46) Cessez-le-feu

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Sans trop savoir pourquoi, certainement sous le coup de la panique et par instinct de survie, Flora se pencha sur le corps tétanisé de Mattheo pour embrasser ses lèvres. Aussi tendrement et profondément qu'elle le pu.

Un éclair traversa les iris ébène du garçon. L'inattendu baiser lui avait fait l'effet d'un violent électrochoc et le sortit de sa stupeur.
Flora lui tendit la main. Il l'attrapa en même temps de se relever avant d'enclencher une course contre la montre. Ils devaient courir aussi vite que possible. Le sol se rompait sous leurs pas.

Ils se tenaient si fort que si l'un tombait, l'autre tombait aussi. Si l'un mourrait, l'autre mourrait aussi.
Ils prirent la direction d'une autre aile du château, leurs pieds n'effleuraient qu'à peine le sol tant ils courraient vite. Un probable record du monde de vitesse venait de s'établir à leur insu.

Une fois hors de danger, ils se lâchèrent pour reprendre leur souffle, leur esprit, les mains sur les genoux repliés d'épuisement. Leurs poumons brûlaient, leurs gorges étaient sèches et irritées par la fumée.

Mattheo se laissa tomber au sol, le silence et le calme contrastait de façon horrible avec les évènements précédents.

Il entendait encore raisonner dans son cerveau le cri de douleur qu'avait lâcher Theodore tandis que les flammes l'angloutissaient tout entier. Mattheo commençait à suffoquer, à la limite de l'hyperventilation.
Flora s'abaissa à sa hauteur, les yeux brillants, le visage tacheté de cendre.

"Pourquoi tu restes ?"

Il lui lança un regard confus, brillant de larmes, l'air fragile comme un enfant. Flora lui prit la main gauche et retorqua :

"Pourquoi tu la portes encore ?"

Mattheo roula des yeux.

"Il est mort ?
- Oui, Mattheo. Je suis désolée..."

Elle se mordait si fort l'intérieur des joues qu'elle en saignait. Flora essayait tant bien que mal de ne pas s'effondrer maintenant. Elle ne pouvait pas se laisser aller à ses émotions tout de suite.

Refraînant ses larmes, sa peine, le traumatisme, la Poufsouffle tentait tant bien que mal de rester forte. À tout moment, un ennemi pouvait lui sauter à la gorge.
Elle devait se mettre à son poste, à la tour d'astronomie, auprès des jumeaux.

"Pars, Mattheo, tu as déjà assez subit cette guerre comme ça."

Il avait vraiment l'air régressé, d'un petit garçon livré à lui-même. Il hocha négativement la tête.

"Toi aussi, dans ce cas.
- Non, s'opposa fermement Flora, des personnes comptent sur moi. L'Armée de Dumbledore compte sur moi ! Tu nous as abandonné mais je ne leur ferais pas ça. Ils ont besoin de moi.
- Ils vont me tuer, Flora, parce que je n'ai pas protégé le diadème...
- Alors pars ! Pars loin."

Ses paroles le blessaient mais ce n'était là que le revers de la médaille. Il le méritait et en avait conscience. La tendresse avait laissé sa place à la fermeté. Une nouvelle explosion résonna au loin. Flora se redressa, à l'affût, stressée.

"Je veux venir avec toi, geint Mattheo en pleurant.
- Non plus. Dégage. Tu as tué mon père, ton meilleur ami. Tu m'as abandonné. Tu as laissé tomber Poudlard."

Mattheo se cacha le visage entre ses mains, essayant de respirer. Il avait l'impression de mourir.

"Je n'ai pas tué ton père, Flora...
- Tu savais qu'il y aurait une attaque au ministère !
- Et j'ai choisi de te protéger toi ! Cria Mattheo en pleurant de plus belle. Je ne t'ai pas abandonné, je suis parti parce que toi, tu ne me protégeais plus.
- C'est beaucoup trop simple de te positionner en victime. Pas avec moi, Mattheo. Si tu es encore en vie à l'heure actuelle, c'est grâce à qui ? À moi ! J'aurai pu te laisser mourir dans les flammes.
- Flora, je suis désolé ! J'ai été... impulsif, stupide, et...
- Et jaloux ! S'énerva t-elle. Putain, Mattheo ! Si tu savais à quel point je t'aimais, à quel point je t'aimerais TOUJOURS, tu... Puis merde ! J'ai plus le temps pour ça."

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