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[Alter ego.]

Nous faisons l'amour à la plage, dans son ascenseur, sous ma douche, chez Renaud, sur la table de mon appartement et sur son balcon. Mais depuis cette soirée où nous nous sommes retrouvés dans la ruelle, une petite idée s'est introduite dans ma tête et elle est aujourd'hui devenue obsédante. Un soir, alors que je n'arrive plus à rien, je décide de fouiller derrière le bar. Je trouve finalement, caché sous une caisse de bière, le carton sur lequel est griffonné : « Alex ».

J'hésite un instant, puis je l'attrape avec détermination. Je sors avec ce carton lourd, rempli de disques, de lettres et de souvenirs. Je sonne chez Renaud et j'attends. Quand il ouvre, il me voit et me regarde un moment. Il se retourne et s'excuse auprès de Zoé qui se montre compréhensive. Elle s'en va en me regardant tendrement, et en récupérant ma clef au passage.

Renaud me laisse entrer et je lâche le carton sur la table basse dans le salon. Un bruit sourd retentit comme une sentence.

— Je veux te l'entendre dire, Loïs.

— Je pense être prête, Renaud.

— Tu le penses ? C'est une véritable boite de Pandore, ma belle. Tu ne dois pas penser, tu dois être sûre.

— Je le suis. Je lui ai posé une question, Renaud.

— Quelle question ?

— Nous parlions de mon travail et je lui ai demandé : « Et pour toi, tout se passe comme tu le souhaites ? »

Cela semblerait anodin pour tout le monde, sauf pour lui.

— Tu avais bu ?

— Une bière.

— Tu étais en manque ?

— Pa vraiment, non.

— Tu venais de jouir ?

— Non plus.

— OK, dit-il en sortant un pack de bières. Comment veux-tu procéder ?

— On va les écouter un par un.

— Tu as conscience que ça va nous prendre toute la nuit ?

— Oui.

— Bien, dit-il en fermant sa porte à clef.

*

La veille, en plongeant dans cette boite, je désirais m'assurer de plusieurs choses. Je voulais me souvenir de tout ce que j'avais ressenti, de toute cette douleur. J'espérais faire le point sur l'état de mon cœur. Et surtout, je souhaitais comprendre, si oui ou non, je suis prête à passer à la suite. 

Mon cœur est encore fou d'amour pour Alex. Je l'ai deviné depuis que mon regard a croisé le sien, dans le bar. Mon corps est toujours en osmose avec le sien. Rien ne me semblerait plus évident en ce bout du monde. Mais concernant mon esprit, ma tête, mes aspirations, mes rêves, mes volontés ? Je n'ai pas trouvé d'autres manières de le savoir que de confronter mes blessures.

Quand mon esprit s'éveille, je n'arrive pas à bouger, ni même à ouvrir un œil. Je reste étendue sur le ventre, la tête sous l'oreiller et la couverture sur les pieds. J'ai froid, mais un rayon de soleil caresse mon dos et cette sensation est agréable. Je suis en sous-vêtements, mais cela ne m'étonne pas. J'essaie de reconnecter ma tête à mon corps pour voir comme ce dernier se sent.

Mon corps.

Mon corps est endolori et courbaturé, je me souviens ainsi de mes pleurs et de mes tremblements. Les voix d'Alain Bashung et de Damien Saez résonnent encore en moi et je suis parcourue d'un frisson.

Folie toujoursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant