6. Bataille de gâteau.

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Propriété d'Edouard Anderson, Miami, 3h52.


Le reste du trajet s'est passé en silence et dans le plus grand des malaises. Je n'ai pas trouvé quoi dire à l'homme qui a enterré son frangin par ma faute. Andrew s'arrête devant l'énorme porte blindée de mon oncle. Sans ajouter un mot, je descends et contourne le capot de la voiture pour récupérer Amina, toujours endormie sur les sièges arrière. Je la soulève et tente tant bien que mal de ne pas la réveiller. Malheureusement, je suis un peu à l'étroit dans ma nouvelle voiture et me glisser entre les deux rangées de fauteuils est difficile. Je parviens tout de même à la sortir de l'habitacle.

La porte s'ouvre sans que je n'ai besoin de réveiller qui que ce soit. À quoi bon avoir une porte hautement sécurisée si elle reste déverrouillée la nuit ?!

Evidemment, Andrew ne nous suit pas. A la place, il s'adosse à mon capot pour s'allumer une cigarette. Je grimpe les escaliers qui mènent à l'étage et me balade dans la maison de mon oncle sans que ce dernier ne soit au courant. Je ne sais pas quelle chambre est celle d'Amina alors je vais l'installer dans celle que j'empruntais quand je venais ici pendant les vacances. Quand Chad faisait encore semblant... enfoiré. Pour une raison que j'ignore, je toque. Évidemment, personne ne me répond alors je rentre dans la pièce. L'endroit est plongé dans le noir, je cherche l'interrupteur en glissant ma main contre le mur. Je finis par le trouver et à avancer plus sereinement vers l'énorme lit au milieu de la pièce. Il n'est pas collé au mur, simplement en biais au centre de la chambre. Je n'ai jamais compris pourquoi mais après tout, je ne suis pas architecte d'intérieur.

J'allonge délicatement la jeune maman sur le matelas, dépose un baiser sur son front et remonte la couverture sur son corps frêle. Je la regarde un instant, un sourire sage aux lèvres. Je pense qu'elle s'est amusée ce soir et que le temps de quelques heures, elle est parvenue à oublier sa peine. Tout du moins je l'espère. Je m'assois à côté d'elle pour caresser ses cheveux puis, je me redresse enfin pour me détourner vers la porte. Je la ferme lentement pour ne pas la réveiller et reprends mon chemin en sens inverse.

De nouveau dans le hall, le bruit d'un verre qui éclate m'interpelle. Je tourne la tête vers le couloir qui mène à l'une des cuisines, derrière l'escalier. J'hésite un instant. Après tout... Andrew peut attendre quelques minutes de plus. Je me dirige vers le son que j'ai entendu aussi lentement que possible. Un homme jure entre ses dents serrées tandis que j'approche à pas de loup de la porte.

Je passe discrètement ma tête dans l'encadrement de cette dernière et vois mon oncle, accroupi vers le sol, en dessous du meuble où est posée une bouteille d'alcool à moitié vide. Edouard est en train de ramasser les éclats de verre. Je me racle la gorge, il sursaute et se redresse brusquement en se cognant la tête contre le plan de travail.

Il étouffe un grognement de colère, mixé à de la douleur avant de me fusiller du regard. Il se frotte l'arrière du crâne pour faire passer le mal que le coup lui a procuré. Je croise les bras sur ma poitrine tout en m'adossant contre le cadre de la porte.

— Salut, commencé-je platoniquement.

— SALUT ?! hurle-t-il en cognant le verre brisé sur la table.

Un rictus étire mes lèvres. Je ne bouge pas d'un millimètre. Leurs histoires ne me regardent pas, je ne veux pas m'y immiscer, je voulais juste qu'Amina pense à autre chose et qu'elle se détende le temps d'une soirée.

— Tu te fous de ma gueule ?! J'ai passé la soirée à vous chercher ! Tu te rends compte de ce qui aurait pu vous arriver ?!

— Je sais me défendre, rétorqué-je calmement.

— Toi, oui. Pas elle, Alaë ! S'il lui était arrivé quelque chose par ta faute, jamais je ne te l'aurais pardonné !

Je plisse les paupières sans pour autant relever.

L'avocat Du Diable II.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant