BALLE 72 (c)

24 3 0
                                    

72.

Miho était en train de découvrir une nouvelle personne. Il aurait presque pu rire en lui disant qu'elle n'était qu'une pâle copie de Kim Mee Na. Mais il n'en était rien Cha Yura, la princesse de la pègre se tenait fièrement devant sa famille annonçant qu'elle serait digne d'héritier du clan.

La matriarche cachait le bas de son visage derrière un éventail alors qu'elle revêtait un habit traditionnel japonais et ses cheveux relevés étaient retenus par des accessoires précieux.

- Tu n'as pas prouvé que tu en es digne.

- Je reconnais ne pas avoir eu le profil parfait. J'ai fait des erreurs mais je vous jure de vous faire changer d'avis. Et comme gage de cette promesse, je vous apporterai la tête du second du clan Kim.

La femme au pouvoir haussa un sourcil, seule preuve laissant transparaître d'une réaction chez elle.

- Est-ce pour ça que le chien enragé des Enfers est ici ?

Yuri se tenait dans un coin de la pièce, il avait été surpris d'apprendre que sa jumelle avait demandé une entrevue avec leur mère mais surtout qu'elle avait annoncé avoir un nouvel atout. Et quel atout. Le chien abandonné de l'Impératrice avait trouvé une nouvelle laisse.

- Ce chien a un nom, et c'est Cerbère. Cependant je préfère que l'on me nomme Hadès.

La japonaise ferma d'un coup sec les pans de l'objet, dévoilant ses lèvres peintes d'un rouge profond. Elle esquissait un sourire mauvais :

- Elle vous a très mal dressé. Qui vous permet de vous adresser à une cheffe de clan sans autorisation préalable quant à ouvrir votre gueule dégoûtante ? Vous n'êtes qu'un canidé de bas rang trouvé dans la rue.

Miho ne se formalisa pas des insultes prononcées, il avait entendu bien pire. Cependant son sang bouillonnait de rage que d'être rappelé qu'il avait été jeté de sa seule famille. Il était un homme puissant, voilà qu'il n'est plus rien.

La pègre avait fermé ses portes à celui qui avait tant terrorisé ses membres.

- Mère. D'ici la fin de l'année, je vous promets de hisser le clan aussi haut que celui des Kim.

- Bien. Mais si tu échoues, tu suivras le plan de vie que je t'ai prévu.

Yura restait droite, l'air sûr d'elle cependant Miho remarqua la posture légèrement différente qu'elle abordait. Imperceptiblement, elle avait émis un recul, ses muscles s'étaient contractés et sa respiration était plus forcée comme pour s'empêcher de paniquer en public. Il fit semblant de ne pas avoir vu mais il n'y avait pas plus explicite comme signes. Elle avait peur, elle craignait l'avenir qui lui était réservé.

L'héritier fit interruption dans la conversation :

- Yura, s'il te plaît laisse tomber tout ça.

- Tu n'as jamais cru en moi. Tu finiras par me tuer puisque je me dresse contre toi mais je serais la première à agir.

Il fut sans voix face aux propos cruels de sa sœur, où était passée l'innocente fille ?

Le balafré était amusé par la situation, ne voyait-elle pas que Cha Yuri se battait tant avec elle pour l'écarter, non pas dans le but d'être celui au pouvoir mais pour la sauver. Car là où Yura abordait un regard déterminé, Yuri était sincèrement inquiet pour elle.

- J'espère que tu t'adapteras bien au Japon, ma fille. Ton futur mari a hâte de te rencontrer.

C'était donc ça. Un mariage politique. La régente avait été vendue à un clan coréen et voilà qu'elle faisait de même avec sa propre enfant pour retrouver un peu de ses racines japonaises.

Miho se contenait que d'applaudir tout en riant. Finalement, son exil promettait d'être plus intéressant que prévu.

- Je vous apporterai plus de dignité d'ici là.

Yura tourna les talons, quittant la salle où elle ne voyait même pas qu'elle avait un allié dans la folie de ce monde.

Le tatoué mima de manière exagérée une révérence que l'on ne sert qu'à la royauté :

- Quel déplaisir que de vous avoir rencontré Madame Cha. Ou peut être bientôt Mademoiselle Kimura.

Cela déplu à la femme, car sans que personne ne comprenne, il venait d'insinuer quelque chose et ce sous entendu était une forme de menace dans la bouche de cet homme sournois.

Finalement, Kim Mee Na s'était débarrassée de lui pour une raison très spécifique : il était peut être le serpent dans le jardin d'Eden.

- Mère, je vous en prie. Reconsidérez le sort de Yura. Elle ne mérite pas ça.

- Votre père l'a trop gâtée. Elle n'est qu'une petite sotte qui exige sans jamais travailler pour l'obtenir. Je lui offre donc un mari qui la contentera en tout point tant qu'elle lui accorde une descendance.

Yuri était dégoûté par un tel discours. Certes dame Cha n'avait jamais goûté à une relation normale. Vendue et mariée très jeune à un homme qu'elle ne connaissait pas. Mais pourquoi infliger le même triste sort à sa fille ? Ne devrait elle pas la protéger de cette situation ?

Quoi que la famille était la plus grosse industrie de traite humaine.

- Je ferais ce que vous voudrez mais accordez moi la faveur que de laisser Yura libre.

- Vraiment tout ?

Il acquiesça rapidement en sentant sa génitrice intéressée par la proposition.

De nouveau, elle cacha le bas de son visage avec son éventail, elle tonna d'une voix claire ce qu'elle désirait :

- Avant que ta sœur n'arrive à ses fins. Prends possession du clan Kim.

- Pardon ? Mère !

- Utilise les moyens que tu veux. Le meurtre, la corruption, la manipulation, la trahison, et même les pires abominations. Même le mariage.

Yuri eut envie de rire. La leadeuse de l'Organisation n'était en rien une romantique en mal de prétendants. C'était elle le prédateur qui marquait ses proies pour mieux les dévorer. Elle avait déjà à ses pieds Hadès et Park Seo. Quoi que son chien fou semblait s'être détaché d'elle dernièrement.

Mais jamais il n'attirerait une telle femme dans son lit et encore moins la pousser à se marier avec lui.

Elle avait l'argent, le pouvoir.

Elle a l'argent et le pouvoir.

C'est une femme sans concession qui domine la pègre tout en buvant un whisky sans glaçon, regardant les pauvres et les démunis ramper à ses pieds. Et ce sans jamais ressentir quoi que ce soit.

Un connard ayant revêtu un tailleur de femme, des mocassins vernis aussi vermillons que son rouge à lèvres haute couture.

Il n'allait être qu'un amuse-bouche s'il se mesurait à elle.

DIE TO BORN [Édition Séoul] - TERMINÉEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant