Epilogue

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Le tome 2 tant attendu est finalement paru en 2022, d'une manière bien étrange. Le titre était annoncé chez tous les libraires en ligne sans qu'aucun visuel de couverture ne soit disponible. Le titre lui même provoquait l'embarras. En quoi le monde gay était-Il moderne? Plus que le monde lui-même, qui sortait d'une pandémie, et semblait s'enfoncer dans la barbarie, affligé de dictateurs décidés à mettre les démocraties sur la défensive, à résoudre par la guerre des problèmes qui ne pouvaient être résolus que grâce à la guerre? Goebbels et Hitler se félicitaient en 1943 d'une guerre qui autorisait des solutions qui n'auraient jamais été acceptables en temps de paix. Un monde gay plus moderne que le monde toujours au bord du gouffre? Le monde gay n'était-Il pas encore et toujours un monde de funambules perchés sur la corde raide au-dessus de la foule qui s'émerveille, s'amuse et sue de trouille, en attendant, précisément que le funambule trébuche ou se casse la gueule? La drogue, la maladie, les blessures toujours ouvertes, et des difficultés à s'emparer des nouveaux droits acquis après tant de luttes et de souffrances : voilà la réalité d'une communauté dont le territoire demeure contesté. Moderne ou simplement contemporain? Peut-être l'éditeur avait insisté pour ce titre. Tout doit être moderne, et donner l'idée du progrès...Chauncey veut nous rassurer? Le premier tome démontrait qu'après des années de lumière le train pouvait de nouveau passer dans un tunnel, à la fois parce que l'homosexualité est une cause seconde, une variable d'ajustement, une occasion de clivages et de fracture, et une menace permanente pour une société reposant depuis des millénaires sur la domination des mâles sans pouvoir jamais se débarrasser de ce poison. Le droit nous protège? L'état de droit est menacé. Partout les apprentis dictateurs apprennent à saper les fondements de la démocratie. Tout ce qui tient debout l'Etat de droit est menacé, tordu, déformé: la justice, la presse...Poutine a renvoyé les homosexuels à l'invisibilité, il les a fait disparaître comme un prestidigitateur diabolique. Il faut protéger les enfants et les familles de la décadence et de la perversité! Le droit est un faible rempart...Quoi alors? L'histoire démontre que l'asservissement total est impossible et qu'à la fin toujours la révolte gronde. Rester sur ses gardes! La modernité n'est-elle pas aussi illusoire que la fin de l'histoire? L'occident y a cru, comme si l'accès aux biens matériels était synonyme de satiété, signifiait la fin des appétits pour ce qui ne se mange pas...Chauncey veut que les gays rentrent dans l'histoire pour ne plus en sortir et c'est sans doute la vraie modernité du propos, peu importent qu'ils soient une invention, comme les noirs furent une invention des blancs qui justifièrent l'esclavage par une prétendue race noire inférieure . Le génie une fois sorti de la lampe d'Aladin ne peut plus y rentrer...Ayant frotte la lampe au fond de la caverne, l'ombre s'est changée en lumière, l'ignorance en connaissance et ce trésor chèrement acquis ne peut être effacé. En vain les destructeurs de Palmyre ont abattu ses colonnes. Etre pour toujours acteurs de l'histoire, faire en sorte que l'histoire de la communauté soit inséparable de l'histoire de l'humanité. Voilà le défi de Chauncey. Il faut renoncer à être meilleurs que les autres, ne pas chercher à racheter une faute que nous n'avons pas commise, mais être là, tout le temps, avec notre différence.

Gay Paris Où les histoires vivent. Découvrez maintenant