Isil.
Mes yeux défilent lentement le long de mon reflet dans le miroir. Une longue robe blanche fait joliment ressortir mes yeux marron.
Mais je me trouve hideuse.
-Tu es si jolie, souffle ma femme de chambre, étant, accessoirement, ma plus fidèle amie ici.
Concentrée sur sa tâche, elle ne me regarde pas dans les yeux et continue à former de légères boucles à mes cheveux. Puis, elle rassemble ces derniers en queue de cheval haute.
-Tu as tellement de potentiel.
Je regarde mes cheveux blonds en notant à quel point ils sont secs. Et mes yeux marrons, si vides. Mais aussi cette robe de soie, blanche comme la neige, échancrée sur le bas et traînant piteusement au sol. Elle dévoile mes épaules et la seule chose à laquelle je pense est à la froideur de l'air à l'extérieur.
Je ne réponds pas aux compliments de Lyeecia.
Elle ne le pense pas.
Elle m'adresse un grand sourire si beau que je le lui rends sans avoir à me forcer.
-Là, je reconnais ma Isil.
Et sa phrase m'arrache mon sourire. Lyeecia sait que j'ai changée.
Elle ne m'a pas reconnue il y a des années. Elle ne me reconnaîtra jamais.
-On y va ? Ç'a commencé il y a vingt minutes. On est en retard.
-Je ne suis pas encore prête.
Elle me demande ce qui me manque, mais n'obtient pas de réponse.
Je ne sais pas ce qui me manque. Si. Tout me manque.
Je me sens vide.
-Cette pratique n'a pas été exécutée depuis des années, soufflais-je, la voix brisée par l'épuisement ainsi que l'inquiétude.
-C'est ce qu'on fait aux traitres, Isil.
La peur s'infiltre dans mes veines, me noue la gorge et s'approprie mon estomac tout en manipulant mon cerveau avec n'importe quelle idée anxiogène.
On tue les traitres.
Ma main chaude passe délicatement sur la cicatrice encore fraîche qui orne mon cou. Elle me brule tellement fort que j'ai envie de m'arracher la peau. Savoir que je vais devoir exhiber la marque qui témoigne de ma faiblesse me rend mal à l'aise.
Mon corps, lui-même, me rend mal à l'aise.
-Lyeecia ? N'as-tu pas l'impression de te sentir...
Mon souffle se coupe, et, les sourcils froncés par la crainte, mon amie m'incite à continuer.
-...Observée. Étouffée...
Elle secoue la tête négativement et s'éloigne de moi.
Ils nous étouffent, nous serrent la gorge, nous privent de notre souffle et,
Nous tuent.
Mes yeux me piquent. Mon estomac paraît être sur le point de régurgiter ce que j'ai avalé il y a à peine une heure.
Mon cœur s'avère se noyer dans chacune des gouttes de sang qu'il pompe. Bien que mon palpitant s'effrite, mes yeux ne me laissent pas le panser. Aucune larme ne s'échappe.
Ce sentiment de n'être rien est semblable à une drogue. Une addiction.
Lancinant. Nécessaire.
-Tu recommences.
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Eyelash Beat
RomanceSinia est une grande île comptant six contrées toutes dominées par un Roi ou une Reine. Lorsque le Roi de la contrée des Mers décède, son fils héritier n'a d'autre choix que de devenir le nouveau souverain. Cependant, chaque Roi et Reine de chaque c...