1346, Édouard III était venu en maraude dans le Nord de la France, et après l'avoir longtemps évité, fut contraint d'affronter Philippe VI de Valois. L'infériorité numérique de son armée n'empêcha pas les long bows anglais de décimer les fiers chevaliers Français qui se présentèrent en désordre et en vagues successives pour se faire mieux occire. Telle fut la défaite de Crécy. Deux ans plus tard survint la grande peste. Venue de l'orient elle remonta par le Sud, dévasta l'Europe entière et ne fut arrêtée que par le grand hiver Russe. Personne ne put rien y faire, ni les charlatans ni les curés, ni les médecins.
Ce fut la même chose au début avec le Sida qui fut confié au service des maladies tropicales. Florent se souvenait d'une émission de télévision, qu'il avait vue bien plus tard et qui faisait état d'une première épidémie à Kinshasa, dans les années 60. Puis tout le monde avait oublié ces morts inexpliquées. La peste aussi était une revenante, après six siècles d'absence.
Pour le SIDA les médecins ont mis longtemps à identifier une stratégie thérapeutique efficace: après l'identification du virus en 1981 il a fallu attendre 1996 pour que les trithérapies fassent leur apparition. Entre temps les victimes sont tombées comme des mouches.
Florent n'arrivait pas à se remémorer précisément la chronologie de la maladie concernant ses proches. Le point de repère le plus fiable avait trait au début de sa carrière, dans une grande administration. Il ne se souvenait plus exactement comment mais il avait appris que Jean-Pierre, qui travaillait aussi dans l'administration mais au Ministère de la culture, était arrêté pour maladie depuis un mois. Ce devait être en 1986 ou 1987. Florent avait appelé, sans doute la secrétaire de son ami, pour avoir des nouvelles. Quand elle avait annoncé qu'il était hospitalisé, il avait demandé où.
A la Pitié Salpetriére, au service des maladies infectieuses. Le sang de Florent ne fit qu'un tour. Il remercia et raccrocha, un peu étonné tout de même d'obtenir si facilement ce renseignement dont la signification ne faisait pas de doute.
Il se rendit à l'hôpital le dimanche suivant. La Pitié est une ville dans la ville. Il se souvenait parfaitement avoir suivi les longs méandres d'une ligne jaune, en passant sous des porches sombres. Lorsqu'il entra dans la chambre il n'y eut aucune surprise. Jean-Pierre annonça qu'il était soigné pour une pneumocystose. C'était suffisant pour comprendre la situation. La maladie avait été prise à temps et elle n'était pas en elle-même inquiétante.
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Gay Paris
Ficción GeneralGeorges CHAUNCEY n'a pas encore publié la suite de Gay New York. Le personnage de cette biographie a tant attendu ce deuxième tome. Il désespère. Alors il a écrit une histoire, sur le dos ce qu'il a vécu. Regard personnel mais aussi réflexion socio...