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10) L'Inquisition

Une odeur de thé froid, de porcelaine et de poussière se dégageait du petit bureau rose, décoré de chats en tous genres. Flora frissonna en entrant. Elle savait ce qui l'attendait ici. Harry en avait déjà fait les frais, Hermione lui avait raconté. Les mains moites d'appréhension et de colère, la jolie Poufsouffle tira une lourde chaise en chêne autour d'un petit bureau isolé et se laissa tomber dessus. Le bruit du bois contre les dalles résonna longtemps dans la pièce.

« Mademoiselle Scamander, brailla Dolorès Ombrage, vous m'écrirez 50 fois « je respecte les décrets ». Vous avez une heure. »

Flora toisa froidement la nouvelle enseignante des défenses contre les forces du mal. De petite taille, le visage gras et rond, la voix aussi aiguë qu'une petite fille mutante, étouffant dans son ensemble rose fushia. La ministre avait été nommée à Poudlard et s'était proclamée Grande Inquisitrice. Nouvelles règles, nouvelle école. Tous les sorciers venaient ici à reculons. Le ministère se mêlait à présent des affaires de Poudlard, certainement parce que Harry Potter clamait le retour de Voldemort.

Chahuter dans les couloirs avec Mattheo lui avait valu cette punition. Bien-sûr, Riddle n'avait rien eu. Ombrage le couvait. Elle savait très bien qui il était.

« Bonjour. »

Une voix rauque et masculine raisonna dans la pièce faisant sursauter les deux femmes. Mattheo entra, tira à son tour une lourde chaise pour s'y assoir. Flora tenait la plume entre ses doigts, livide. Elle savait ce qui allait lui arriver si elle écrivait sur ce maudit parchemin. La Poufsouffle lança un regard de détresse à Mattheo qui lui répondit d'un clin d'œil.

« Monsieur Riddle, dit Ombrage en s'approchant d'eux, nous n'avions pas rendez-vous.
- Je suis là pour la retenue.
- Vous n'êtes pas retenu.
- Bien-sur que si, madame. Si ma camarade l'est, je le suis aussi. Nous étions ensembles, après tout.
- J'exige plus de distances entre les filles et les garçons, Monsieur Riddle. »

Mattheo recula sa chaise de quelques millimètres. Ombrage tiqua. Ce sale gosse la provoquait.

« Que devons nous écrire ? »

Ombrage toisa l'enfant maudit de haut en bas en expirant fort par le nez. Elle ne pouvait pas le punir. Pas lui.

« Tout d'abord, monsieur Riddle, veuillez réajuster votre uniforme. »

Mattheo boutonna sa chemise jusqu'au cou et resserra sa cravate.

« Pardonnez-moi, Dolorès. »

La professeure rougit. Il ressemblait tant à Tom. Un très beau garçon, si froid et ténébreux. Leur ton de voix ferait vibrer n'importe quelle femme. Elle se ressaisit en secouant la tête. Sa réaction amusait Mattheo, assit les jambes écartées, les bras croisés, cet éternel air de délicieuse arrogance scotché au visage.

La situation n'amusait pas du tout Flora, tétanisée sur sa chaise, figée, la plume entre les doigts. Elle avait peur. Comme un petit lièvre prit en chasse. Elle s'imaginait l'atroce douleur de cette punition. Son cœur battait si fort qu'elle ressentait les pulsations de son pouls contre ses tempes. A cet instant, la jeune femme réalisait que l'heure était grave.

Extrêmement grave. Poudlard n'était plus un endroit où elle se sentait en sécurité. Celui dont on ne doit pas prononcer le nom régnait en maître partout. Elle sentait sa présence dans les murs de l'école. Elle sentait sa présence quand Ombrage placardait des arrêtés stupides dans les couloirs, quand elle se permettait d'inspecter et de renvoyer les professeurs, quand elle torturait avec le sourire les apprentis sorciers. Elle le sentait quand Mattheo avait le regard dans le vague, d'immenses cernes sous les yeux et se terrait dans le silence. Quand Potter lui racontait pour la énième fois sa confrontation avec Voldemort. Ils étaient en danger de mort. Un spasme d'horreur la parcouru. Le Serpentard le remarqua tout de suite.