82) Au vide et au chaos

218 16 37
                                    


✧ೃ༄*ੈ✩

Quand son corps, trempé et tremblant, s'allongea sur le sable granuleux, dont les petits morceaux de coquillages perforaient la peau tendre de son dos, Mattheo souriait à pleine dent.

Chacune des sensations qui le traversait lui semblait délicieusement inédite et nouvelle, autant le vent qui donnait à sa peau la chair de poule que le ciel sombre illuminé d'astres, que le parfum floral et sucré de Flora qui lui chatouillait les narines.

Le bonheur le submergeait lorsque cette dernière riait aux éclats en lui retirant son t-shirt qui lui faisait une seconde peau, lorsque ses deux mains gelées caressait son torse et que ses doigts survolaient ses cicatrices.

Aux yeux de Flora, il n'avait rien de monstrueux. Plus de sang sur les mains. Plus de balafres sur le corps. Elle ne le regardait pas comme le reste du monde le regardait. Elle ne l'avait jamais fait.
Il n'était plus que lui, vulnérable et enivré et le regard tendrement chaud qu'elle posait sur lui lui faisait tourner la tête.

Il se sentait regardé. Vu. Entendu. Pour de vrai. En profondeur, sans artifices, sans mensonges.
Et aimé. Malgré ce tatouage, malgré ces cicatrices, malgré lui.

Sa main se perdait dans les cheveux coupés et salées de Flora, il aimait presser sa main dans l'infini de sa chevelure, tenir fermement quelques mèches emmêlées et ainsi attirer son visage au sien pour seceler leurs lèvres, encore et encore.

Mattheo ne pouvait réfréner ses sourires, sa passion, son soulagement et sa joie. Il ressentait tout cela et bien plus encore. Les émotions le submergeaient comme c'était le cas à chaque contact physique entre eux.

Les vagues de la mer claquaient contre leurs jambes, s'enroulant autour de leurs pieds.

Il ferma les yeux, se laissant engloutir par l'immensité de cette nuit, l'intensité des caresses et des baisers, n'existant plus que par les sens.
Le reste lui semblait flou et lointain, presque inexistant, risible et secondaire. Il n'y avait plus que deux mains contre son torse, des lèvres contre les siennes, des griffes dans son dos et de l'écume à ses pieds. Rien d'autre.

Son cœur s'emballa de plus en plus vite à mesure que la passion les dévorait. Il perdait le contrôle.
Flora se tenait sur lui, il sentait sa poitrine, la chaleur de son corps, ses cuisses entourées ses hanches.

Ses mouvements étaient réduits.
Bientôt, il eu du mal à respirer et la nausée lui tordit l'œsophage.

Daphnée se tenait au dessus de lui, de tout son poids, ses mains tenant fermement ses poignets, il ne pouvait pas bouger alors il fermait les yeux.
Il haïssait et aimait cela à la fois, cette vulnérabilité, cette sensation. Son corps réagissait. Son esprit s'éteignait.

Cette main qui descendait trop bas le fit hurler et ouvrir les yeux.
Flora se stoppa, la bouche grande ouverte et se dégagea immédiatement, le cœur battant à la chamade.

Le silence se faisait déchirant lorsque Mattheo posa son regard horrifié sur elle et une étincelle de réalité l'éclaira.
Il avait perdu la notion du réel et du délirant. Il avait oublié cette plage, cette nuit, cette fille et son cerveau lui avait joué un tour machiavélique.
Ce n'était pas le Manoir, ce n'était pas Daphnée et il avait même été l'initiateur de ce batifolage marin.

La poitrine de Flora se soulevait frénétiquement, comme si elle retenait ses pleurs et que sa respiration se faisait difficile.
D'une main tremblante, elle tendit à Mattheo le tissu chiffoné et imbibé d'eau salée pour qu'il l'enfile à nouveau, qu'il se protège.

People You KnowOù les histoires vivent. Découvrez maintenant