DIE TO BORN [Édition Séoul] - TERMINÉE

BALLE 21 (c)

21.

- Je suis Park Seo, agent du N.I.S. Vous m'avez contacté en me disant que vous aviez des informations sur l'Organisation.

Miho replaça ses lunettes de soleil sur le sommet de son crâne, il se pencha légèrement en avant, un léger tiraillement se fit sentir au niveau de son ventre, il se remettait à peine de la balle qui avait élu domicile de manière éphémère dans son corps.

- Je suis Kim Miho. Un proche de Kim Mee Na.

L'agent ne voyait pas vraiment où est-ce-que cet inconnu voulait en venir, et surtout il ne comprenait pas s'il était censé connaître le nom de cette jeune femme tout juste cité. Car, la descendance de Tae-Yeong n'était qu'un mythe. 

Le mafieux avait envie de rire et de se moquer de son interlocuteur, il remua la touillette en bois dans son café désormais froid. Il eut un sourire en coin dévoilant une canine parfaitement alignée avec le reste de sens dents.

- Je croyais que vous suiviez l'affaire de Hadès et Perséphone mais j'ai dû me tromper.

- Vous êtes qui exactement ?

- Je vous l'ai dit. Oh à moins que vous souhaitiez mon nom de code ? Hadès en personne.

Seo se tendit, ses muscles se crispèrent et il se demandait s'il s'agissait d'une blague de mauvais goût ou si en réalité, le patron de la mafia était complétement fou. Ce qui dans le fond ne serait pas très étonnant au vue des diverses rumeurs qui circulaient concernant son impulsivité.

L'agent porta une de ses mains vers sa ceinture, là où contre sa peau chaude, était logée son arme de service. Cependant Miho, posa son propre revolver sur la table, sa main tatouée dessus. Il arqua un sourcil :

- Ne jouez pas le héros. Vous n'en êtes pas un.

- Dites à Hadès, que ça ne m'amuse pas.

- Oh mais je suis bien celui que vous recherchez. Je prends un grand risque de vous dévoiler mon visage. Je devrais peut être vous envoyer un selca de moi pour que vous puissiez l'afficher dans votre petit bureau ? Qu'est ce que vous en pensez ?

- Arrêtez de vous moquer de moi.

- Kim Mee Na est la fille de Kim Tae-Yeong. C'est elle qui dirige l'Organisation.

- Qu'est ce que vous racontez bon sang ?!

Les palpitations de coeur du fonctionnaire étaient chaotiques, dans ce café étrangement vide et à l'abri des regards de la rue, il se demandait s'il allait pouvoir repasser le seuil de cet endroit. Ou si son corps devrait sortir par la porte de service.

- Elle ne voulait prendre aucun risque ainsi elle a pris La Colombe comme "visage". Melle Jeon Jug-Eun que vous connaissez bien, il me semble.

- Pourquoi me dire cela ?

- Je risque gros, mais j'ai un intérêt là dedans. Méfiez vous.

- Je me méfie surtout de vous. Vous essayez de me faire douter. Mais je sais très bien que c'est vous à la tête de l'Organisation.

- Vous êtes un mauvais chien de chasse décidément.

Miho fit doucement glisser le canon sur le bois de la table et empoigna doucement son arme, il partit en riant comme un fou. Ce qu'il était sûrement.

Le tatoué s'en allait en sifflotant, il avait vu un visage impartial tout le long de la discussion, prouvant que Seo était très bien entraîné cependant il avait tiqué lorsqu'il avait évoqué le nom de la douce Jug-Eun. Miho se demandait qui était le plus détraqué, lui qui était devenu le petit jouet de Mee Na ou l'agent qui était tombé "amoureux" d'un personnage fictif. Peut être trop amoureux pour se rendre compte qu'il devrait suspecter la jeune femme.

- Tu étais où ?

- Je faisais un tour. C'est un magnifique temps pour se promener dans Séoul.

La jeune femme était sceptique face à la réponse peu habituelle de Miho qui d'habitude, comme un bon petit chiot, venant à ses pieds pour jacquetter les moindres détails de sa journée afin de monopoliser son attention. Ou du moins toute son ouïe.

Il avait donc décidé de dissimuler une partie de ses activités. Elle se demandait si elle devait se pencher sur son emploi du temps ou si elle fermait les yeux. Comptant sur la confiance, elle préféra ignorer son second.

Il vint cependant s'asseoir par terre pour poser sa tête contre les cuisses de Mee Na. Elle feuilletait un rapport, confortablement installée dans le salon luxueux du penthouse.

Elle baissa ses pupilles froides vers la masse brune qui la touchait :

- Tu iras jusqu'où pour Mee Na ?

- Mee Na pourrait mourir pour sauver l'Organisation. Mais pour elle, je pourrais démanteler l'Organisation pour la sauver.

- Que c'est illogique.

- Ton père a fait de moi le fidèle serviteur de madame, pas le dévoué tueur du clan. Tu devrais comprendre la nuance puisque tu es si intelligente Noona.

- Je déteste ce prénom.

- Mee Na ou Jug-Eun. Car il me semble bien que tu es les deux.

- Et tu tuerais laquelle pour me sauver ?

Il releva la tête afin d'ancrer ses iris dans les siennes, il fit une petite moue, faisant ressortir sa lèvre inférieure. Elle s'attendait presque à le voir mimer un ageyo.

Cet homme qui avait été recueilli uniquement pour être utilisé, pour être son épée, son bouclier, celui qui donnerait son coeur et son foie pour elle, celui qui a été façonné pour elle. Un être que l'on a dénué d'une humanité commune, tel un golem auquel on donnerait un coeur qui ne dédie qu'à sa maîtresse.

Un cruel conditionnement mais de ses yeux rieurs, une autre vision était perçue. Il avait été sauvé de parents indignes qui avaient eux même joué un rôle dans la personne qu'il était devenu. Il avait eu une perspective d'avenir et de vie seulement grâce au chef de clan Kim. Et ce dernier avait fait agenouillé Miho devant sa jeune fille.

Une comparaison féodale serait de bon augure. Il n'était pas le chevalier de la couronne, il n'était pas le protecteur d'un royaume ou bien d'un peuple, il était celui de la douce princesse. Une princesse qui se couronnait elle même pour s'élever. Car la réalité était que les impératrices sont bien plus avides, plus perfides car sous estimées.

Mee Na n'avait rien à envier à personne, cependant, si elle pouvait prendre plus, elle le fera.

- Pourquoi faire ? L'une sauvera l'autre. Je ne ferais que suivre les ordres.

- Je n'aime pas Séoul.

Il haussa un sourcil, légèrement surpris de cette déclaration. Elle était celle qui avait le plus de possession dans cette ville, dans ce pays, elle était au sommet de la chaîne alimentaire du pouvoir ici ...

- Pourquoi ?

- Pourquoi pas ?