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[Agréable à entendre.]

Durant les longues minutes passées dans la salle d'attente de ma sage-femme, à voir aller et venir des inconnus, dans mon esprit ce sont plutôt des souvenirs de mon week-end qui passent et repassent.

Emma, dévastée, qui m'appelle la veille pour s'excuser sans raison d'avoir soutenu Tom. Le regard anéanti de celui-ci, samedi soir sur la plage. Alex qui s'éclipse de ma chambre pour rejoindre Renaud au salon. Les pages de mes carnets qui se remplissent alors que je suis assise au milieu de ma chambre, sur mon tapis, guidée par la musique. Puis Alex qui sort de la salle de bain, l'esprit plus léger en raccrochant avec Mélanie.

Il m'a expliqué que Tom et elle se sont rencontrés au Cold Hands, lors de la soirée fléchettes. Lorsqu'il a su qu'elle était sortie avec Alex, il lui a simplement demandé de venir au café pour tenter de me rendre jalouse. Quant à la photo, elle n'était pas au courant des intentions de Tom. Elle a simplement expliqué que cette photo se trouvait bel et bien sur son téléphone, qu'elle l'avait reçue quelque temps avant, dans des conditions qu'elle n'a pas voulu partager avec Alex. Alors qu'on s'en était servie contre elle, jamais elle n'aurait voulu s'en servir contre lui.

Tom aurait précisé à Emma qu'il l'avait repéré par hasard dans son téléphone en faisant des selfies avec elle et qu'il l'a utilisé aussitôt, sans même réfléchir aux conséquences.

*

Une heure plus tard, Alex m'attend devant le laboratoire d'analyse. Il regarde au loin, tellement perdu dans ses pensées qu'il ne me voit même pas m'approcher de lui. Ses épaules sont tendues, ses mains profondément enfoncées dans les poches de sa veste et ses pieds ne semblent pas trouver une seconde de repos. Est-ce le test de dépistage qui l'inquiète autant ?

Je continue d'avancer, tentant de ne pas laisser son angoisse m'envahir. Plus qu'un mètre à parcourir. D'un bond, il se retourne pour me faire face. Il fronce les sourcils, une fraction de seconde, puis quand il s'aperçoit que c'est seulement moi, tout en lui paraît se détendre. Il m'attire contre lui pour m'embrasser et je le suis dans la salle d'attente.

Assis à ma droite, sa jambe, tout contre la mienne, bat une mesure particulière, celle de la peur. J'installe ma main sur son genou et il s'interrompt pour me regarder.

— Tu as eu mal ?

— Non. En fait, c'était plus désagréable que douloureux, mais depuis, j'ai quelques crampes.

Aussitôt, il fronce les sourcils et se passe la main nerveusement dans les cheveux. Est-ce vraiment la pose de mon stérilet qui l'inquiète autant ?

— Ça ne va pas durer.

— J'espère.

— Je devrais avoir mes règles cette semaine, on verra bien ce que ça donne.

— Comment ça ? s'alarme-t-il.

— Apparemment, mes règles seront plus abondantes, c'est tout. Je vais juste devoir apprendre à gérer ces petits changements.

— Une chose à la fois, dit-il après avoir marqué une pause.

Je prends le temps de l'observer, et non seulement sa jambe s'est remise à bouger par à-coups, mais son regard est absent et ses mains tremblent fébrilement.

— Alex, tu sembles nerveux, c'est la prise de sang qui t'inquiète ? Le résultat peut-être ?

— Non, ce sont juste les salles d'attente, les laboratoires, les hôpitaux, les médecins aussi, ça me rappelle toujours...

Sa voix s'étrangle et ses mots meurent dans sa gorge. Bien sûr, ça lui rappelle sa mère. J'enroule ma main dans la sienne et d'un geste toujours aussi instinctif pour lui, il oriente nos mains afin de pouvoir balayer lentement l'intérieur de mon poignet et apaiser ses peurs.

Folie toujoursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant