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[Pulp Fiction.]

J'arrive en ville, je me dirige vers le bar et je le sais, ce soir il n'est pas encore ouvert. Je regarde par la fenêtre et je me réjouis d'apercevoir José. Je frappe doucement et dès qu'il me voit, il vient m'ouvrir.

— Loïs, tout va bien ? me demande-t-il aussitôt, un peu inquiet.

— Oui, tout va bien, je voulais juste te demander un service.

— Viens, entre.

En rentrant, je vois le bar vide, baigné d'une lumière plus vive qu'à l'accoutumée. Il fait brûler de l'encens sur le comptoir et il était visiblement en train de boire un café tout en lisant un roman.

— Les dessous du bar.

— C'est aussi très chouette.

— Qu'est-ce que je peux faire pour toi, Loïs ?

— J'ai une dizaine de caisses de vinyles à déménager samedi, un jukebox et un fauteuil.

Son sourire est si soudain que je suis troublée.

— Tu veux un coup de main ? me propose-t-il immédiatement.

— Je pensais surtout à un diable, tu en as pour les transporter les fûts, non ?

— Oui, bien sûr. Tu fais ça quand ?

— Vers dix heures.

— Oh, ça va piquer un peu, mais tu peux compter sur mon diable et moi.

C'est tellement plus que ce que j'espérais, José a vraiment le cœur sur la main.

— Merci beaucoup, José, j'apprécie, vraiment.

Soudainement, une ombre passe sur son visage.

— Attends, tu déménages où ?

— Je récupère juste mes affaires, José. C'est une bonne nouvelle !

— Tant mieux, souffle-t-il.

Il avise son café qui est en train de refroidir, alors je prends ça pour mon signal et je me dirige vers la porte

— On se connait depuis un petit moment maintenant, Loïs..., commence-t-il un peu à l'aise.

— Oui, c'est vrai.

— Alex, c'est mon meilleur pote..., reprend-il, hésitant.

— Tu t'inquiètes pour lui, à cause de moi ?

— Non, ce n'est pas ça. Pas du tout, Loïs. C'est juste que ces derniers mois n'ont pas toujours été simples pour toi. Je le sais, tu t'es échouée plus d'une fois ici, dit-il avec prudence.

— Ce n'est pas peu dire, José.

— J'ai vu tes hauts et tes bas.

— Oui et tu m'as beaucoup aidé, dis-je en me perdant dans mes pensées.

Je me revois il y a plus d'un an, pousser la porte de son bar, tous les jours pendant une semaine.

— Boilermaker, José ! disais-je sombrement.

Je ne disais rien d'autre, je regardais dans le vague, je touchais à peine à ma boisson, je restais là, placide, froide, fermée, juste assise au bar. Je n'étais que l'ombre de moi-même. Un peu avant la fermeture, je partais sans un mot. J'ai fait ça tous les jours jusqu'à ce qu'il me dise :

— Tu as deux options : soit tu me parles et tu peux rester, soit tu ne reviens plus jamais dans mon bar, Loïs.

Il était sérieux, je crois aussi qu'il était en colère. Je l'ai regardé et je me suis mise à pleurer silencieusement.

Folie toujoursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant