71.
- Et quoi ? Je devrais être responsable de la déchéance de l'humanité ?
- Mee Na ! Tu mens ! Tu manipules !
- Est-ce ma faute si les idiots se font avoir ? Je propose certains contrats, certains deals. Et croire que la mafia ne viendra jamais réclamer l'acquittement des dettes, c'est être suicidaire. Je dirais donc que dans la mort que je donne, je n'ai que 50% d'implication dans tout ça.
- De la pitié. Les gens ne sont pas seulement tes ennemis ou tes victimes.
- Seo, crois-tu que les êtres humains peuvent faire preuve de compassion ?
- Évidemment, c'est le propre de l'Homme.
- C'est un concept présomptueux. Personne n'agit simplement pour le bien d'autrui, nous le faisons pour répondre à une attente. Ou une ambition personnelle. Je suis celle qui n'attend rien, je fais les choses sans hypocrisie. Et si quelqu'un se laisse berner, c'est son problème. C'est qu'à un moment donné, il a choisi d'emprunter la voie sinueuse qui l'a mené jusqu'à moi. Tout m'indiffère Seo. Parce que je suis née dans l'immondice des vices. Est-ce que maintenant que tu vois les choses comme les autres, je suis enfin laide ? Où es-tu encore empêtré dans ton dilemme pour savoir si je suis Jeon Jug-Eun ou bien Kim Mee Na ?
- Tu sais pourquoi j'ai accepté d'être ton nouveau valet. Je veux te sauver, parce que je veux t'aimer.
- Je n'aime pas les histoires tragiques à la Roméo et Juliette. Voilà mon vrai trait de personnalité, ce que je suis réellement. Je me joue de toi depuis le début. Lorsque tu faisais semblant de croire à ce que je te laissais voir, et maintenant ?
Elle attrapa le col de la chemise blanche de son second, ses ongles s'enfoncèrent doucement dans le lin. Il n'était en rien comme Miho, son apparence était trop sage.
- Parce que ressentir quelque chose te rendrait faible ? Je ne te trahirai jamais.
- En général, juste après cette phrase, on tente de me poignarder ou de m'empoisonner. Devrais-je surveiller mes repas ? Je vais peut être engagé un gouteur.
Alors qu'elle avait cet air impassible que l'agent lui détestait tant, elle se mit à sourire avec amusement. Il fallait dire que contrairement à Miho qui pensait que les émotions étaient un masque de façade, Seo était quant à lui convaincu que c'était son apathie qui était fausse. A l'heure actuelle, ils avaient échangé leur manière de penser.
Elle pencha la tête sur le côté, laissant ses cheveux de jais glisser sur son épaule. Passant sa langue sur sa lèvre inférieure, elle décida de se moquer un peu plus de cet homme :
- Les hommes comme toi, j'en fais mon petit déjeuner. Alors dis moi, es-tu toxic ?
- Ce n'est pas drôle.
- Oppa. J'ai survécu pour couper moi même le fil que les Moires veulent manipuler. Crois-tu que tu peux te tenir comme mon ennemi ?
- Je suis tellement désolé pour toi. Ça a dû être si dur pour toi de grandir dans un tel milieu.
- Ma mère était comme Déméter quelque part. Mais je ne regrette rien.
- Et si tu me laissais ...
- Tu veux m'aimer ? Mais tu aimes selon tes propres conditions. Tu veux que je sois meilleure selon ton propre jugement. Et c'est une chose des plus égoïstes. Où est donc passé l'amour romantique ?
Il se mordit l'intérieur de la joue, elle essayait de l'éloigner d'elle alors que dernièrement, il avait enfin l'impression d'avoir suffisamment gratté la surface de la carapace en titane qu'elle avait forgé.
Il était drôle d'être traité d'égoïste alors que sa vie entière ne lui avait pas été réellement dédiée. Quand tout reposait sur son altruisme pour le bien de la société, quand il ne voyait que par le biais de ses missions.
Mais dans le fonds, tout ça l'avait amené à quoi donc ?
A cette femme ? Toute aussi détruite que les vestiges d'un empire corrompu ?
Il était drôle de savoir que son surnom était Perséphone. Pendant un instant l'agent avait repris contenance face à l'effacement dont il avait fait preuve ces derniers mois pour gagner sa confiance :
- Et toi ? Est-ce que tu m'aimeras quand je te tirerais de tes ténèbres ? Ou alors le goût de la grenade a-t-il inhibé tout sens ? Que c'est drôle de savoir que tu es l'impératrice des Enfers, quand on sait que c'est grâce à Hadès que tu as pu être couronné. Ton règne, tu le lui dois. Alors pourquoi ne pas rendre cette épineuse coiffe ?
Elle avait repris cet air indéchiffrable, ses yeux aussi froids que les profondeurs d'un océan paisible, elle aurait pu très bien être un robot, qu'elle dégageait tout autant de chaleur :
- Tu me hais.
- Ne dit-on pas que de la haine à l'amour, il n'y a qu'un pas ?
- Et de l'amour à la haine aussi. Alors ne te plains pas que je joue sur un échiquier quand tu as toi même avancé tes pions. Sauf que tu es seul.
- Nous voilà enfin un point commun. Nous sommes tous deux, seuls.
- Et alors ? On nés seuls, on vit seuls et on finit par crever seuls. Alors fais le deuil d'une vie partagée.
- Pourquoi ? Tu n'as jamais été appréciée, tu ne voudrais pas essayer ?
- Avec toi ?
- Qui sait ? Je tenterais peut être de t'empoisonner comme tu le crains.
- Oh. Je n'en ai pas peur. Au contraire, ça sera avec plaisir que je prendrais toujours le verre que tu me tends. Seulement, auras-tu le courage d'intenter à ma sécurité alors que tu as un grave problème de syndrome du sauveur. Alors déteste moi ...
Elle se leva de sa chaise pour diminuer la distance entre eux. Il ne chercha pas à reculer, connaissant maintenant, parfaitement le fonctionnement d'intimidation qu'elle utilisait.
Le menton légèrement relevé, elle était venue oppresser son espace personnel, leur visage n'était qu'à quelques maigres centimètres l'un de l'autre.
- Déteste moi. Encore plus fort.
La provocation était écrasante. Il ne cilla pas.
- Déteste moi. Au point que me sauver t'arrachera le cœur. Alors déteste moi encore et encore, plus fort.
- Qu'est-ce que tu cherches à faire ? À quel point as-tu pu être brisée ?
- Tu ne sais pas à quel point, à quel point je suis l'enfant du chaos et de la mort. Sauve moi. Mais il faudra en payer le prix.

VOUS LISEZ
DIE TO BORN [Édition Séoul] - TERMINÉE
RomansUn endroit où les femmes ne se baladent pas, un endroit que les enfants fuient, un endroit que l'on évite le soir, car ce quartier était connu pour sa population dangereuse. Ce soir-là, un homme s'approcha du bureau de son supérieur, ricanant grass...