Eyelash Beat

21. Se sentir seule ou être seule ?

Dagnir.

-Qu'est-ce que tu fais ? je demande pour la énième fois.

Nous sommes dans la chambre de Serindë et je ne la trouve étonnamment pas à son image. Moi qui pensais qu'elle serait décorée de peinture noire, j'ai été agréablement surprise de voir ses murs peints en bleu pâle.

Comme à Maria. Sans les vagues.

Sur ses murs sont écrits de nombreuses paroles de musiques dont certaines que je n'arrive pas à lire tant de nombreux mots se superposent sur les autres.

« Je ne me suis jamais sentie aussi seule. »

Et j'en viens à me demander avec une profonde curiosité si ces paroles sont récentes ou non.

Je n'obtiens pas de réponse à ma question.

Serindë passe à mes côtés sans me voir et traverse la pièce afin de remplir son sac qui déborde déjà de vêtements et de produits d'hygiène.

Parfois, elle s'arrête et semble proche de la crise de nerfs au point de s'en arracher les cheveux. Mais elle se reprend rapidement et continue de fouiller chaque recoin de sa chambre.

Lorsque Serindë passe de nouveau à mes côtés, je saisis son poignet et l'intercepte dans sa course.

-Où est-ce qu'on va ? Pourquoi tu remplis un sac ?

Elle me sourit nerveusement. Elle est certes anxieuse, mais ses yeux glacés se réchauffent.

J'aime son sourire.
J'aime ses yeux.

Mais je la déteste tellement. Je déteste tout ce qu'elle est. Je déteste qu'elle n'ait aucune valeur. Je déteste qu'elle soit autant rude.

Malgré tout, son apparence me piège à chaque fois. Comme si tout chez elle me poussait à la prendre en considération.

Comme si tout chez elle me forçait à oublier quelle abomination elle est.

Elle est attirante, mais si repoussante en même temps.

-On va juste faire un tour.

-Te fous pas de moi.

-On va...

Mon impatience se transforme en frustration lorsque la porte de sa chambre claque, m'empêchant d'avoir des réponses à mes questions.

Mai est essoufflée.

-Les rebelles ont franchi la frontière d'Imaginarium. Isil leur en a donné l'ordre.

-Pourquoi est-ce qu'elle a fait ça ?! s'écrie Serindë.

-Pour les combattre.

-Ça revient à les tuer pour rien !

Après ses paroles, j'en reviens à me demander si elle n'a vraiment pas de valeur.

Elle paraît tellement... humaine.

-Je sais, soupire sa sœur. Tout le groupe royal est parti convaincre les rebelles d'abandonner et de raisonner Isil. Il ne manque plus que toi, enfin, vous.

Elle devient complètement folle.

Je ne sais pas ce qui se passe dans la tête d'Isil, mais ça m'inquiète réellement.

J'irai la voir.

Dès que j'aurais fini mon enquête.

•••