Dagnir.
J'ai mal à la tête.
La gueule de bois ne me réussit définitivement pas. J'aurais préféré finir accompagné avec un mal de crâne, mais Aerin refuse de boire ne serait-ce qu'une goutte d'alcool.
Peut-être que ça lui rappelle trop de mauvais souvenirs.
Je me rappelle lui avoir posé la question sur le fait qu'elle ne buvait pas d'alcool, et je crois qu'elle m'avait simplement répondu qu'elle préférait rester sobre au cas où...
Au cas où Serindë reviendrait.
Mais elle ne reviendra jamais d'entre les morts.
Je ne sais pas comment lui faire ouvrir les yeux. Elle refuse d'accepter sa mort, bien que son enterrement soit aujourd'hui.
Quant à moi, au lieu de l'accepter, je préfère l'oublier.
Chaque fois que je touche une bouteille, elle est là, buvant la première gorgée comme à son habitude.
Et ça me refroidit affreusement de voir que c'est moi, c'est moi qui boit la première gorgée à sa place.
Mon amoureuse. Ma Reine.
-Elle est partie... je sanglote.
Et j'ai l'impression d'être bien trop sobre pour encaisser cette journée. Mais je n'arrive pas à me résoudre à l'idée de finir ivre lors de ses funérailles.
Serindë a été incinérée, et je n'ai pas été là pour le voir. Personne ne l'a été, à vrai dire.
Je me bourrais la gueule tandis qu'Aerin empêchait Indis de rentrer dans la salle de bain lorsque je vomissais dans les toilettes.
Ses cendres noyées de souvenirs seront relâchées ici, à Mare Tenebrarum.
À l'océan Evodia.
J'ai perdu les deux femmes de ma vie.
-T'es prêt ? me demande mollement Aerin. J'espère que tu n'es pas ivre.
Son ton est monotone, et je crois que ni elle, ni moi ne souhaitons assister à la disparition de ses cendres. À la dernière chose qui nous relie à elle.
Parce que ça voudrait dire qu'elle est vraiment morte.
Je crois que c'est la première fois de toute ma vie que je porte du noir. Je suis habillé d'un costume dont je ne prends pas la peine de boutonner la veste. Même ma chemise est noire.
Aerin, elle, porte une robe noire simple et élégante qui descend jusqu'à ses chevilles et qui couvre entièrement ses bras. Elle a agrémenté ses cheveux roux coiffés en chignon d'un chapeau de la même couleur que sa robe.
Elle m'a confié quelque instant plus tôt que le chapeau bien trop grand pour elle ne servait qu'à couvrir le haut de son visage.
À couvrir ses larmes.
Aerin entrelace son bras au mien et pose sa main gantée d'une paire de gants blancs très courts sur mon avant-bras.
-Aerin, on peut rentrer ? je chuchote, honteusement.
-Non, elle réplique fermement. Tu vas le regretter sinon, je te connais.
Discrètement, elle passe une main sur sa joue, et je sais que c'est pour essuyer une larme solitaire.
À nous deux, nous nous camouflons dans la foule qui s'élève pour entamer une longue marche jusqu'à l'océan Evodia.
Je pose un pas après l'autre sans prendre conscience que je me dirige vers ma fin.
Oh mon dieu, je veux tellement mourir.
Maintes fois, j'ai pensé à la manière dont j'allais me tuer afin de la rejoindre. Maintes fois.
Sauf que les images épouvantables d'Indis qui pleure dans mes bras me rattrapent, et je me sens incapable de la quitter.
C'est tellement douloureux de rester avec elle alors qu'elle ressemble de plus en plus à sa sœur aînée.
Je n'ai jamais été friand des longs discours, mais pourtant, lorsque mes pieds foulent le sable de l'océan Evodia, je suis le premier à parler.
J'observe délicatement sa sépulture auprès de celle de ma mère.
Et je ne pleure pas.
Parce que je dois rester fort pour Aerin accroché à mon bras. Parce que je dois rester fort pour Indis désormais agrippée à mon autre main.
-La vie n'est qu'une peinture. Elle s'éveille par le bout du pinceau qui la fera elle même mourir. Et Serindë était ma peinture. Elle était... Elle est ma muse. Mare Tenebrarum n'oubliera jamais sa Reine.
Les habitants s'inclinent devant les cendres de leur défunte Reine.
Les grains de vie et de souvenirs s'envolent dans nos mémoires et se font emporter par le vent agressif du deuil.
Là où nous ne les retrouverons jamais.
-Le temps ne vaut rien d'autre qu'une poignée de gravier, hein ? murmure Aerin à mes côtés. Menteuse.
Mais ça va aller. Parce que le moment où il a fallu se relever et signer la fin de la guerre est passé.
Et rien de pire ne peut survenir maintenant.
Serindë.
L'aimer, c'était comme respirer.
Vivifiant.
Et poignant.Elle était une étoile. Mon étoile.
Je l'aimais tellement fort, mais je ne pouvais pas l'atteindre.Après tout, la Lune n'a jamais appartenu aux étoiles.
Serindë Valren.
Je t'aime.Je t'aimerai jusqu'à la fin des temps.
•••
Hi loves...🫶
Voilà un très long chemin qui s'achève, j'en ai les larmes aux yeux.🥹
Serindë et Dagnir vont tellement me manquer...
Pour moi, cette fin était celle qui correspondait le mieux avec leur histoire d'amour tragique, à plusieurs reprises j'ai eu envie de tout effacer pour que Serindë reste en vie et qu'ils vivent à deux leur histoire d'amour, mais je ne pouvais pas m'y résoudre.
J'en reviens toujours pas, j'ai posté mes premiers chapitres le 1er novembre 2022, et aujourd'hui, le 2 juillet 2024, je termine ce roman...🥹
Plusieurs fois j'ai eu envie d'abandonner, le tournant de l'histoire ne me plaisait pas, j'arrivais pas à avoir de l'inspiration... mais aujourd'hui je viens à bout de ce roman avec les larmes aux yeux🥹💖
À défaut de pouvoir vous dire see you soon une dernière fois, je peux dire...❤️
You'll see them again soon...
An eyelash beat will never be as powerful as a heart beat...
🌺 🦋 🍹 ☀️
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Eyelash Beat
RomanceSinia est une grande île comptant six contrées toutes dominées par un Roi ou une Reine. Lorsque le Roi de la contrée des Mers décède, son fils héritier n'a d'autre choix que de devenir le nouveau souverain. Cependant, chaque Roi et Reine de chaque c...