24. Meurtrière prise sur les faits

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Serindë.



Mon compte s'est arrêté à deux jours. Cela fait plus de deux jours que je suis enfermée dans un cachot minuscule qui ne contient rien de plus qu'un lit et des toilettes.

Je n'ai jamais été aussi bas.

Est-ce que maman est au courant ? Je prie pour qu'elle soit tellement défoncée qu'elle en oublie ma présence ici si mon père l'en informait.

-As-tu compris pourquoi tu étais là ?

Je sursaute, ne m'étant pas attendue à ce que l'on me parle.

Je vois les yeux de mon père, similaires aux miens, mais avec une touche de malveillance supplémentaire, à travers la porte entrebâillée. Je suis bien trop fatiguée pour me relever et m'approcher, alors je reste assise au pied du lit comme depuis deux jours pour éviter de m'endormir.

-Parce que j'ai tué des gens qui ne le méritaient pas, réponds ma voix enrouée par la déshydratation.

-Mais également pour autre chose.

Comme si ça ne suffisait pas, il fallait qu'il en rajoute.

-Dis-moi, je réponds, sans convictions.

-Parce que tu es dangereuse, Serindë, et je dois pouvoir contrôler ça.

Ainsi, tu as peur ?

J'éclate de rire, et je ne saurai dire s'il est nerveux ou sarcastique.

-Reconnais-le, tu as simplement peur de moi. Je suis devenue plus puissante que toi, je ricane.

Il m'enferme comme une bête pour éviter que sa propre puissance ne se retourne contre lui.

Passionnant.

Il ne répond rien, et je comprends que je l'ai cerné.

-Tu le savais, j'affirme. Tu le savais que j'allais devenir plus forte, mais tu as continué.

-Tu ne devais pas te retourner contre moi et aller avec lui !

-Je n'ai jamais été de ton côté.

Perdant de cette bataille, il me tourne le dos et je fixe mes yeux sur le sol comme initialement.

-J'ai fait tout ça pour ton bien.

-Mon bien ? je rétorque. Mais ça m'a fait du mal !

-Peu importe.

Et il s'éloigne pour de bon, emportant avec lui mon cœur brisé de ses mains.

Encore une fois, mes sentiments sont balayés, rejetés.

Comme il le dit si bien, peu importe.

Mes paupières se ferment pourtant, je lutte pour rester éveillée.

Même mon corps est trop fatigué, alors je bouge afin de trouver une position inconfortable qui m'empêchera de dormir, mais rien n'y fait.

Ramenez-moi ou j'appartiens.

J'appartiens aux océans, pas aux ténèbres, et ce, depuis toujours.

Je m'assoupis.



•••



Aerin.



-Est-ce que t'as un plan B ? je lui demande.

-Pourquoi avoir un plan B alors que je suis sûr que le plan A va marcher ?

Eyelash BeatOù les histoires vivent. Découvrez maintenant