Folie toujours

57

[Capitaine Futur.]

Alex prend une profonde inspiration et commence sa lecture.

CAPITAINE FUTUR

Écrit par Alex Leroy.

Achevé de recopiage en juin 2002, au Havre.

Tous droits réservés pour tous les pays du monde entier.

En entendant ces premiers mots, je sais qu'il s'apprête à me lire le livre qu'il a écrit étant enfant, celui pour lequel il est parti la première fois au Canada et sans doute celui pour lequel il est retourné là-bas. Il s'apprête à me confier un souvenir précieux pour lui et qu'il ne m'avait jamais laissé atteindre.

Je frissonne de peur et d'excitation, car je ne m'y attendais absolument pas. Sans s'être arrêté, il continue de lire d'une voix calme et sereine qui m'emporte en un rien de temps dans ses rêves de gamin.

Chapitre I — Petit Oiseau

Il était une fois, un petit garçon qui s'appelait Elya Roxel. Elya était brun avec les cheveux mal coiffés, il avait les yeux sombres comme la mer en pleine nuit et un sourire qu'il protégeait comme un trésor.

Il habitait dans un pays au bout de l'Europe, dans une ville au bout de la France et dans une rue au bout du Havre. Au bout de cette rue, il y avait plusieurs choses. Il y avait le parc dans lequel il a rencontré son meilleur ami Aurel Dusseron et il y avait aussi une petite ruelle qui descendait au bout du monde.

Le bout du monde, c'était l'endroit qu'il préférait plus que tout au monde. Au bout du monde, il y avait des galets, au bout du monde, il y avait parfois du sable, au bout du monde, il avait une odeur de sel, il y avait du vent et il y avait un bruit merveilleux qui était celui des vagues.

Au bout du monde, il y avait la plage.

Elya passait tout son temps à la plage, c'est là qu'il se sentait le mieux. Un jour, alors qu'il s'amusait à construire une énorme forteresse en galets, un ami de longue date est apparu soudainement.

Elya n'en croyait pas ses yeux, cela faisait tellement longtemps qu'il ne l'avait pas vu. Il a même frotté fort ses yeux pour être sûr de ce qu'il voyait. Il avait du sel sur ses mains, alors bien sûr, il avait les yeux tout rouges et ça lui faisait mal, mais il était tellement content de retrouver son ami. Et il lui a même dévoilé son trésor.

— Bonjour, Petit Oiseau ! disait Elya à son ami qui venait de se poser en haut de sa forteresse. Tu m'as beaucoup manqué.

Le petit oiseau ne pouvait pas lui répondre, mais il s'est envolé et a tourné autour de lui pour lui montrer qu'il était lui aussi content de le voir. Elya a voulu le prendre dans ses bras pour lui faire un câlin, mais le petit oiseau a eu peur et il s'est envolé.

Elya l'a cherché du regard et il l'a vu se poser un peu plus loin. Il s'est donc approché, plus doucement cette fois-ci, mais chaque fois qu'il arrivait vers lui pour le caresser, le petit oiseau bondissait, s'envolait et atterrissait ailleurs. Elya pensait que le petit oiseau voulait jouer avec lui, alors ils ont joué comme ça pendant longtemps jusqu'à ce que le petit oiseau ne bouge plus.

Elya s'est approché et il l'a caressé du bout des doigts, mais c'était étrange. Il avait l'impression que ses doigts étaient passés à travers lui. Il a senti des frissons dans son dos, mais il a voulu réessayer pour être sûr. Quand il a approché sa main une nouvelle fois, le petit oiseau a bondi un peu plus haut.