BALLE 73 (c)

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73.

Yuri se demandait s'il allait survivre jusqu'à ce que le soleil atteigne la ligne d'horizon, il savait qu'il aurait dû passer chez le notaire avant. Il avait revêtu un sweat gris et un jean noir, se préoccupant que très peu de son style. Cependant il regrettait son choix qui avait été fait au hasard.

En passant par le hall, il avait remarqué que toutes les personnes qu'il avait croisées, étaient sous leur meilleur jour. Il faisait vraiment tâche dans ce milieu où le costard et le tailleur étaient de rigueur.

- Monsieur Cha ?

Il rangea rapidement son téléphone dans la poche de son bas, se levant rapidement face à son guide dans la holding de gestion de patrimoine.

- Monsieur Park ?

Le successeur de la famille était surpris de voir l'ancien agent ici. Nul n'ignorait que Seo était devenu le valet de Kim Mee Na pour ses affaires illégales mais il était étonnant de le voir dans l'une des sociétés civiles Si l'invité avait été Giyu ou Miho, la provocation aurait été de rigueur mais Yuri était quelqu'un de plus retenu. Ou tout simplement plus mature.

- Veuillez me suivre.

Sans un mot de plus, dans le silence, Seo se mit à guider l'héritier au travers du dédale de couloirs. Ce fut dans l'ascenseur que Yuri tenta de briser la glace :

- Et vous avez le droit de vous balader en dehors du bâtiment ?

Quelle question stupide, il regretta immédiatement sa question, presque plus que son choix vestimentaire. Surtout qu'il avait remarqué la marque de fabrique Dior sur le costume de qualité de l'homme de main.

Ce dernier fixait un point imaginaire devant lui, ne se retournant pas pour regarder son interlocuteur, il répondit :

- Je peux. Mais elle a fabriqué un traceur et me l'a fait avaler.

Yuri se mit à rire par politesse mais le son faussement amusé mourut dans sa gorge en voyant les traits serrés de Seo. Il déglutissa péniblement et se mordit l'intérieur de la joue en laissant de nouveau l'absence de son remplir l'espace confiné.

Il aurait presque pu pleurer de soulagement quand les portes métalliques s'ouvrirent sur un immense bureau lumineux et épuré.

Mee Na se tenait assise dans le large fauteuil, ses cheveux longs étaient plaqués en arrière et son blazer émeraude était assorti à son pantalon. Un body blanc en dentelle donnait un air très sexy à cette tenue de travail classique. Elle avait laissé ses talons sur le côté, restant pieds nus. Elle ne daigna pas relever la tête à l'intrusion des nouveaux arrivants.

Seo se racla doucement la gorge :

- Madame Kim, voici Cha Yuri. Il s'est annoncé à l'accueil sans rendez-vous. Il a été autorisé à entrer puisque ...

- Je connais les règles des clans. Merci, nul besoin de me le rappeler.

Elle venait de le couper tout en continuant son activité sur son ordinateur portable, cependant elle leur prêta enfin de l'attention :

- Mais il existe aussi une règle de territoire.

- Bonjour.

Elle haussa un sourcil en détaillant l'air négligé du parasite qui osait s'introduire ici. Il fallait du cran pour demander à la rencontrer directement en ayant connaissance des derniers événements.

- Enfin vu qu'on dirait que tu es sorti de ton lit, je suppose que c'est urgent.

Il n'était pas si pressé que ça mais il n'allait pas non plus corriger l'erreur de la patronne de la mafia. Celle-ci fit un petit mouvement de la main, chassant Seo vers sa prochaine tâche. C'est-à-dire, aller chercher le café et le thé.

Elle indiqua le sofa face à elle à Yuri :

- Prends place

Il obéissa, il avait l'air d'être moins sûr de lui sans sa sœur, est-ce qu'il faisait semblant d'être inébranlable quand elle était là ? Pour lui montrer qu'il serait ce frère protecteur ?

Mee Na n'appréciait que très peu la famille Cha mais elle devait reconnaître que le fils était celui qui l'insupportait le moins. Ce n'est pas pour autant qu'elle avait décidé d'utiliser les formes avec lui.

- Je suis ici pour te faire une requête.

Si elle le tutoyait, il en ferait de même. Il avait l'impression de se placer à son niveau pour l'échange or ce n'était pas quelque chose d'acceptable pour la jeune femme. Puisque leur position n'avait rien à avoir. Il était peut être un successeur, elle était l'Impératrice des Enfers. Il allait potentiellement diriger un clan, elle dirigeait la pègre. Il était encours d'acquisition du pouvoir, elle était la définition même du pouvoir.

Elle prit appuie sur ses genoux avec ses avants bras, se penchant légèrement en avant. Son regard froid, dénué de toute âme s'ancra dans les yeux de Yuri :

- On va commencer par les bases. Tu viens demander une faveur et tu  n'y mets pas les formes ?

Erreur fatale commise dès le départ, il aurait dû se présenter de manière plus humble. Ou peut être pas, il était difficile de savoir comment plaire à cette femme pour s'attirer ses bonnes grâces.

- Madame Kim, je souhaiterais vous proposer un dîner.

Ce fut le bruit de tasses s'entrechoquant qui lui servit de réponse. Seo n'en revenait pas, il avait failli en faire tomber le plateau contenant les boissons chaudes demandées. Heureusement il avait évité la catastrophe.

Son employeuse en fut agacée au vu de la remarque :

- Qu'il est dur de trouver du personnel de qualité.

Seo inspira en retrouvant l'équilibre global, s'inclinant respectueusement :

- Veuillez m'excuser. Et concernant les rendez-vous de Madame Kim, veuillez passer par moi. Je m'occupe de son agenda. Or elle est occupée.

- Annule. Je serais ravie que d'avoir une entrevue avec Monsieur Cha.

Le comportement austère de Perséphone venait de changer, elle semblait défier son assistant que de répondre. Se tournant vers Yuri, elle affichait un air plus amusé que d'habitude. Sans pour autant être une explosion de cette émotion, elle laissait paraître un certain intérêt.

- Merci ! Je vous propose ...

- Je vous envoie l'adresse et l'heure par SMS.

C'était trop beau pour être si aisé, il n'était en rien aux manœuvres. Il pourrait presque douté d'être venu sur l'idée de sa mère ou de lui même. Mee Na contrôlait tout. Et il avait la sensation d'être un gigolo à qui l'on faisait appel que lors de caprices. Car même si elle le vouvoyait maintenant, dans la manière de s'adresser à lui, le sous-entendu était assez clair : Il lui était inférieur.

Seo se demandait s'il allait suivre le même chemin que son prédécesseur : la mise au rebus.

DIE TO BORN [Édition Séoul] - TERMINÉEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant