28. Âmes jumelées

10 4 39
                                    

Dagnir.



Janyn soutient le corps de Serindë qui menace de s'effondrer à chaque seconde qui passe, tandis qu'elle s'époumone devant le souvenir du corps retrouvé dans le sous-sol.

Janyn essaie de la rassurer, mais il ne parvient même pas à la calmer.

Il est sorti bien trop vite de l'infirmerie, à mon goût.

Quant à moi, je reste là, figé, mes bras encerclant Indis pour la protéger du corps mort de sa sœur.

De Mai Caizana.

C'est son corps pendu qui a été retrouvé, et elle était sûrement déjà morte depuis plusieurs heures.

-Mon doudou n'est pas là-bas ? demande Indis, de son innocence légendaire.

Une pensée à sa sœur me vient, et je suis tenté de lui parler de son suicide. Mais je secoue rapidement la tête, déterminant que ce n'est pas nécessaire de lui faire de la peine inutilement.

Puis, elle voit sa sœur en larmes, et se précipite dans ses bras.

Les deux sœurs s'enlacent, chacune pleurant sur l'épaule de l'autre. Serindë pleurant Mai, et Indis pleurant la peine incomprise de son aînée.

Face à ce lien fraternel si fort, je ne peux pas agir. Je les contemple, sans une parole, sans un seul acte.

Je regarde Janyn tenter de les consoler.

Mais, c'est moi qui devrais être à sa place.

Je serre les poings à cette idée, et décide de mettre ça de côté pour m'occuper de Mai Caizana. Une fois la morgue appelée, je me mets à réfléchir.

Lyeecia n'est pas la traître. Simplement la complice.

Et seuls, Janyn, Serindë, Indis et moi nous trouvions à Tenebris.

Donc Mai s'est suicidée. Sans laisser ne serait-ce qu'une lettre, étonnamment ?

Mai n'était-elle pas amoureuse ? Comment aurait-elle pu abandonner son amante sans laisser quelque chose ? Et puis, ne venait-elle pas de tout juste se réconcilier avec sa sœur aînée ?

Tout ça n'a aucun sens.

J'échange de tristes banalités avec l'équipe mortuaire avant qu'ils ne s'occupent de la défunte. Tandis que Serindë, Indis et ce connard de Janyn n'ont pas supporté la vue de Mai morte et rongée par les larves, je reste là à observer son corps sous toutes les coutumes.

L'équipe des pompes funèbres détache avec délicatesse le nœud en huit qui maintient Mai suspendue au plafond qui manque de céder sous son poids.

-On l'amène à la morgue.

Cette phrase est littéralement une invitation pour les accompagner, et je ne me gêne pas pour les rejoindre.

N'étant pas bien loin, le trajet jusqu'à la morgue se fera court.

Avant que je ne traverse les portes, une petite main me tient la manche et je m'arrête immédiatement.

-Ma sœur... Elle a besoin de toi, chuchote Indis, les yeux larmoyants couverts par sa chevelure blonde.

-C'est justement ce que je suis en train de faire, je m'occupe d'elle.

Et moi qui pensais qu'elle allait laisser tomber, je me suis complétement fourvoyé. Indis semble tout autant têtue que Serindë.

Elle croise les bras sur sa poitrine, et fronce les sourcils.

-Non ! Tu ne fais rien du tout, là.

-Je fais davantage que ce que tu penses.

Eyelash BeatOù les histoires vivent. Découvrez maintenant