53

93 14 0
                                    

[Plan C.]

Le mois d'août défile doucement et je papillonne entre mon projet, mes amis, la plage et le sexe – presque secret – avec Alex. Nous faisons l'amour partout, tout le temps et j'adore ça.

Quelques jours après l'épisode des escaliers, je l'aperçois. Il est installé seul à l'intérieur du bar alors qu'il est fermé, comme il le faisait il y a plusieurs mois.

— Tu as délaissé le café ?

— Tu y vois un inconvénient ?

— Aucun, dis-je tranquillement en m'asseyant sur le comptoir.

Il reprend silencieusement son travail alors que je le mate sans aucune retenue. Il tente de se concentrer, mais je devine que mon regard le perturbe. Je m'amuse à rester là, les jambes pendantes, les yeux rivés sur lui.

— À quoi est-ce que tu joues ?

— Mauvaise question.

— À quoi penses-tu, alors ?

— La table ou la banquette ?

Je suis ardente et pour appuyer mes propos, j'abandonne mes sandales au sol, une à une. Son sourire me fait vibrer. Mon corps cri victoire lorsqu'il s'affaire à ranger son ordinateur. Il se recule sur sa chaise et me lance un regard m'invitant à table.

— Excellent choix.

Je saute du bar et en un mouvement fluide, ma robe portefeuille rejoint mes chaussures. Ses yeux parcourent ma silhouette et ma lingerie fine. Son sourire change, il devient arrogant. C'est lui qui m'a offert cet ensemble indécent.

Je m'assieds sur lui à califourchon et je l'embrasse langoureusement. Mais il n'a pas choisi ses genoux. Il me soulève et me pose sur la table en se mettant debout devant moi. Ses doigts arpentent mon corps, sa bouche glisse dans mon cou et mes mains font jaillir son sexe de son pantalon.

Quand je l'attire vers moi avec les jambes, on voit bien que la hauteur de la table ne nous convient pas. Il tente de m'allonger, mais ma tête dépasse. Nous nous amusons de nos échecs, mais nous ne déclarons pas forfait pour autant. Il me place dos à lui, me penche en avant et flatte mon cul. J'appuie mes coudes sur la table pendant qu'il dépose des baisers fiévreux sur mes reins.

Il fait glisser ma culotte le long de mes cuisses en laissant traîner sa langue un peu partout. Je sens sa main s'introduire entre mes jambes pour me caresser avec la paume, puis quand j'échappe un gémissement, il enfonce deux doigts en moi. Je me cambre pour lui offrir encore plus mon corps et l'inviter à me prendre.

Il place ses mains de part et d'autre de mes hanches, puis sur mon ventre et il s'enfonce en moi en poussant un soupir. Je me sens plus étroite ainsi et son plaisir en est décuplé. Il commence à faire des allers-retours, notre plaisir monte et je l'incite à y aller plus fort. Mais au bout de quelques butées, la table qui dispose d'un unique pied central vacille et nous tombons au sol.

Il a réussi à ralentir ma chute, mais s'est étalé sur moi de son tout son long. Nous nous relevons misérablement, endoloris. J'aime tellement rire avec lui.

— Plan B ?

Il avise la banquette, mais elle est devenue inaccessible à cause de tables et des chaises renversées.

— Plan C ! décide-t-il en m'emportant contre le mur.

Il m'embrasse et me retourne face à la paroi pour reprendre où nous en étions, en glissant en plus sa main sur mon clitoris. Quelques minutes à peine suffisent à nous plonger dans une jouissance commune et simultanée, ce qui est rare pour nous.

— C'est plus simple contre un mur.

— C'est ma réplique !

Alex m'observe, nue devant lui, alors qu'il referme son pantalon. Je m'éloigne de lui et je récupère ma culotte, ma robe et mes sandales. Je les porte en boule dans mes bras, en me dirigeant vers chez moi.

— Tu me laisses ranger tout seul ?

— Je ne faisais que passer, Alex.

*

Le soir même, alors que je prends un verre au Cold Hands, je reste seule. Alex, Renaud, Ben et des inconnus partagent une table au fond du bar. Ils sont installés sur cette table qu'on peut voir depuis le miroir derrière le comptoir. Celle qu'Alex préfère, celle qu'il a remise en place un peu plus tôt dans la journée.

Mes sens sont en émoi, je suis en pleine boulimie de sexe. Je me suis réconciliée avec cette part de moi depuis des lustres et je suis enchantée qu'Alex me suive dans mes désirs, sans m'en demander plus. Son appétit semble aussi insatiable que le mien et en le voyant me dévisager à son tour, rien ne pourrait être plus évident. Je m'éclipse chez moi, le temps de passer aux toilettes et quand je reviens, il occupe le tabouret de droite.

— Bonsoir, me lance-t-il d'une voix exagérément suave.

J'ai envie de rire. J'ai envie de lui.

— C'est une bonne soirée, en effet.

— Puis-je te demander comment avance ton projet ?

— Il avance très bien. Je suis très concentrée en ce moment et encore plus investie, dis-je à la fois sincèrement, mais aussi avec plein de sous-entendus.

— Intéressant.

— Oh, j'ai encore énormément de choses à faire avant de pouvoir relâcher la pression.

— Il ne faut pas que tu te relâches, ce serait dommage.

— Et pour toi, tout se passe comme tu le souhaites ?

En entendant ces mots sortir de ma bouche, il semble tout aussi surpris que moi. Je ne lui ai encore jamais posé de question sur ce qu'il fait, sur ton travail et son projet, depuis qu'il est revenu. Je n'étais pas prête à l'entendre. Pas en étant certaine de pouvoir l'encaisser. Pas sans être sur d'en avoir envie. Je suis déstabilisée par ma propre interrogation. Il y a un léger flottement et il décide de me répondre en restant vague, ce que j'apprécie. Il fait un signe au barman, qui nous dépose un plateau avec huit shots de tequila. J'en prends un, je le frappe, je le bois.

— Le muret.

— Non, répond-il en buvant à son tour. La cuisine.

— Ton balcon.

— Ton canapé.

— Tes tapis.

— Ta douche.

— La ruelle.

— La ruelle ! confirme-t-il en buvant le dernier verre.

— On se retrouve là-bas dans dix minutes.

Je rentre chez moi et lui retourne avec ses amis. J'en profite pour troquer mon jean et mon chemisier contre une robe. Je décide aussi d'enlever dès à présent mes sous-vêtements. Quand je l'aperçois à travers ma fenêtre, je le rejoins.

— Tu t'es changée ? remarque-t-il.

— Juste pour te faciliter les choses, Alex.

Je tourne sur moi-même pour faire danser ma robe et dévoiler le bas de mes fesses nues. Il balaie du regard le fond de la ruelle qui ressemble aujourd'hui plus à une petite terrasse.

— Si tu veux, les palettes sont là.

— Entendu, dit-il en fonçant droit sur moi.

Quand nos corps entrent en contact, nous nous embrassons longuement, puis il cherche à se déplacer jusqu'aux palettes. Nous passons près de la porte, il s'appuie dessus un instant et il tombe dans mon appartement. Je ne l'avais pas refermée correctement.

— Plan C , dis-je en m'allongeant sur lui.

Folie toujoursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant