[Le 106.]
Devant ma penderie, je repense aux mots d'Alex, la veille avant de nous séparer.
— Je suppose que tu vas mettre un body demain.
— Comment le sais-tu ?
— Cold Hands.
Ces simples mots évoquent aussitôt la première fois où nous nous sommes croisés lors d'un concert.
— J'aime beaucoup le noir avec les côtés transparents. Je n'ai pas encore eu l'occasion de te l'enlever.
Avec la folle envie qu'il me l'arrache, je mets donc le body noir, présentant des empiècements en tulle sur les flancs. Parée de mon jean, mes bottines et mon blouson en cuir, je rougis mes lèvres avant de saisir un grand cabas. J'ai proposé aux garçons de prendre des provisions pour la soirée.
En sortant de chez moi, l'habitude me pousse à observer l'intérieur du café. Tom se fige quand nos regards se croisent pour la première fois depuis cette nuit sur la plage. Son geste me paraît timide, presque fébrile, mais il lève la main pour me faire signe. Mes doigts s'animent d'abord sans mon accord, mais je me ressaisis et ferme le poing contre ma cuisse. Je dois continuer de l'ignorer, c'est trop tôt, c'est sans doute mieux pour lui.
Deux rues plus loin, une bande de trois mecs me bloque le passage. Le premier est le plus trapu des trois, mais son expression est éclatante. Ses cheveux bruns, presque noirs, sont coupés très court et ses boots en cuir ont l'air d'avoir vécu quelques péripéties. Le second est clairement le plus grand. Il arbore une chevelure moins sombre, bien qu'un peu plus longue et mal coiffée. Sa barbe de quelques jours masque le sourire en coin qu'il m'offre. Et le troisième qui porte ses cheveux châtains coiffés en catogan semble sautiller sur place. Lui, il ne sourit pas, il s'éclaffe bruyamment.
José, Alex et Renaud m'attendent devant le bar.
— Première virée avec nous, ma belle ! T'es prête ?
— Shopping, apéro, tapas ? J'ai connu plus sauvage !
— Viens, que je te présente ma voiture, dit José avec fierté
Un peu plus loin, dans un box situé à une rue de là, je regarde José sortir sa caisse. Pas n'importe laquelle, une voiture de collection, une américaine des années soixante.
— Tu m'avais dit que tu aimais les voitures, José, mais là je dois dire que je ne m'y attendais pas.
— Chevrolet...
— Impala, 1964 ?
— Oh, oh ! glousse Renaud derrière moi.
José écarquille les yeux et semble retenir son souffle. Il fronce les sourcils tout en approchant de moi, sans savoir comment prendre ma remarque.
— Tu t'y connais en voiture, Loïs ?
J'aimerais lui faire croire que oui, continuer de le mener en bateau, mais je croise le regard d'Alex et il éclate de rire.
— Alex te l'a dit ?
— Il me l'a dit.
— Tu m'as fait peur, j'allais tomber amoureux de toi, Loïs !
— Même pas en rêve, dit Alex en le repoussant gentiment.
— Je n'ai même pas le permis, José.
Je balance ça avec nonchalance tout en montant à l'arrière, Alex me suit et Renaud passe devant.
— Tu as raison, même pas en rêve, confirme José.
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Folie toujours
Romance"Si tu tombes, je tombe." Alex la trouve belle et sauvage, ses seins sont même sublimes. Loïs le découvre beau et mystérieux, aux mains assurément magiques. Leur vie s'entrelace depuis longtemps, pourtant c'est un jour de septembre, dans la chambre...