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[La nouvelle année.]

Le lendemain matin est des plus douloureux, et ce, avant même qu'Alex n'ouvre les yeux. L'aube est si loin et pourtant je ne dors plus. Il finit par se réveiller à son tour et mon cœur se serre encore un peu plus. Depuis le lit qui me semble déjà froid, je l'observe s'habiller. Tout n'est que silence, tout n'est que pénombre. Une notification l'informe que son taxi est là. Alors, toujours sans un mot, il m'embrasse et s'en va. C'est ce dont on avait convenu.

Quand il rabat la porte, je sens mon cœur se serrer si fort que ça devient douloureux. Plus rien n'a de sens, sauf cette douleur que je dois apaiser. Nue sous sa chemise, je cours dans le couloir, en vain. Les portes de l'ascenseur se referment dans son dos. Je dévale alors l'escalier, mes pieds nus claquent sur les marches et je déboule dans la rue. Il est là, devant moi, en train de charger son sac dans le coffre. Je ne sais pas s'il entend mon souffle ou s'il sent ma présence, mais il se retourne immédiatement.

Il suffit que ses yeux bleus croisent les miens pour que je saute dans ses bras. Comme toujours, il me soulève par les fesses, comme souvent il vacille. Il s'adosse contre le taxi, resserre son étreinte. Et nous nous embrassons longuement. Aussi longtemps que nos souffles nous le permettent. Mais l'inévitable se produit et son étreinte se relâche. Contrariée, je lui mords la lèvre juste pour le voir me sourire, puis il me dépose au sol. Cette fois-ci, il monte dans le taxi et il part réellement.

Les lumières disparaissent dans la nuit et je m'assois sur la marche un instant. Combien de temps ? Je ne sais pas, mais au bout d'un moment je découvre Renaud et José plus loin dans la rue. Ils sont aussi en pyjamas et ils s'approchent de moi.

— Il vous a appelés ?

— Oui, dit José.

— Viens avec nous, ma belle.

La chaleur du studio peine à me réchauffer. Renaud s'avance vers moi, l'air désolé, puis il dépose une pile de vêtements et un café bien chaud.

— Je n'ai rien d'autre.

J'enfile son pantalon de survêtement, je me blottis dans son sweat-shirt et j'accepte son mug. Bien que je n'aie pas l'intention de boire cette mixture faite d'eau chaude, enrouler mes mains autour de ses parois brûlantes m'apporte du réconfort.

— Comment tu te sens, je veux dire vraiment ?

José s'assoit dans le fauteuil, juste à ma droite, posant un regard soucieux sur moi. Je ne réponds pas tout de suite, parce que je n'en suis pas certaine. Mal, c'est évident, mais à quel point et pourquoi ? Seulement, la chose à laquelle je pense ce sont ces mots : « sois courageux en amour ».

— Je crois que je vais bien. Il est exactement là où il doit être, tu comprends ?

— Et toi ? me demande Renaud.

— Moi aussi.

*

Juste avant de rentrer chez moi, j'ai traversé la rue, je suis montée jusqu'au septième et j'ai récupéré mes affaires. Je sais qu'Alex m'a demandé de passer du temps chez lui, mais je ne m'en sens pas capable. Alors je viendrais, je relèverai son courrier, j'aérais son appartement, mais je n'y resterais ni mes journées ni mes nuits.

— Salut, ma belle !

La voix claire de ma blonde préférée me tire un sourire, puis quand elle avance brusquement pour me prendre dans ses bras, je déchante.

— Tu as passé de bonnes vacances chez Ben ?

Emma pousse un long soupir, me passant en revue d'un œil expert avant de faire la même chose avec ma chambre.

Folie toujoursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant