19. Panse mon cœur

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Serindë.

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Je ne vois presque rien.

Pas parce que je suis en colère.
Pas parce que ma blessure tourmente mon cerveau.
Pas parce que mes yeux bleus sont trop fragiles face à la lumière aveuglante pointée sur moi.

Non. Rien de tout cela.

Je ne vois presque rien, car je retiens mes larmes. Une grosse boule d'anxiété se forme dans ma gorge.

Je suis blessée. Ma douleur physique n'est rien comparée à ma douleur mentale.

Je me sens humiliée. Non pas par l'atroce femme qui m'a infligé cette blessure.

Mais par papa.

Je renifle de tant à autre tout en me mordant la lèvre pour retenir des sanglots.

Ceux-ci restent silencieux. Mes sentiments sont étouffés. Réduits à néant.

Je ne porte plus mon plastron. On me l'a retiré lorsque que nous sommes tous rentrés à la maison. Comme si je n'avais pas l'honneur de le porter.

Papa me soigne.

Un sanglot un peu trop bruyant s'échappe de ma bouche et mon père raffermit sa prise sur mon épaule.

Il continue de désinfecter ma blessure tandis que je lève la tête vers le plafond de la salle d'entraînements pour empêcher mes larmes de couler.

Parce que je sais ce qui va m'arriver.

Mon père me recoud. Sans anesthésie.

Je ne geins pas une seule fois, plus qu'habituée aux méthodes médicinales de mon père.

La pièce est plongée dans un silence pesant, car papa, lui-même, sait ce qu'il va me faire subir mentalement.

Mon visage se déforme par la douleur émotionnelle quand mon père s'éloigne de moi.

Mon châtiment est si proche.

J'attends. Plusieurs secondes.

Et sa violence me tombe dessus.

Sa main s'abat sans douceur sur ma joue. Mes larmes coulent. J'ai envie de vomir.

Je ne retiens plus rien. Mes sanglots sont violents et secouent brusquement mon corps tandis que mes larmes roulent toutes seules sur mes joues.

-Tu me déçois, Serindë.

Mon cœur pleure.

Il me saisit avec violence par les épaules. Il appuie donc sur ma blessure et je crie de douleur.

-JE T'AI ÉLEVÉE ! JE T'AI ENTRAÎNÉE ! POUR QUE TU SOIS FORTE, ET TU REVIENS AVEC UNE BLESSURE.

Je secoue la tête. Parce que je sais ce qu'il va se passer.

Je sais ce qu'il va m'arriver. Je sais ce qu'il va me dire.

Parce que ça se passe toujours comme ça.

-Tu es la déception de la famille Serindë. MA DÉCEPTION. TU T'ES APPELÉE CAIZANA, SYNONYME DE FORCE, MAIS TU NE VAUX PAS CE NOM.

Je secoue la tête, redoutant ce moment.

J'en pleure si fort que je hoquète.

Je pleure. Devant mon père.

-Tu n'es pas reconnaissante du travail que j'ai fait sur ton corps.

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