Eyelash Beat

38. Elle

Dagnir.

Ma main nouée dans la sienne est probablement l'élément qui vient d'enjoliver ma journée.

Sans compter ses mots.

Plus que ma propre vie, je t'aime.

C'est si puissant que ça m'en donne des frissons à chaque fois que j'y repense.

Ensemble, nous descendons lentement le Mont Elfe, à peine éclairés par la faible lueur du Soleil qui disparaît derrière les nuages à chaque minute qui passe.

Nous voyons enfin le chemin nous faisant rejoindre la ville et je sens la paume de Serindë se crisper dans la mienne, puis je la sens ralentir pour finalement s'arrêter.

-Dis-moi que tu n'as pas laissé Indis seule.

Je serre sa main un peu plus fort dans la mienne pour la rassurer.

-Jamais. Elle est à Maria avec Cirdan. On peut aller la rejoindre, si tu veux.

Elle acquiesce et, lorsque nous traversons les passerelles menant à mon Royaume, nous agréons tous les deux pour faire un détour vers l'Océan Evodia avant de rentrer.

Nos pieds touchent simultanément le sable, qui ressemble plus à une étendue de petits cailloux, par ailleurs.

-L'eau à l'air chaude, annonce Serindë, une expression émerveillée sur le visage lorsqu'elle voit le coucher de soleil menaçant de disparaître, au loin.

-À toi de vérifier.

Je la regarde s'avancer vers le rivage, s'accroupir, puis toucher l'eau agitée du bout des doigts. Elle ne dit rien, mais je constate qu'elle avait raison puisque je la vois retirer sa robe afin de se retrouver en sous-vêtements.

Serindë s'avance dans l'eau jusqu'à ce que celle-ci atteigne son bustier, et c'est à mon tour de quitter mes vêtements pour la rejoindre.

Ce moment partagé dans l'eau est apaisant.

Inhabituel, toutefois pur.

Serindë finit par m'enlacer, et bien que surpris par cette démonstration soudaine d'affection, je ne réplique rien et referme mes bras dans son dos, collant ensemble nos deux cœurs qui s'emballent à l'idée de rejoindre l'autre.

-Je me demande ce qu'il se serait passé si on ne s'était jamais retrouvés.

-Tu veux dire à Imaginarium ? je réponds, curieux qu'elle engage la discussion sur notre passé commun.

-Oui. Est-ce que l'on se serait rapprochés tout de même ?

-Je ne sais pas. J'avais beaucoup de rancœur à ton égard, avant.

Sa tête, allongée contre mon torse, ne me permet pas de voir ses yeux bleus dont j'ai tant envie de rencontrer la profondeur, encore une fois.

Il passe un court moment durant lequel seul le bruit des vagues et les reflets rose orangés du Soleil dans le ciel nous bercent.

-Je suis désolée. Pour ce que je t'ai fait vivre.

Ma main vient trouver place dans ses cheveux, comme pour la réconforter, et sur le coup, je sens mon cœur se serrer.