Le sport

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Sport. On vous met ça dans la tête : les fiotes sont nulles au foot. Pas de foot, pas de sport. Bon pour aucun sport. En tout cas pas les sports collectifs. Les fiotes sont des fiotes et elles ont toujours peur du contact, de prendre des coups, d'avoir mal. Comportement de femelles, de juments hyper sensibles. Face au danger elles prennent la fuite. Jamais elle ne font face. Donc quand le ballon arrive vous voyez ce qui se passe. En un sens c'est bien. Qui voudrait se faire rentrer dedans par une fiote? Sans rire. Imaginez au rugby, un placage, un pédé accroché à votre short, qui dans la mêlée, mine de rien, vient vous caresser les couilles. Juste dégoûtant! À gerber! Donc les fiotes et le sport ça fait deux. Couture, peinture, broderie, avec les filles! Des le début on s'écarte, on laisse les autres jouer, interagir, grandir, prendre de l'assurance, du muscle. Les fiotes restent sur la touche, frêles, filiformes, ou trop grosses si elles soignent leur frustration en bouffant trop. Bien sûr il y en a qui passent au travers, qui ne se font pas repérer. Mais c'est à condition de ne rien dire, de faire semblant, de ricaner avec les  autres, de partager les vannes grasses. Bien entendu les parents luttent parce qu'ils sentent eux aussi que quelque chose cloche. Un mec qui ne s'intéresse pas au foot c'est pas normal. Au moins regarder les matchs à la télé, s'intéresser au sujet, connaître les joueurs, sauter sur le canapé. Même les meufs s'y intéressent. Les fiotes non. Les fiotes n'aiment pas les jeux de boules, c'est ce que tout le monde finit par se dire. L'arroseur arrosé quoi! Les victimes intériorisent, véhiculent le poncif. Dans son club de sport Florent avait croisé un italien travaillant dans une entreprise où les gays étaient largement majoritaires - ça existe - et avec son accent chantant il racontait l'histoire d'un hétéro qui parlait tout le temps avec passion du dernier match en arrivant au bureau le matin. Il l'avait pris à part et il lui avait dit : bon, depuis cinq ans bientôt que tu travailles dans c'te boîte t'as pas encore compris que personne ici ne regarde les matchs de foot ou alors juste pour mater les cuisses des joueurs? Intériorisée je vous dis , cette peur des boules. C'est comme un hétérosexuel face à une femme violée, il demande toujours si elle portait pas des jupes trop courtes. La victime devient le coupable. Un hétérosexuel ne veut pas jouer avec un pédé, et pour avoir la conscience tranquille, il dit que de toute façon les pédés ne savent pas se servir d'un ballon. Donc il ne reste que les sports individuels. Enfin le problème c'est que des qu'il faut passer par les vestiaires, c'est problématique.
Vous comprenez alors l'émergence des clubs de sport gays. Dans les grandes villes comme Paris on peut pratiquer tous les sports possibles : la course à pied, le vélo, le VTT, le handball, le volley-ball, la natation, le water-polo, le plongeon, le rugby, etc., avec des gays.
Vous comprenez ou vous comprenez toujours pas? En général les hétérosexuels  ne comprennent pas Le phénomène d'inversion. Même après un meurtre on n'arrive pas à se sentir coupable...ils vous regardent d'un air incrédule. Des clubs de sports gays? Comprends pas. Après ils osent pas trop aller plus loin. Une gêne s'installe. Mais ça tourne dans leur petite tête. Pourquoi ils font ça? Et nous y sommes à nouveau. Un petit rictus au coin de la lèvre. Ah oui, ce doit être ça : le fantasme des vestiaires, ils doivent passer plus de temps à baiser dans les douches que sur le terrain. Ben voyons! À part que c'est faux. Auto censure d'ailleurs. Florent avait coutume de dire: à la sortie de la piscine on te demande toujours combien on a fait de longueurs mais jamais qu'elle est la longueur de ta bite. D'ailleurs lorsque on retrouve les mecs du club sur les applis ils restent muets.
Non je baise pas avec les mecs du club. Pas d'embrouilles.
Donc les hétérosexuels font fausse route et s'il y a des clubs de sport gay c'est que les gays en ont raz la casquette de devoir se planquer dans les clubs hétérosexuels. Là au moins on fait du sport, et rien à planquer. Pour Florent c'était même sa respiration de la semaine après le bureau (le bal masqué).
Une fois Florent avait fait un petit test en famille :
Dans mon club on décerne chaque année le prix de l'hétéro le mieux intégré.
Non sans rire? Il y a des hétérosexuels?
Oui, surtout des filles qui en ont marre d'avoir des mecs aux trousses.
C'est le cas le plus fréquent.
Quand vous dites ça l'hétéro traduit immédiatement :mouais !, , des  filles à pédés. Si vous préférez, des meufs qui ont peur des mecs.
En fait pas seulement des filles, des couples aussi, Monsieur et Madame, des couples qui fréquentent les gays, les apprécient et trouvent que de faire du sport avec eux est une bonne idée. Ce qu'ils y trouvent? Une atmosphère plus décontractée, de franches rigolades et plus de contact humain que dans les autres clubs. Tout le monde parle à tout le monde ce qui n'est pas toujours le cas ailleurs.
Le sujet avait fait long feu. Vous pensez, au beau milieu du déjeuner de famille, un dimanche.
Bref ce mélange, hétérosexuel plus homosexuel, c'est comme l'huile et l'eau. Pourtant ça marche, et c'est une bonne façon de se comprendre. Vivre ensemble.
En fait c'est souvent comme ça avec les entraîneurs. Ils peuvent être gays ou pas. Ce qui les intéresse d'abord c'est leur discipline. Mais quand même on ne peut pas rester totalement en dehors du bassin, ne pas traverser la frontière. Une fois la fille qui faisait l'entraînement était devenue rouge comme une pivoine lorsqu'elle s'était rendue compte que personne ne l'avait écoutée donner les consignes pour l'échauffement.
Ma parole vous êtes pedophiles!
La vérité est que le groupe était juste en train de mater quelques lycéens en train de se rhabiller sur le bord du bassin. Jeunes, musclés, tendres, irrésistibles. Et la moyenne d'âge du club était un peu au dessus de 45 ans...
LEILA avait juste mis un peu de temps à réaliser, et c'était la cause de son trouble. Tout le monde est parti d'un grand éclat de rire. LEILA était gentille, impliquée, pleine d'attention et elle cherchait sincèrement à comprendre des gens qui ne fonctionnent pas comme le commun des mortels.

Gay Paris Où les histoires vivent. Découvrez maintenant