire le ménage. Pour un service juste.
- Dis moi, tu l'as connu longtemps Han Jin ?
Elle releva la tête de son portable, intriguée par la question de son faux second :
- Pas vraiment, il était de l'ancienne génération, celle de mon père.
Elle attendait qu'il se justifie sur cette interrogation. Mais il ne le fit pas, il se contenta de se taire, pris dans ses propres réflexions internes.
- Madame Kim, vous êtes à l'origine des divers incendies ?
Voilà qu'après les briquets laissaient dans différents endroits de la capitale, des feux s'étaient déclarés à chaque fois, sur l'un des points marqués par l'objet au gaz.
Elle se contenta de hausser les épaules négligemment comme s'il lui demandait une banalité telle que l'extinction des lumières d'une pièce avant de partir.
- Mee Na, qu'est ce que tu as prévu après ça ?
- Devrais-je vraiment développer mon plan à celui qui me fera chuter ?
Elle tendit ses mains vers le visage de son allié et ennemi, le prenant en coupe, elle plongea son regard rempli d'indifférence dans le sien, elle murmura d'une voix presque envoutante :
- Peut être que dans une autre vie, tu aurais touché mon coeur. J'aurais admiré tes valeurs et ta détermination. Peut être que je t'aurais offert tout ce que je possédais, peut être aurais-je mis un genou à terre pour toi. Mais nous ne sommes pas dans cette autre vie. Est-ce que tu penses que tu aurais pu me créer cette autre réalité ?
- Je me demande seulement si tu es humaine, si même on te tire dessus, est-ce que tu saigneras ?
Elle se mit à rire, sincèrement amusée. Sa réputation était devenue légendaire, ses actions au début avaient pour but de prouver sa capacité à régner sur le royaume de son père, maintenant ils dépassaient l'entendement. Elle était décrite comme un monstre, un diable et en même temps à un dieu. Crainte dans la fascination malsaine de la beauté du pouvoir brut et de la mort.
Elle se recula pour attraper le coupe-papier, dont le manche ressemblait à la garde d'une dague, apposant la lame contre sa paume, elle se mit à resserrer sa main autour, suffisamment fort pour qu'un filet de sang s'échappe de sa poigne et vienne couler entre ses doigts et sur son poignet.
Le rouge carmin tachait le sol dans de petites gouttes, elle mit sous les yeux de son ennemi la preuve qu'elle était un être vivant :
- A moins que tu ne veuilles plus de sang.
- T'es folle.
- C'est ce qui se dit partout. Je t'en prie, tu peux dire à tous ceux qui veulent l'entendre que c'est vrai, que je suis un monstre inhumain prêt à se mutiler pour dégouter l'autre, accorde leur le rêve que de me désigner coupable. J'adore ça, parce que les gens se mettent à me haïr. Et être détesté(e) est addictif, après tout, on se rappelle toujours des êtres que l'on hait.
- C'est ça que tu veux ? Atteindre une vie éternelle par le souvenir de ton nom ? D'avoir surpasser Kim Tae-Yeong. Tout ça c'est pour ton ego ? Est-ce que tu n'as ne serais-ce que rencontrer une seule mère qui a perdu son fils à cause de tes activités, parce que tu sèmes le chaos. Ton argent est sale !
- Voilà que tu recommences. L'argent n'a pas d'odeur. Tu pourrais jeter tes liasses de billets dans du fumier que les gens se jetteraient dedans pour espérer attraper un peu de monnaie. Ne parle pas de propreté quand la crasse sa cache sous le masque hypocrite de toute la population. Mais la populace ainsi que les hautes sphères ont besoin sociologiquement de créer un bouc émissaire. Je me suis dévouée, la Corée devrait même me remercier que d'avoir endossé ce rôle.
- Je te demande une seule faveur ... réponds à cette question.
- Oh mais mon pauvre, je t'ai déjà offert une fleur sans ronce, je t'ai épargné. Je t'ai fourni de quoi réformer un système entier complètement pourri et assombri. Tu as soif de Justice, je t'ai donné de l'eau.
- Après m'avoir assoiffé.
- Déteste moi autant que tu veux, je sais qu'en même temps tu ne peux pas t'empêcher de fantasmer sur moi. Quel pervers tu fais, tu veux ce qui n'est pas dans tes valeurs, tu rêves de salir ta propre personne tout en cherchant à me blanchir ? Quelle triste vie tu as. Tu me fais tout autant pitié que Miho. C'est drôle, d'une certaine manière vous vous ressemblez.
- Je pense plutôt que ce soit toi et moi qui nous nous accordons. Nous sommes tous les deux des produits d'un rêve qui ne nous appartenait pas. Cependant nous en avons pris le rôle, poursuivons quelque chose qui nous dépasse. Nous n'avons pas eu d'enfance, les autres ont toujours exigé plus de nous, visant la perfection, faisant de nous des machines. Pour ne pas laisser nos émotions prendre le dessus. Avant d'être les adultes que tout oppose, nous avons été des enfants ...
Elle déposa brutalement ses lèvres sur les siennes, le coupant de ce monologue inintéressant à ses yeux. Il se laissa prendre dans le piège de cette illusion brève qu'elle lui accorde.
Seo pensait que le masque d'horreurs finirait par se fissurer, tort ou raison, il était sur une corde qui pouvait le pendre ou le rattraper.
Ce qu'il ne savait pas, était que le plan de Mee Na entamé une phase étrange, où plusieurs acteurs avaient reçu un courrier, une missive.
- Quelle connasse !
L'actuel directeur du N.I.S déchira le papier, jetant les bouts dans tous les sens. Les mots furent éparpillés : " Votre fin est proche, demandez-vous si vous avez acheté la bonne personne. "
La corruption étranglait petit à petit la société sous les apparences faussement calmes d'une paix.
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DIE TO BORN [Édition Séoul] - TERMINÉE
RomansaUn endroit où les femmes ne se baladent pas, un endroit que les enfants fuient, un endroit que l'on évite le soir, car ce quartier était connu pour sa population dangereuse. Ce soir-là, un homme s'approcha du bureau de son supérieur, ricanant grass...