7. Compréhension

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Serindë.


Je ne sais pas si c'est la main de la solitude ou si c'est la mienne qui m'écrase le cœur.

Aerin est décidément têtue.

Après m'avoir enfoncé son poing dans le ventre pour me montrer qu'elle savait se battre, elle s'est enfuie en courant et a franchi les frontières d'Imaginarium.

N'ayant aucune envie de la rattraper, je n'ai pas bougé d'un pouce.

Mon état de léthargie est à son paroxysme. Je me sens affreusement malade et je n'ai qu'une envie, c'est de régurgiter le peu de nourriture qui reste dans mon estomac, datant certainement d'il y a deux jours.

Mes mains me semblent pâles, bien qu'elles le soient déjà. Je regrette l'absence d'Aerin.

Mon estomac remue exagérément, bien qu'habitué au manque de nourriture. Ma gorge me fait mal lorsque j'avale ma salive tant elle est sèche et je me sens transpirer alors qu'il fait excessivement froid.

Tremblotante, ma main s'avance dans un des sacs en quête de nourriture. Rien. Je les fouille un à un, mais il n'y a rien. Pas de nourriture.

J'ai besoin de sucre.

Mon ventre se tord douloureusement lorsque je renonce à chercher de quoi me nourrir. J'avance à travers la forêt, lentement et en perdant quelques fois l'équilibre, mais j'arrive à dénicher de jolies baies rougeâtres. Elles sont petites et tiennent par dizaine dans une de mes mains.

Soit, je m'empoisonne avec, soit, je me sauve la vie.

Faire un choix en sachant que peu importe la décision prise, je mourrai m'inflige une pression atroce. Un seul peut me sauver la vie.

Alors que j'approchais un de ces fruits de mes lèvres, ma main frémissante lâche celui-ci qui vint s'écraser mollement au sol.

Les battements de mon cœur s'accélèrent et je me sens presque m'évanouir lorsque j'entends des bruits de pas.

De légers bruits de pas.

Aerin est bien trop bruyante, ce ne peut pas être elle. Des inconnus viennent de s'engouffrer dans la forêt, et s'ils me voient, ils signeront la fin de mon règne.

Je lâche les baies rouges que je tenais dans mes mains et m'affale silencieusement au sol. Je macule difficilement mes vêtements de terre et tente ainsi de me fondre dans le décor.

Ma tentative est vaine. Mes accoutrements noirs sont visibles à des kilomètres.

Je grimpe difficilement à un arbre et m'écorche la cheville en dérapant sur une branche. Un léger gémissement de douleur m'échappe et je le ravale rapidement en écrasant ma main sur ma bouche.

De mon perchoir, je peux apercevoir un couple de personnes âgées se promenant tranquillement. Leurs visages sont marqués par le temps et de grands sourires égayent leurs visages.

Mes yeux s'écarquillent et je pousse un cri d'effroi lorsque j'aperçois que les deux personnes âgées ne sont pas seules.

Une dizaine de gardes les accompagnent, tous cachés dans un des recoins de la forêt.

Je me sens encore plus nauséeuse que je ne l'étais déjà, et un tic nerveux vint m'inciter à porter mes doigts à mes lèvres pour m'arracher la peau qui contourne mes ongles.

La fatigue et l'étourdissement me font fermer les yeux et je manque ainsi de chuter de l'arbre.

Ma crise d'hypoglycémie s'accentue lorsque je louche sur les personnes âgées qui écrasent de leurs pieds les baies rouges étalées au sol.

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