20. Sa douleur est mienne

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Dagnir.



-Ne pleure plus. Je suis là maintenant. Je panserai tes maux.

J'enlace plus fort son âme, conscient que mes paroles ne seront jamais suffisamment fortes pour calmer sa douleur.

Je ne sais même pas pourquoi je fais ça.

Son réconfort apporte le mien. Parce qu'on se ressemble. Je me vois en elle. Je me vois dans ses yeux.

Je la comprends. Parce que sa douleur, c'est aussi la mienne.

Parce que je suis autant malheureux qu'elle. Et j'aurais aimé que l'on m'enlève ma souffrance comme je tente de le faire avec elle.

Alors pour mon cœur abimé, je laisse, ce soir, ma rancœur de côté.

Je l'aide comme je veux qu'on m'aide.

Parce que si sa douleur peut être atténuée.
La mienne peut aussi.

J'embrasse son front. J'embrasse son âme.
Pour la protéger de ce que je n'ai pas su éviter.

Elle renifle doucement, ses pleurs se calment. Elle est épuisée.

Les yeux à peine entrouverts, elle me regarde.

Un fin voile d'eau recouvre ses yeux d'un bleu délicat.

Je sais que demain, ce soir n'aura jamais existé, parce qu'elle regrettera tout.

Elle redeviendra juste la soldate que j'ai toujours connue :

Serindë Caizana.

Mais ce soir-là, elle est bien différente. Elle ne porte plus de bijoux, la plupart ont été perdus à Maria, même son piercing au septum.

Ça adoucit son visage.

Mais je la préfère avec.

Elle ne porte même plus son habituel capuchon et ne cherche plus à couvrir son éternelle peau blanche.

Celle qui me fait tant penser à la neige.

J'ai récemment découvert que sa peau presque translucide n'était pas anormale, et qu'elle n'était pas la seule à la porter. Les principales concernées sont souvent victimes de chocs émotionnels qui poussent leurs peaux à s'éclaircir.

Peut-être dans son cas ?

Certainement dans son cas. Son père est une enflure que l'on ne peut même pas qualifier d'humain.

Et personne n'a jamais réagi.

Ce qui me confirme que mon père ne portait pas de tendresse envers elle. Il ne s'est jamais occupé de ce qu'elle vivait. Ou bien c'était sa manière complètement foireuse de la réconforter ?

Je ne sais pas. Et ça me torture le cerveau.

Et s'il lui avait fait du mal ?

Peu importe, il est mort. Elle ne craint plus rien.

Tout ça m'emmène à notre récente bataille.

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