[Laisse-moi le dire.]
Une bourrasque s'engouffre dans ma chambre, faisant gonfler mon rideau et me collant la chair de poule. Je referme aussitôt la fenêtre. Le ciel est devenu d'un gris sombre et incertain, les feuilles mortes tourbillonnent au sol et c'est sûr, l'automne s'est bel et bien installé et le froid de l'hiver menace bien trop souvent.
— Ça fait une heure que tu te changes, Loïs.
— Oui, je sais.
— Elle t'angoisse tant que ça cette présentation ?
— Non, rien à voir.
— Tu cherches à séduire ton audience ?
Je pivote lentement, délaissant mon armoire pour sonder le regard d'Alex. Aucun signe de jalousie, il est juste intrigué par mon attitude.
— Non, rien à voir.
— Alors, explique-moi. J'adore te voir te déshabiller, mais tu vas finir par être en retard.
Je regarde l'heure et il a raison. Je dois trancher, et vite. Alors j'enfile un jean brut taille haute, une blouse écrue que je rentre dans mon pantalon. Je bouge mes bras et mes épaules pour que mes vêtements s'ajustent bien et surtout pour m'assurer que je suis à l'aise. Je mets des bottines au talon carré et un manteau long d'une douce couleur caramel. Un peu de parfum, une pointe de maquillage, je suis prête.
— Je m'habille pour moi Alex, j'ai besoin de me sentir belle, mais aussi d'être à l'aise. Ça booste ma confiance, et pour une présentation, ça change tout. Je t'ai raconté l'oral de mon concours d'entrée à l'école de marketing ?
— Non.
Alex tourne sur lui-même, pose son livre et m'observe depuis le lit.
— Je devais parler de mon stage devant une quinzaine de chefs d'entreprises. J'avais des notes, des supports de présentation, des plaquettes, tout ça en plus de mes diapos. J'avais dix minutes et c'était chronométré.
— Ça ne rigolait pas.
— Quand je suis rentrée dans la salle, ils ont déclenché le chrono et je ne sais plus pourquoi, mais j'ai trébuché. Tous mes documents se sont répandus au sol, j'ai dû me baisser pour tout ramasser, devant tous ces regards un brin moqueurs et attentifs. J'étais ravie d'avoir bien choisi mes vêtements pour que ça ne soit pas un problème.
— J'imagine.
— Ensuite, puisque tout était mélangé, j'ai décidé de délaisser l'ensemble et d'improviser ma présentation.
— Ça a marché ? Enfin, oui puisque tu as été acceptée, mais je sais qu'il y avait aussi ton dossier et un concours écrit.
— Plutôt oui. Le directeur de l'école m'a raccompagné à la porte et il m'a glissé : on se voit bientôt, Loïs.
— Bien joué.
— Depuis, je fais attention à mes tenues pour mes oraux, pour moi et pour ne pas perdre mon assurance pour des broutilles, pas pour l'image que je renvoie.
— Alors s'il s'agit d'assurance, tu devrais porter ça, Loïs.
Alex se lève, fouille sur ma table de chevet et me donne une paire de boucles d'oreilles. Ce sont comme des anneaux, à la différence qu'ils ne sont pas ronds, mais qu'ils prennent la forme d'un oiseau. Une mouette en plein vol, à la silhouette graphique et minimaliste.
— Tu les avais le jour où je t'ai vraiment rencontrée, tu te souviens, tu étais à peu près au même endroit. Tu étais incroyablement confiante et audacieuse, même quand tu ne portais plus qu'elles.
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Folie toujours
Romance"Si tu tombes, je tombe." Alex la trouve belle et sauvage, ses seins sont même sublimes. Loïs le découvre beau et mystérieux, aux mains assurément magiques. Leur vie s'entrelace depuis longtemps, pourtant c'est un jour de septembre, dans la chambre...