PDV Thysia
Je ramasse la boucle d'oreille qui est tombée au sol à cause de mes mains tremblantes.
-Arrête. Dis-je à Carmin en me tournant vers elle tandis qu'elle me sourit, amusée.
Elle se lève du lit et s'approche de moi puis replace mes cheveux derrière mes épaules.
-Tu es stressée. C'est inhabituel mais pas étonnant.
-Je ne suis pas stressée. Pourquoi le serais-je? Demandai-je en me tournant vers le miroir pour appliquer soigneusement un baume à lèvres à la fraise.
Elle ricane et s'installe sur le bord de la fenêtre.
-Peut-être parce qu'il ne te laisse pas si indifférente que ça. Dit-elle en regardant l'allée de la maison.
Je roule des yeux et enfile mes cuissardes.
Mon cœur bat à la chamade. C'est étrange, Leonardo est pour moi un inconnu mais je me sens tellement différente et sereine avec lui que cela en devient naturel de lui faire confiance les yeux fermés.
-Je suis prête! M'exclamai-je en souriant grandement à la châtaine.
Elle se tourne vers moi et hoche la tête.
-Parfait.
Elle se redresse et me rejoint avec d'embrasser ma joue et de me prendre la main pour descendre au salon.
Mon regard croise celui de Roméo.
-Tu vas avoir froid comme ça, pequeña.
Je regarde ma jupette.
-Je vais lui prêter un blazer. Ne t'en fais pas. Me tire-t-elle vers l'entrée.
Elle attrape la veste noire et me l'enfile.
-Et voilà! Il est où Leo? Demande Carmin à Roméo.
Il fronce les sourcils.
Merde.
-Roméo?
Il passe sa langue sur ses lèvres.
-En mission, je l'ai envoyé il y a quelques heures.
Quel con.
Carmin souffle avant posant ses mains sur son visage.
-Tu n'as pas eu l'impression qu'il était réticent?
Il hausse les épaules.
-Un peu mais sans plus. Je ne lui ai pas laissé le temps de parler. J'avais des affaires à régler.
Je me décompose.
Carmín avance vers le bouclé et sort son portable avant de tapoter dessus.
-Il arrive. Dit-elle en lançant un regard désespéré à mon frère.
-Mais!
Elle pose son index sur ses lèvres, ce qui ne manque d'augmenter les pupilles du brun.
-Tu te tais. Je rattrape déjà tes erreurs.
La châtaine devient rouge lorsque Roméo lui mordille le bout de son doigt.
Elle laisse vite tomber sa main avant de se tourner vers moi et de m'embrasser la joue.
-Amuse-toi bien.
Je lui souris alors qu'elle s'empresse de fuir la pièce. Roméo à ses trousses.
Je ricane avant de sortir de la maison.
Mes talons s'enfoncent légèrement dans les graviers tandis que j'avance jusqu'à la voiture.
Assise sur le capot et sors une cigarette.
Le ciel est sombre mais la pleine lune me permet d'allumer mon bâtonnet de nicotine et de le coincer entre mes lèvres.
Du bout des doigts, je touche le côté de mon crâne.
Depuis mon réveil, il me manque quelques choses. Des souvenirs, certes mais autre chose aussi.
Non. En fait, quelque chose est au fond de moi mais je ne me souviens pas pour quelle raison.
Et puis lui. Qui est-il? Il m'a fait comprendre qu'on se connaît depuis plusieurs années déjà. Il me fait ressentir des choses uniques et incroyables.
J'ai cette frustration coincée dans chaque parcelle de mon corps.
Je veux me souvenir.
Souviens-toi putain...
La fumée grisâtre s'évapore dans le vide alors que je jette mon mégot sur le sol avant de l'écraser du pied.
Je frissonne doucement en me redressant en replaçant correcteur mes cheveux et de remettre un peu de baume.
-Merde. Je grogne en faisant tomber le bouchon sur les graviers.
Le corps penché, je sens soudainement une présence derrière moi.
Une main se pose sur mon bras. Je me redresse vivement et me tourne rapidement en armant mon bras vers le cou de la personne.
Une puissante main m'arrête.
Je soupire en fermant les yeux.
-Tu m'as fait peur!
-Qu'est-ce que tu fais là? Tu vas attraper froid.
Leonardo lâche tendrement mon bras.
Il est légèrement décoiffé et sa chemise laisse paraître le début de son torse.
Malgré son côté un peu débraillé, il reste élégamment habillé d'une chemise noire retroussée sur ses avant bras et d'un pantalon de costume également noir.
Il est allé en mission comme ça?
-Quoi? Demande-t-il sous mon regard insistant. Désolé, j'ai du retard. Dit-il en passant une main nerveuse derrière sa nuque en détournant son regard.
Je reste neutre essayant de ne pas sourire bêtement.
Mais il sourit.
-T'es ravissante Theodora. Souffle-t-il de sa voix rauque et masculine.
Raté.
Mes lèvres s'étirent dans un grand sourire pendant que mes doigts se tordent derrière mon dos.
-Gracias. Tu n'es pas mal non plus. Dis-je doucement alors que son sourire me remercie.
Mon cœur bat fort et je crains qu'il puisse l'entendre.
Nous restons ainsi plusieurs secondes sans ne rien dire et en se regardant dans le blanc des yeux.
Il sort enfin de sa torpeur et se décale pour m'ouvrir la portière.
-Je t'en prie.
Je souris une énième fois en m'installant sur le siège passager.
Il en fait de même et nous voilà partis je ne sais où.
-Tu nous emmènes où?
-C'est une surprise, bella.
Je hoche la tête puis la tourne pour voir la favela défiler sous mes yeux.
Sa main droite se pose sur ma cuisse alors que la gauche est plaquée sur le volant.
Un violent champ électrique traverse mon corps et mon cœur se réchauffe d'une étrange chaleur.
Je mordille ma lèvre inférieure et lui lance un coup d'œil.
Il me regarde déjà et mordille aussi sa lèvre avant de se tourner vers la route tandis que sa main resserre ma cuisse.
Ma respiration s'accélère à l'instar de mon cœur et des centaines de pensées qui traversent mon esprit, victime de cet homme depuis déjà plusieurs jours.
VOUS LISEZ
Bleu Indigo
RomansaMaltraité par ses parents depuis sa plus tendre enfance, Leonardo n'a jamais cru en l'amour. Perdu entre traumatisme, violence et sadisme, il a toujours fait en sorte de se protéger, peu importe les conséquences. Il aime faire souffrir les gens, c...