22. Pour une âme solitaire

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Serindë.



-Tu te réveilles enfin.

Je me sens apaisée.

Mais mes souvenirs me reviennent et une pointe douloureuse s'enfonce dans mon cœur.

Je veux juste dormir. Dormir pour m'épargner cette douleur.

Sa perte me fait pleurer. Encore. Alors que je ne sais même pas qui est à mon chevet et qui me parle.

Je comprends avec étonnement que c'est Janyn Fenthana, le frère aîné de Celeanar qui caresse mon dos dans l'espoir de me réconforter.

Lui, ne pleure pas malgré l'expression peinée qui peint son visage.

-Je n'ai même pas pu lui dire que je l'aimais en retour, je pleure.

Janyn ne dit rien et se contente simplement d'être là.

-J'ai prévenu tout le monde que tu étais réveillée. Ça fait deux jours complets que tu dors. On t'a attendue pour enterrer ma sœur.

Ils m'ont attendue. Moi ?

-Habille-toi en violet, c'était sa...

-Sa couleur préférée, je sais, je le coupe.

Elle aurait voulu un enterrement en couleur.

N'étant pas une adepte des robes extravagantes, j'enfile une très légère robe violette fluide et longue, tandis que j'observe avec peine le costume jaune pâle d'Eöl, celui rose clair de Dagnir, celui vert de Cirdan ainsi que la robe bleu roi d'Isil.

-Je t'ai soignée pendant tes deux jours de sommeil, annonce Janyn. Tu garderas uniquement une cicatrice de plusieurs centimètres.

Je hoche la tête, incapable de le regarder dans les yeux.

Parce que je vois Celeanar en lui.

-Tu vas bien ? me demande Isil.

Bien que banale, cette phrase m'écrase le cœur. Comment aller bien alors que Celeanar est...?

Ainsi, je ne lui réponds pas, parce que, malgré tout, je ne veux pas lui mentir.

Nous sommes alignés autour d'un cercueil en bois blanc. De nombreux arbres nous couvrent de la neige et nous empêchent d'avoir trop froid.

-Nous enterrons aujourd'hui Celeanar Fenthana, morte avec respect, dignité et honneur au combat, commence son père.

Je serre les dents et esquisse une grimace de tristesse pour m'empêcher de pleurer.

-Elle était... douce, aimante, respectueuse, fragile. Ma fille était spéciale.

Madame Fenthana pleure douloureusement sur l'épaule de son mari et je réprime mes sanglots.

Pourquoi elle ?

-Elle était...

-Exceptionnelle, je le coupe. Celeanar est exceptionnelle. Elle est formidablement belle, drôle et gentille. Comme vous le dites, elle est spéciale. Parce qu'elle a toujours pris soin des autres, les a toujours aimés et chéris. Elle est parfaitement elle. Et à chaque fois que je verrais les étoiles, je penserais à elle, car elle n'a jamais cessé d'illuminer ma vie. À chaque fois que je verrais la nature, je penserais à elle, car elle n'a jamais cessé de s'épanouir malgré les difficultés auxquelles elle a été confrontée. À chaque fois que je verrais la mer, je penserais à elle, car elle n'a jamais cessé d'être calme malgré les vagues qui tentaient de l'en empêcher. Celeanar est ma grande sœur. Et même si elle a rejoint les cieux, je la verrais dans mes souvenirs, dans mes larmes et dans mon cœur.

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