[J'aimerais faire plus.]
J'annule tout mon programme de cette fin de semaine, afin de prendre soin de moi. Je me repose beaucoup. Je continue de courir pour me vider la tête autant que pour prendre l'air. C'est le seul moment où j'ai envie de sortir de mon appartement. Je ne veux pas en parler autour de moi, je ne me sens toujours pas prête.
Tous les jours, je saisis mon téléphone pour appeler Emma. Mais chaque fois, je finis par lui envoyer un message, lui écrire que je pense à elle et que tout va bien. Je soupçonne que l'évoquer rendra les choses encore plus concrètes. Et je perçois aussi que j'ai besoin de prendre ma décision avant de me confier.
Renaud reste le seul à connaître ma situation et il se fait beaucoup de soucis pour moi. Tous les matins, il me dépose une thermos remplie d'un bon chocolat chaud aromatisé à la vanille. Il me rappelle mes matinées au café. J'adore.
La semaine suivante, je recommence à bosser sur mon projet. Je retrouve Quentin au bar, mais nous finissons par travailler dans mon appartement. Je lui ai simplement dit que je n'allais pas bien et que j'avais besoin de son aide pour m'y remettre. Il s'est montré très respectueux de ma vie privée. Il entreprend donc de me guider et de me booster en me donnant des exercices à la fois courts et ludiques.
Le plaisir de travailler revient progressivement et je lui demande s'il peut se libérer un peu plus souvent. Il accepte volontiers et nous nous voyons presque tous les jours. Je reprends confiance en mon projet et c'est salvateur.
La semaine ultérieure me ramène brutalement à la réalité quand je découvre les nausées. José m'avait sollicité pour réaliser l'inventaire de son bar, mais je n'ai pas supporté l'odeur des bouteilles entamées et j'ai vomi dans un seau sous l'évier. Ce soir-là, Renaud est venu chez moi, il m'a retrouvée étendue dans la salle de bain dans un état assez pitoyable. J'ai fini par prendre une douche et m'allonger dans mon lit.
Je suis couchée sur le canapé depuis deux interminables heures, en lisant les nouvelles lettres d'Alex. Renaud s'accroupit devant moi pour me regarder dans les yeux.
— Ça me rend fou de ne pas pouvoir t'aider, Loïs.
— Tu m'aides beaucoup, Renaud.
— J'aimerais faire plus que te prendre dans mes bras. De quoi as-tu le plus besoin ?
— De lui.
— Hum, oui, d'accord. Tu as besoin de lui, parfait ! Je vais te le donner, affirme-t-il en s'emparant de son téléphone.
— Qu'as-tu l'intention de faire ?
— J'appelle son père.
Le père d'Alex.
Je regarde Renaud patienter au téléphone, le temps que le père d'Alex veuille bien décrocher. Il tombe sur sa boîte vocale, il raccroche et recommence. Il insiste cinq fois avant qu'il ne daigne répondre. Je le sais, car Renaud met le haut-parleur et entame la conversation avec hâte.
— Bonjour, c'est Renaud. Un ami d'Alex, vous vous souvenez ?
— Oui, bien sûr. Comment vas-tu ? Est-ce que tout va bien ?
La voix du père d'Alex me parvient grave et rugueuse. Je suis surprise d'entendre un accent typique de l'est de la France. Je suis au courant qu'il vient de Strasbourg, mais il a passé plus de temps au Canada qu'en France. Pour tout dire, je m'attendais à entendre un accent anglophone.
— Non, répond-il hâtivement. J'ai besoin de parler à Alex.
— Je ne peux pas le joindre non plus, je suis désolé.
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Folie toujours
Romance"Si tu tombes, je tombe." Alex la trouve belle et sauvage, ses seins sont même sublimes. Loïs le découvre beau et mystérieux, aux mains assurément magiques. Leur vie s'entrelace depuis longtemps, pourtant c'est un jour de septembre, dans la chambre...