15) L'amorçe d'un adieu

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Penchée sur le piano à queue, Flora s'appliquait à reproduire la mélodie que sa mère lui avait apprise. La classique Lettre à Élise. Les rayons dorés du soleil traversaient les rideaux à moitié tirés de la salle commune faite de jaune et d'or.

Les cheveux maladroitement réajustés en chignon, Flora souffla en reprenant son cahier de partitions. Déjà trois jours que les cours avaient reprit et Mattheo n'était toujours pas de retour. Après avoir consulté ses notes, ses doigts s'élancèrent agilement sur les touches et une mélodie harmonieuse naquit. Elle essayait d'occuper son esprit à autre chose.

Harry avait perdu son parrain il y a quelques jours. Tué par la mère de Mattheo au département des Mystères. De sang froid, elle avait abattu un membre de sa propre famille. Flora commençait à se faire un sang d'encre pour Mattheo. Ce soir-là, Harry avait apprit de la prophétie que Voldemort devrait mourir s'il voulait vivre -et inversement. Voldemort avait implanté en Potter des visions. Flora soupira comme pour extérioriser son inquiétude tandis que ses doigts s'agitaient toujours sur les touches.

« Tu m'avais caché ce talent. »

Elle sursauta, surprise, se pensant seule dans la salle commune des Poufsouffle. Cette voix lui était familière, tellement familière... elle se précipita sur le nouveau venu, manquant de tomber contre les dalles marrons qui recouvraient le sol. Flora se jeta au cou de Mattheo qui la serra si fort contre lui qu'elle ne pouvait plus respirer.

« Mais enfin, où étais-tu passé, je... »

Elle se stoppa, choquée, en découvrant l'état du visage de Mattheo. Aucun son ne sortait de sa bouche entre-ouverte. Une énorme balafre cicatrisante tranchait son visage en deux.

« Je ne souhaite pas en parler, avoua Mattheo, gêné.
- Qui t'as fais ça ? S'écria alors Flora. Qui ?
- Calme toi. C'est rien, je l'ai mérité. »

Flora pâlit, les yeux embrumés.

« Dis-moi.
- Çe ne changera rien, crois-moi. »

Quelque chose de grave s'était passé, elle en avait la preuve formelle à présent. Mattheo lui attrapa les mains avec douceur. Lui aussi avait envie de pleurer. À présent, ils ne jouaient plus dans le même camp. Il n'arriverait plus à rien pour la protéger et comprenait sa frustration. L'un comme l'autre étaient impuissants.

« Joue encore un peu, j'ai aimé t'entendre. »

Ils prirent place sur le banc en moquette poussiéreuse tandis que le soleil se couchait un peu plus. Flora lui montra les premiers accords, Mattheo les reproduisait. Rire lui faisait tant de bien et de mal à la fois. Avec elle, plus rien d'autre autour n'existait. Ces foutues histoires de Mangemorts, ces foutues tortures, tout était oublié. Mais à l'instant même où ils se quitteraient, la réalité le frappera de plein fouet.

« Tu m'as manqué. » lâcha Flora en tournant le visage vers Mattheo, le regard triste.

De toute évidence, il n'avait pas passé le plus merveilleux des Noël. Son estomac se noua. Elle ne laisserait jamais personne lui faire du mal. Le fait que ce soit tout de même arrivé la rendait horriblement frustrée. Son amour n'égalait pas un bouclier. Il ne pouvait pas le sauver de tout.

Elle rapprocha son visage de celui du garçon avec précaution pour ne pas lui faire plus mal. Délicatement, Flora déposa un premier baiser sur les lèvres rêches et balafrées de Mattheo. Alors qu'elle se détachait en lenteur, Mattheo lui rendit avec plus d'ardeur. Jamais il n'avait vraiment su contrôler sa passion -ce qui ne déplaisait à aucun des deux. Le coude de Mattheo dérapa sur le piano, des notes graves retentirent et ils sursautèrent en éclatant de rire.

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