Au revoir

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PDV Leonardo

Ma jambe tremble sous la table et j'ai l'impression que mes phalanges vont sortir de mes mains tellement je serre fort les poings.

-Je ne peux rien faire. Tu vas devoir aller dans une maison de redressement pendant un an et ensuite passer minimum six ans en prison. Tu es mineur alors ta peine sera moindre. Dit l'homme que Roméo a ramené.

-Mais c'était de la légitime défense! Vous avez vu la vidéo! Vous avez vu ce qu'il m'a fait. Criai-je.

Je leur ai montré cette vidéo malgré la honte qui m'accablait. Et malgré ça, je vais quand même devoir payer!

Je me relève subitement et ferme les yeux avant de tourner en rond comme un lion en cage.

Je ne peux pas être sept ans enfermé pour simplement m'être défendu.

-Tu as seulement sept ans puisque nous avons compté la légitime défense. Cependant, madame Pérez ne figure pas sur la vidéo. On a aucun moyen de plaider ton innocence.

-Et la non assistance à personne en danger? Vous vous la mettez dans le cul!? Ils m'ont battus, j'ai été violé toute ma vie. Regardez! Ordonnai-je en levant mon sweat montrant l'étendue des dégâts.

Des ecchymoses et des plaies, lui faisant détourner les yeux.

-Leonardo, je connais le juge, il te laissera partir après six ans de prison. Je lui donne l'argent et tu écopes d'une peine moins lourde. Me rassure Roméo.

Je prends une cigarette et aspire la nicotine qu'elle détient.

Que dois-je faire?

J'ai l'impression de devenir fou.

-LEONARDO!!

Je souffle.

Il ne manquait plus qu'elle.

-Je sais que tu es ici! J'ai vu ta moto! Hurle Thysia.

Je la vois passer dans le couloir avant de me remarquer et de se pointer devant moi.

-C'est quoi ton putain de problème?! Demande-t-elle en hachant sa phrase à chaque mot. Ça t'amuse de remplir mon casier de dizaines de sucettes!

Je me pince les lèvres essayant de retenir un sourire.

-Et puis ça! Me dit-elle en montrant un mot. Tout se paie un jour ou l'autre. Tu trouves ça amusant d'essayer de me faire peur? Je t'ai déjà dit d'arrêter!

Je fronce les sourcils ne comprenant pas de quoi elle me parle. Je n'ai jamais écrit cela. Je ne menace jamais si je ne suis pas devant la personne. Je ne suis pas une couille molle.

Je tire le papier d'entre ses doigts.

-Ce n'est pas moi ça. Pointai-je le papier en relevant le regard vers elle.

Elle pose ses petites mains fraîchement vernies sur ses hanches avant de taper du pied.

-Tu mens.

Je grogne avant de m'approche de son visage et de la regarde dans ses orbes marrons.

-Regarde-moi, as-tu souvenir d'un Leonardo qui ment?

Elle me scanne avant de froncer les sourcils et de regarder le papier que je tiens.

-Si ce n'est pas toi, qui cela peut-il bien être? Je n'ai fait de mal à personne. S'inquiète-t-elle.

Je froisse le papier avant de le fourrer dans ma poche.

-Je ne sais pas mais je veux que tu sois prudente. Faut le dire à Roméo.

-Non! Il va devenir fou et être encore plus lourd qu'avant. Tu vas devoir m'aider.

Je dois lui dire.

-Thysia. Je vais devoir m'absenter pendant sept ans. Déclarais-je en appréhendant sa réaction.

Elle reste figée et ne dit mot.

-Je ne veux pas que tu viennes me voir au cours de ce laps de temps. Tu dois continuer ta vie d'adolescente normale.

Elle baisse la tête en se frottant le nez et se racle la gorge.

-C'est par rapport à ce que tu as fait?

Je hoche la tête doucement.

-Roméo peut t'aider. Il connaît plein de gens! Roméo! Dit-elle en allant dans la cuisine.

Je l'attrape par le poignet et la tire vers moi.

-Ton frère a déjà fait le nécessaire. Si ma peine n'est pas plus grande c'est grâce à lui. J'ai tué mes parents et même s'ils le méritaient, la loi est comme ça. Je dois être punie.

Elle serre sa mâchoire et malgré son regard noir, je parviens à voir une profonde tristesse.

-Tu n'as pas le droit! Roméo a besoin de toi! J'ai besoin de toi!

Boum.

Je secoue la tête et reprends.

-Tu n'as pas besoin de moi. Tu es forte et ton frère sera là. Si quelqu'un te cause des ennuis, tu dois lui dire. Et arrête de faire des crises d'ado. Tu es plus intelligente que ça, Thysia. Beaucoup plus intelligente. Dis-je en remettant une mèche derrière son oreille.

-Je viendrai te voir tous les jours.

-Non. Je te l'interdis. Aucune jeune fille de devrait se rendre dans ce genre d'endroit. Tu m'entends? Je veux que tu t'épanouisses, que tu te fasses des amis.

-Mon seul ami, c'est toi! Me coupe-t-elle en pleurant.

-Je ne suis pas ton ami. Mais tu t'en feras. Je n'ai pas de doutes là-dessus.

-J'irai te voir!

-J'ai déjà dit à Roméo de ne pas te laisser venir.

Elle éclate en sanglots tandis qu'elle fonce sur moi pour abattre ses poings sur mon torse.

Cela me tend mais je la laisse faire parce qu'elle en a besoin.

-Je te déteste!

Tant mieux. Ce sera plus facile.

Je regarde Roméo qui vient d'entrer dans la pièce aux côtés du flic censé me ramener en maison de redressement.

Petit à petit, les coups de la brunette s'atténuent et elle finit le front coller sur mon sweat, en larmes.

Doucement, je l'éloigne de moi et ne remarque pas la claque qu'elle me met faisant basculer ma tête sur le côté.

-Thysia! Gronde Roméo.

Je la regarde essayant de retenir tous les souvenirs que j'ai et lui souris.

-Frappe-moi autant que tu veux, ça ne changera rien. Tu ne viendras pas me voir. Murmurais-je dans son oreille.

-Ne me laisse pas. Toi et Roméo êtes les seules personnes qui me parlent et m'apprécient.

-Je t'ai laissé assez de sucettes pour les sept ans à venir. Prends soin de toi, mi dulzura. Dis-je en embrassant doucement sa joue.

Elle reste là, les bras ballants alors que je me dirige vers le bouclé.

On se serre la main et il me fait une petite accolade.

-Protège-la. Et sois prudent, assure tes arrières. Hermano.

Il hoche doucement la tête alors que je sors de la maison, escorté par le flic.

Alors que j'allais fermer la portière de la voiture, la porte d'entrée claque et je vois Roméo retenir Thysia.

-Interdis-moi tout ce que tu veux! Jamais je ne t'écouterai! Si je dois m'enfuir pour te voir, je le ferais! Hurle-t-elle en pleurant alors que je lui fais un dernier sourire disparaissant derrière la portière.

Thysia Théodora. La prochaine fois que l'on se verra, tu seras devenue une jeune femme. Et j'espère te revoir épanouie et heureuse. Efface-moi de ta mémoire pendant ces sept ans si tu le peux.

Je reviendrai. N'oublie pas. Tu peux me fuir et avoir peur de moi. Tu peux même me haïr. Mais je te surveillerai toujours. Que tu le veuilles ou non.

Bleu IndigoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant