26) Rouge ou vert

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Une bonne humeur générale s'était emparée de ses camarades. Ils étaient, la plus part du temps, joyeux et amusants. Les jumeaux chahutaient, amusants la galerie. Ginny riait de bon cœur aux âneries de ses aînés, Ron soufflait de désespoir.

Flora agitait ses jambes sous la table, nerveuse, déconcentrée, papillonante. Elle écrasait avec sa fourchette des morceaux d'œufs brouillés.

"Flora, l'interpella Hermione qui s'était installée à côté d'elle, tout va bien ?"

En la regardant, Flora se demanda si Hermione connaissait en détails le secret de Mattheo. Elle l'avait couvert et protégé à son détriment. Maintenant qu'elle savait la vérité, elle n'arrivait plus à en vouloir à Hermione.

"Oui. Et toi ?"

Sa meilleure amie la toisa, l'air de dire qu'elle ne la croyait pas une seconde. Hermione était brillante, observatrice, fine analyste. Il était évident que les regards en catimini qu'elle lançait à la table verte du fond n'était pas sans lien avec sa nervosité. Hermione lui chuchota dans l'oreille :

"Tu sors toujours avec Fred, ce soir ?"

La Gryffindor était quand même un peu déçue, au fond. Mattheo avait toujours tout fait pour Flora sans même qu'elle ne s'en rende compte. Il n'y avait pas plus pure et sincère preuve d'amour au monde. Pauvre Mattheo, songeait Granger.

Flora haussa les épaules, à présent incertaine. Quelques heures auprès de Mattheo lui avait fait remettre ses choix en question.

"Tu es indécise ?
- Je l'apprécie beaucoup, avoua Flora dans l'oreille d'Hermione, il est génial et drôle. Attentionné aussi.
- Mais ?
- Il n'y a pas de "mais", j'ai peur. C'est tout."

Elle secoua ses jambes encore plus fort sous la table en laissant retomber sa fourchette dans l'assiette de porcelaine. La nuit fut courte. Le brouhaha général, les rires, la lumière trop forte, les parfums des uns et des autres l'agaçait. Elle avait besoin de calme et de repos. Les cauchemars avaient dominés sa nuit. Au réveil, elle pensait en boucle à Mattheo qui lui avait affirmer savoir qu'elle n'était plus amoureuse de lui.

Depuis qu'il avait prononcé cette phrase, elle se sentait terriblement confuse. Depuis à peine quelques jours, Flora avait retrouvé la mémoire. Elle se souvenait de tout. Ses sentiments n'avaient jamais disparus, ils s'étaient tus avec ses souvenirs supprimés. Et malgré cela, elle était tombée sous son charme une deuxième fois.

Flora avait peur. Peur que rien ni personne ne rivalise jamais avec les émotions et les sensations que ce garçon était capable de lui procurer. Tous les chemins le ramenaient vers lui.

"On peut sortir de là ? Il y a trop de bruit. "

Hermione constata que son amie n'avait rien avalé. L'heure était donc grave. Les deux copines quittèrent la table pour regagner l'extérieur. Flora avait besoin d'air frais.

La brume matinale se dissipait. Les fleurs commençaient à éclore. La rosée matinale sentait meilleure que les effluves de nourriture, de parfum et de dentifrice des uns et des autres. Le chant des oiseaux l'apaisait. La Poufsouffle avait toujours eu un grand amour pour la nature, ses habitants et ses paysages. Le parc, de bon matin, plongé dans le calme d'une journée printanière, était ce qu'il lui fallait.

Elle grimpa sur le rebord en pierres brutes du couloir extérieur qui donnait vue sur l'étendue d'herbe majestueuse. La légère brise léchait ses jambes nues qu'elle tendait vers le vide. Ses epais cheveux de miel et de feu virevoltaient avec douceur. Hermione s'installa à côté d'elle, la frange décoiffée par cette même brise.

"C'est mieux ? S'inquiéta t-elle.
- Oui, beaucoup. J'espère que tu n'avais plus faim.
- Non. Alors, pourquoi as-tu si peur ?
- De faire le mauvais choix, j'imagine."

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