8. Sensation de mal-être

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Serindë.


Ric est un garçon de sept ans. Un garçon de sept ans, les yeux embués de larmes, qui me raconte les horreurs que j'ai fait subir à sa famille.

Je suis agenouillée face à lui, les mains dans le dos liées par de la corde solide.

Et lorsque j'entends sa voix éraillée par la douleur, ses cris de rage et sa vulnérabilité...

J'ai envie de vomir.
De me vomir.
Et cette sensation m'accompagne chaque jour depuis que j'ai commis ces meurtres.

Sa souffrance est semblable à des épines de rose que l'on aurait planté dans mon cœur. Douloureuses, affligeantes, toxiques.

Sa peine est identique à la mienne. Dévastatrice, immonde, anesthésiante.

J'ai assassiné ses parents en même temps que j'assassinais le peu de confiance en moi qui me restait.

Je l'ai enterrée bien trop tôt.

La fatigue accumulée ces dernières semaines me revient comme une gifle. Mes cernes sont tellement foncés que je les vois quand je baisse le regard et les poches sous mes yeux sont tellement creusées que je les sens à travers mon corps.

Sans parler de mon corps si fragile, si éreinté.

Je leur suis subitement reconnaissante de m'avoir mise à genoux. Bien que ma fierté me trouve ridicule d'être en position de soumission, je sens que mes jambes n'auraient jamais supporté mon corps.

Je peine à garder les yeux ouverts et ma tête est inclinée vers le sol, comme si mes regrets pesaient bien trop lourd pour que je garde la tête haute. Mes yeux se ferment pour ne plus voir les erreurs que j'ai commises.

Je ne me sens plus dans mon propre corps. J'ai l'impression d'être à côté de mon corps, et de l'observer souffrir. Je suis plus qu'enfermée dans mon esprit pourri par les meurtres. Je ne suis plus moi.

Mon regard fixe le vide bien que mes yeux soient pointés sur le petit garçon, puis je me sens déréaliser.

Je n'ai plus aucun souvenir de ce que je pensais il y a trente secondes. Mes pensées ne sont plus des pensées. Je n'en ai aucun souvenir fluide. Je réfléchis, mais je ne m'en rappelle plus.

Ainsi, je reste plusieurs secondes jusqu'à ce que ma vue deviennent opaque et que je cligne des yeux pour sortir du monde dans lequel je m'étais enfermée.

J'ai beaucoup de mal à faire entrer de l'air dans mes poumons, ma transe ayant ralenti mes respirations.

Ma tête bourdonne et des mains chaudes saisissent les miennes glacées attachées dans mon dos.

Quelqu'un me relève et me jette violemment par terre dans le but de me faire avancer. Je suis bien trop fatiguée pour me mettre en colère.

Alors, je me laisse détruire comme j'ai détruit leur vie.

Mes chutes ne me laissent pas saine. Du sang s'écoule de mon arcade, je ne peux pas évoluer la gravité de la blessure donc, je dépose délicatement mes doigts sur la partie endommagée de ma peau.

Ça me brûle.

Ma douleur ne serra qu'éphémère.

Non...

C'est moi qui suis éphémère.

Cette sensation de n'être plus qu'un objet me ronge.

Être ainsi en captivité me rappelle mon enfance. C'est pourquoi je n'ai pas bronché lorsque qu'après avoir traversé une multitude de tunnels, on m'a enfermée.

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