14. Lorshara Rerdesu

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Dagnir.



Je suis venu. Pour elle.

Je suis venu la chercher, elle, Serindë Caizana, alors que quelques heures avant, elle avait évoqué de la pire des manières ma défunte mère.

Je l'ai sauvée au même titre que j'ai sauvé son Royaume.

Je suis assis, au sol, à ses côtés. Je n'ai ni eu la force de dormir, ni de la regarder.

Elle a l'air endormie, et ça fait plusieurs heures que je me demande si elle dort vraiment ou si elle s'est évanouie à cause de la fatigue.

Je fixe le plafond sans réellement le voir.

Je suis allé à l'océan Evodia alors que je n'y étais pas allé depuis des années.

Pour elle. Pour la chercher.

Sans moi, elle serait morte. Mais sans moi, elle ne serait jamais venue à Maria et n'aurait jamais eu à subir ça.

Je la déteste tellement.

Je daigne enfin la regarder lorsqu'elle pousse un gémissement de douleur dû à la position peu agréable dans laquelle elle était allongée.

Ses iris bleutés me regardent à travers ses longs cils.

Ce bleu.
Spécial.

Un bleu océan hypnotisant. Hypnotisant, tel est le mot qui les décrie. Ce bleu océan me fait penser à l'océan Evodia. Tout chez elle a le don de me rappeler mon chez-moi, et c'est plus que frustrant.

-Où est Aerin ? murmure-t-elle avant d'être secouée par une violente quinte de toux.

Je me vois en elle. Je vois mon reflet dans ses yeux.

-Elle est partie aux premières lueurs de l'aube.

Elle se relève, tangue, mais prend appui sur le mur contre lequel elle était adossée quelques instants auparavant.

-Je dois aller la chercher. Ensemble, on doit...

-Et comment comptes-tu y aller ? Ta tête est mise à prix, même ici, tu es bannie, Serindë.

Tu es coincée ici.

-Tu risques les grandes limbes à chaque seconde qui passe.

Furieuse, elle ouvre violemment les grandes portes et quitte le château. J'en profite pour jeter un coup d'œil à l'extérieur. Serindë semble autant ahurie que moi.

Les rues sont sales et encore humides. Des maisons sont détruites, et celles ayant survécu sont en très mauvais état. Certains habitants tentent de chasser l'eau qui recouvre le sol de leur habitation sans obtenir le moindre résultat.

Rien n'a survécu à la tempête.

De l'eau a également inondé le palais et d'innombrables vitres sont cassées. Cependant, cette vieille architecture a tenu, contrairement au reste.

Tout est détruit.

Des morceaux d'algues trainent négligemment sur les routes ayant résistés au tsunami.

-On a plus d'informations sur ce qu'il s'est passé ? demande Serindë, son regard toujours pointé sur les maisons détruites.

Je quitte le palais à mon tour.

-Le tsunami avoisinait les cinquante-six mètres. On a eu de la chance qu'il ne soit pas plus grand. Il y a eu une faille dans la croute terrestre, dans la mer aux Tortues. Il y a eu une grosse succession de vagues dont la dernière date d'il y a presque quatre heures.

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