Hanged, drowned and quartered

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Hanged drowned and quartered. Telle fut la sentence pour Hugues le Despenser, favori du roi Édouard II, lorsque la femme de ce dernier revint de France avec son amant Mortimer, pour chasser les deux amants mâles vers les terres du pays de Galles où il furent capturés. On peut se demander alors pourquoi la chronique représenta la sentence de manière différente, le supplicié monté et attaché sur une haute échelle, pour être bien vu de la foule, evince par le bourreau placé au même niveau sur une seconde échelle, avant d'être décapite et démembré. Avant lui Pierre Gaveston avait eu la tête tranchée par les barons révoltés. Dans la pièce de Christopher Marlowe, Edouard II est lui aussi assassiné. Florent se souvenait du film de Derek Jarman, tiré de la pièce, et porté à l'écran en 1991. En réalité il n'avait pas vu le film en entier, il l'avait juste aperçu par morceaux à la télévision. L'horrible scène du meurtre d'Edouard lui était restée en mémoire. Elle lui rappelait en permanence les souffrances de ses frères au cours des siècles.
By the way, Foucault avait sans doute raison concernant la création du personnage de l'homosexuel au XIX siècle. Car Despenser, comme Gaveston, est traité de sodomite ce qui diffèrent. Ni lui ni Despenser le Jeune ne peuvent être qualifiés de fiottes. Ce sont des hommes de pouvoir avertis, qui veillent à leur avancement, qui ne rechignent pas à mener bataille, à conduire des opérations militaires, conclure des alliances, ordonner des meurtres cruels. C'est d'abord la lutte pour le pouvoir qui se joue.
Mais ce pouvoir n'a pas à l'époque les moyens de tout régenter.
Il faut en effet attendre le XIX siècle pour que le développement de la science vienne alimenter les raisons d'étendre le contrôle de l'Etat à la sphère privée. Une science dévoyée et fallacieuse viendra justifier les totalitarismes du XX siècle et les tortures infligées à tous les déviants et dégénérés. Le raffinement de la torture est un spectacle. À l'évidence il est aussi un plaisir pour ceux qui ordonnent, exécutent et assistent. Viol en réunion. L'exécution de Despenser est un poème suggestif et cruel que les générations se repassent et ne manquent pas de saler au passage, d'orner de nouveaux rubans de soie. La victime hurle de douleur ou de plaisir? Quelle différence? Les cris se glissent sous la peau des bourreaux et des commanditaires comme une caresse qui les conduit par la main jusqu'à la jouissance. Au nom de la guerre, de la raison d'Etat, de la justice divine ou civile, l'homme ordinaire se voit ouvrir l'accès à ses rêves interdits. Dans la torture le pouvoir se mue en plaisir en franchissant les portes de l'interdit. Bête immonde.

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