[Un jour absolument banal.]
Le jour suivant, en allant faire des courses, j'aperçois Alex à l'épicerie. Je l'épie presque malgré moi et je m'agace quand je tombe face à un étale vide. Il marche devant moi, à une dizaine de mètres. Comment ne pas reconnaître sa silhouette athlétique et sa démarche assurée et tranquille ?
J'accélère un peu, j'ai besoin de plus de détails, comme la façon dont les muscles de son dos roulent ou bien une quelconque info sur ses fesses. Alors je me maintiens à quelques pas de lui, me délectant de la vue qu'il m'offre.
— Serais-tu en train de me suivre ? lâche-t-il sans se retourner.
— C'est mon chemin, ça n'a rien à voir avec toi.
— Et je suppose que tu veux continuer de marcher derrière moi ?
— Oui, j'aimerais bien.
Nous arrivons à l'angle de la rue, le Cold Hands surgit à notre droite, juste après ma ruelle. Lui, il poursuit.
— Tu te trompes de chemin, Alex.
— Tu te trompes de « chez moi », Loïs.
Il m'offre un sourire que je n'avais pas encore eu la chance d'observer aujourd'hui. Je ne peux pas me plaindre, j'ai eu ses fesses.
— Je ne me trompe pas de réfrigérateur, Alex.
— Tu parles de...
— Des bières que je n'ai encore pas pu acheter par ta faute.
— Oh, fait-il en s'approchant de moi, tu veux partager ?
— Je ne suis pas partageuse, en particulier avec toi.
— Je te suis, décide-t-il visiblement satisfait de ma réponse.
Nous traversons le pub et il dépose le pack dans le frigo, dans le sas qui sépare mon appartement du bar. Puis, il glisse un billet sur le comptoir.
— José, prends ça comme une avance, je vais devoir utiliser ton fut cette semaine. Tu vas me voir tous les soirs, ajoute-t-il en me regardant.
— Vous pourriez me payer le fut ?
Je m'accoude face à lui, à l'écoute.
— Vous n'êtes que tous les deux à en boire, la tireuse est dans la cuisine, il suffirait que ce soit toi, où lui, qui paie le fut et c'est réglé.
— Je le prends !
— J'achète ! s'écrie Alex en même temps.
Nous nous jaugeons du regard.
— J'habite ici, c'est plus simple, garde ton épicerie, Alex !
— Tu rigoles ? Je passe déjà tout mon temps ici. Et j'étais là le premier.
— Les gars, vous ne savez pas partager ?
— Hum, tu bois au moins autant que moi, cinquante-cinquante ?
— Je ne sais pas, Alex, c'est un sacré engagement.
Je secoue la tête, les lèvres pincées. Et ils se marrent.
— Tu l'ajouteras dans mes charges, José, s'il te plait.
— C'est comme si c'était fait !
*
— Ah, tu es là, ma belle ! se réjouit Emma en me prenant dans ses bras.
Je reste immobile sur ma chaise, les yeux rivés sur l'olive qui vient de rouler sur la table.
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Folie toujours
Romance"Si tu tombes, je tombe." Alex la trouve belle et sauvage, ses seins sont même sublimes. Loïs le découvre beau et mystérieux, aux mains assurément magiques. Leur vie s'entrelace depuis longtemps, pourtant c'est un jour de septembre, dans la chambre...