7) A-mort-entia

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✧ ೃ༄*ੈ✩

Le poids qui déforma la mousse du canapé la fit ouvrir un œil, puis l'autre. Elle sentait son parfum s'infiltrer dans ses narines, elle sentait une présence près d'elle. Lorsque ses yeux s'accoutumèrent à l'obscurité, plus de doutes possibles : Mattheo était là, assit sur le canapé de velours, les cheveux en bataille, des cernes brunâtres et un coquard en prime.

Flora se redressa, confuse. Son estomac se tordait dans tous les sens. Un marteau piqueur explosait son crâne de l'intérieur. Sa gorge était sèche, elle mourait de soif. Plus jamais elle ne toucherait à une bieuraubeurre de sa vie.

Rien que d'imaginer le breuvage lui donnait la nausée. Elle entendait déjà Hermione dire « je t'avais prévenue ». De toutes évidences, son amie avait toujours raison.

Pendant un instant, ils ne dirent rien. Juste du silence.

Enfin, Mattheo osa tourner la tête et regarder la Poufsouffle qui semblait troublée.

Elle avait changé avec les années. Ses petites joues joufflues, son air insouciant et désinvolte, les noeuds dans ses cheveux avaient laissés place à un visage affiné, les traits tirés de souffrance, de beaux yeux en amande qui brillaient toujours de milles éclats. Ses longs cheveux étaient emmêlés par cette folle nuit. Les nœuds pour toujours. Mattheo aimait bien ça, cette désinvolture capillaire. Un point commun parmi tant d'autres.

Flora tira sur son pull jaune, couleur tournesol, comme pour mieux respirer. Elle étouffait.

« Comment va Salem ? »

Sa voix avait brisé le silence.

« Tu lui manques. »

Ce fut au tour de Mattheo d'avoir la gorge sèche et les mains moites. Il avait désespérément besoin d'être guidé. Il semblait ne jamais prendre les bonnes décisions. Il ne savait pas quoi faire, il ne savait même pas qui il était. Son être tout entier n'avait aucun sens. Et si ce soir, pour une fois, il tentait l'honnêteté.

« Il me manque aussi. »

Flora planta son regard de miel dans le regard vitreux de Mattheo. Il se rapprocha un peu, frottant le velours sous ses doigts comme pour se donner l'air détendu.

« Qu'est-ce qu'il se passe avec Malfoy ? Avait-il demandé et sa voix s'était cassée.
- Rien. Je me suis retrouvé sur le front de votre guerre familiale et je regrette, répondit la Poufsouffle les yeux brillants.
- Je voulais te protéger.
- En m'insultant ? »

A présent offusquée, Flora coupa tout contact visuel et des petites perles salées s'échappèrent de ses yeux.

Malgré tout, elle avait toujours conservé amour et estime dans son cœur, bien au chaud, envers son premier ami. Savoir qu'il était capable de la regarder dans les yeux et de l'insulter avait détruit un morceau de son estime.

« Ne le prend pas pour toi, quand je suis fatiguée, je pleure pour tout et n'importe quoi.
- Je sais, sourit Mattheo.
- Tu m'as blessée, admit la jeune femme.
- Je sais. »

En essuyant les larmes d'un revers de pull, Flora demanda :

« Pourquoi ? »

Bonne question. Son plus grand regret avait été de mettre des distances avec elle. Il en avait tellement souffert. C'était nécessaire. En tout cas, il préférait s'en persuader.

« Je n'arrive pas à te laisser m'aimer alors que moi-même je n'y arrive pas. »

Mattheo précisa :

« À m'aimer, moi. Tes amis ont raison, Flora, je suis dangereux.
- Je veillerai sur toi. »

Les larmes montèrent jusqu'à ses yeux mais il n'était pas assez vulnérable pour les laisser couler. Sans trop savoir pourquoi, il se mit à genoux, attrapant la main froide et douce de la Poufsouffle.

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