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[Pause hivernale.]

En cette fin d'année, Alex semble aller plutôt bien, même si j'ai remarqué qu'il n'écrit plus depuis une semaine, depuis sa découverte. Les vacances commencent et nous apprécions cette pause hivernale. Même si nous avons du boulot, nous nous délectons de pouvoir passer du temps ensemble. Mes parents se sont montrés très indulgents quand je leur ai expliqué que je ne rentrerais pas pour les fêtes. Ils ont compris qu'Alex avait besoin de moi et que c'était trop pour lui de partir en vacances, qui plus est dans une famille qu'il ne connait pas. Nous avons décidé de célébrer Noël avec sa tribu à lui, Renaud et José.

— Donc, c'est toujours d'accord pour Noël ?

— Oui, dit Alex, vous venez chez moi et je cuisine.

— Je m'occupe du sapin, dis-je aussitôt.

— J'apporte les boissons, dit José.

— Et moi ? demande Renaud.

— Les cadeaux ?

Je m'attendais à une remarque cinglante de sa part, mais contre toute attente il apparaît absolument ravi.

— Il adore offrir des cadeaux, explique Alex.

— En revanche, on n'adore pas toujours les recevoir, ajoute José.

Nous rions tous les quatre, et c'est plaisant de retrouver nos habitudes.

— Je reviens, dit Alex en décrochant son téléphone.

Il sort du bar et s'enfonce dans la nuit.

— Un appel, à cette heure-ci ? s'étonne José.

— Ça fait une semaine qu'il essaie de joindre son père.

— Il vit toujours au Canada ? demande Renaud.

— Oui.

— Et Alex, comment va-t-il ? reprend José.

— Je ne suis pas sûre. Il donne le change, oui, mais...

Je suis mal à l'aise de parler d'Alex à ses amis, j'ai l'impression de le trahir.

— Qu'est-ce qui se passe ? s'affole Renaud.

— Loïs, tu peux nous faire confiance. On était là, il y a cinq ans.

— À nous aussi, il a fait lire la lettre, ajoute Renaud pour finir de me convaincre.

— Il n'a pas écrit quoique ce soit depuis qu'il a trouvé cette lettre.

— T'es sûr ? s'alarme Renaud.

Alex revient et il a l'air paumé. La panique qui enflait insidieusement en moi s'évanouit à la seconde où il me sourit.

— Tu vas bien ?

— Oui, je crois.

— Rien ne semble moins certain, ajoute Renaud.

— Mon père possède effectivement mon livre.

— Il va te l'envoyer ? demande José.

— Non, il va me transmettre un billet d'avion à la place.

— Tu vas aller voir ton père ? s'inquiète José.

J'installe ma main sur la jambe d'Alex pour l'encourager. Et je dois bien l'avouer, pour m'apaiser au passage. Car l'expression déconfite de mes amis me préoccupe particulièrement.

— Alex, tu te sens prêt ?

— Oui, répond-il plutôt sereinement.

— Bien, alors c'est une bonne chose.

Folie toujoursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant