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[Cold Hands.]

C'est en sortant de l'université, au moment où j'aperçois Emma adossée au mur recouvert de bois, que je réalise que la semaine est enfin achevée. Fulgurants. C'est ainsi que je décrirais ces derniers jours. Quand Emma me voit, elle retire le crayon qui maintient ses longs cheveux blonds, griffonne quelque chose sur le carnet qu'elle contemplait, puis fourre le tout dans son cabas. Quelques pas suffisent pour que je la retrouve et son sourire m'accueille avec entrain.

— Salut, ma belle !

— Em' ! Je croyais qu'on se donnait rendez-vous directement au bar ?

— J'ai changé d'avis.

Je grimace en voyant la malice dans ses yeux. Emma, je la connais par cœur. Depuis quelques années, elle est devenue plus que ma meilleure amie et j'ai bien l'impression qu'elle a une idée en tête. Le genre d'idée que je n'aime pas tellement.

— Ben et Tom nous rejoindront devant le Cold Hands, mais toi et moi, on va se préparer ensemble. Chez toi, juge-t-elle bon de préciser.

— Tu veux jouer à la poupée, Em' ?

— Ne prends pas cet air blasé, Loïs ! rouspète-t-elle. Le Cold Hands c'est un peu ta forteresse de solitude. Tu te sens tellement bien là-bas que tu n'avais même pas prévu de te changer.

— C'est faux.

— Oh ! laisse-t-elle échapper tandis que ses lèvres forment un « O » parfait.

— Ben doit adorer te voir faire ça avec ta bouche.

Ses yeux s'écarquillent subitement, sa main vient cacher ses lèvres et j'éclate de rire. Elle me pousse gentiment quand je passe devant elle et je l'entends trottiner pour me rattraper.

— En général, quand je fais ça avec ma bouche, il sort la langue, réplique-t-elle d'un air effronté.

Une fois chez moi, nous n'avons plus beaucoup de temps pour nous préparer. Finalement, je comprends qu'Emma avait seulement envie de s'apprêter avec moi et pas tellement de jouer à la poupée sur moi, comme elle s'y amuse parfois.

Donc, après avoir pris une douche rapide, je m'habille comme je le fais toujours quand j'assiste à un concert, de façon confortable. Et le confort ultime pour moi se résume en quelques mots, ou plutôt quelques types de fringues. Tout d'abord un body, celui de ce soir est bleu marine, moulant, son décolleté est plongeant et ses manches sont courtes. Puis, un jean, souvent avec une taille plutôt haute et une coupe droite. J'en choisis un brut très sombre. Ensuite, des bottines sans lacets, avec des talons moyens, larges et carrés. Enfin, mon blouson en cuir joliment usé, avec des poches intérieures qui – et c'est essentiel – sont munies d'une fermeture à glissière. Et, peu importe le jour de la semaine ou le moment de la journée, je porte toujours quelques bijoux et un peu de parfum. Je vide mon sac à main sur mon lit et je glisse mon téléphone, mon rouge à lèvres, ma carte bancaire et deux préservatifs dans ma veste. Je me retourne et je vois Emma en train de boucler ses cheveux.

— Tu es déjà prête ?

— Oui.

— Tu as oublié de te coiffer.

— Non.

Elle grimace en s'approchant de moi, pour passer ses doigts dans mes cheveux, bien sûr ils s'emmêlent dedans. Pourquoi faut-il qu'elle tire, maintenant ?

— Tu pourrais te coiffer, Loïs. Ou au moins, te peigner, dit-elle en entamant les négociations.

— Je pourrais aussi enfiler un bonnet.

Folie toujoursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant